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La presse française part en guerre contre Apple et son iTunes

Le constructeur à la pomme entendrait imposer aux éditeurs de nouvelles règles pour la vente de leurs titres; Les patrons de presse veulent saisir l’Autorité de la concurrence.

Mal en point, la presse française voyait en l’iPad un moyen de séduire un nouveau lectorat. Mais ses projets de renaissance économique pourraient avorter. Apple entendrait imposer de nouvelles règles de commercialisation aux éditeurs. Ceux-ci ne seraient plus libres de vendre directement à leurs abonnés les versions numériques de leurs titres.

Le constructeur – qui n’a toujours officiellement rien annoncé – voudrait exiger des journaux qu’ils passent par iTunes pour vendre leurs abonnements sur l’iPad et autres machines Apple. Ces conditions pourraient être appliquées dès le mois de mars prochain, croit savoir Les Echos.

Le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) en appelle à Bercy et demande le dépôt d’une saisine auprès du Conseil de la concurrence. Les éditeurs estiment qu’il s’agit de la part du constructeur d’un abus de position dominante.

Les commissions d’Apple au centre de l’affaire

En passant par iTunes, les journaux devraient reverser 30 % de leurs abonnements à Apple, comme l’exigent les conditions d’utilisation du magasin en ligne. « Si l’on ajoute 30 % de commission qu’entend réclamer Apple, les 19,6 % de taux de TVA sur les biens numériques, il coûtera plus cher de distribuer son journal en version numérique qu’en version papier », a expliqué à La Tribune Denis Bouchez, le directeur général du SPQN. Sans compter le manque à gagner, les éditeurs n’auraient plus la main mise sur un certain nombre d’éléments. 

« Apple se met en position de contrôler tout à la fois les normes techniques, le pricing, le taux de rémunération du service, et les données clients. La presse ne peut accepter cette situation, qui la prive des outils essentiels de pilotage que sont, la définition des tarifs, et la propriété des adresses qui élément fondamental de la relation-client », estime Pascale Marie, directrice générale du Syndicat de la presse magazine (SPM, auquel appartient le Groupe 01).

Concernant les prix, les éditeurs de la presse magazine estiment « que les écarts de paliers tarifaires [mis en place par Apple] sont trop élevés, et nuisent à la souplesse commerciale que nécessite un marché dont les caractéristiques d‘élasticité aux prix ne sont pas encore connues ». Autrement dit, combien les consommateurs sont-ils prêts à payer pour une version numérique de leur magazine favori ?

La Belgique réagit

En Belgique le ministre de l’Economie a promptement réagi à ces nouvelles conditions de vente. Il a demandé aux autorités belges de la concurrence d’examiner cette situation. Dans un communiqué, le patron de l’économie du pays Vincent Van Quickenborne a estimé : « Cette stratégie d’Apple n’est pas sans conséquence pour les éditeurs. En effet, s’ils ne peuvent plus vendre les abonnements iPad à l’aide de leurs propres canaux, mais exclusivement par le biais d’iTunes, cela s’apparente à un abus de position dominante. En outre, les éditeurs devraient aussi renoncer à une grande partie de la gestion des données clients et du paiement. » En France, Bercy n’a pas encore réagi.

En décembre 2010, le SPM, le SPQN et son homologue de la presse régionale avaient sollicité Apple dans un courrier. Ils entendaient demander au constructeur de mettre en place d’autres paliers tarifaires et faisaient part de leur souhait de récupérer les données personnelles de leurs clients. Leur missive est restée lettre morte.

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Hélène Puel