Pour Microsoft, l’E3 2011 est celui de Kinect. Dans la kyrielle de nouveaux titres optimisés pour le périphérique, un jeu pourrait bien repousser les limites du politiquement correct sur le terrain déjà passablement miné des titres à connotation militaire : Blackwater.
Plutôt que d’acheter une licence d’adaptation de L’Agence tous risques, les mercenaires les plus populaires du petit ou du grand écran, l’éditeur 505 Games a préféré opter pour la plus puissante armée privée au monde, une société bien réelle : Blackwater (voir l’encadré en bas de page). Un choix assez stupéfiant quand on connaît la réputation extrêmement sulfureuse de cette compagnie de mercenaires, ou plus exactement de ce contractant militaire privé (CMP), comme il convient de l’appeler aujourd’hui.
A la gloire de Blackwater
S’agit-il là de l’étiquette rêvée pour un titre immersif décrit par 505 Games comme un FPX (pour first person experience, « expérience à la première personne »), annonciateur d’un nouvel esprit ludique lié à Kinect ? Le jeu est développé par Zombie Studios (Rainbow Six, Shadow Ops, America’s Army, etc.), dont le rapprochement progressif avec le département de la Défense américain s’est traduit par la création de nombreux serious games pour l’entraînement des troupes. Son PDG, Mark Long, est par ailleurs intervenu lors de la dernière édition de la Gametech, une conférence consacrée à l’utilisation des technologies du jeu au profit de l’industrie de la défense.
Le jeu, qui se déroule en Afrique du Nord, entend mélanger réalisme opérationnel et grand spectacle hollywoodien.
Si l’on en croit les propos de Ian Howe, PDG de 505 Games, Blackwater est censé montrer « le courage et le talent » des employés de la compagnie dans leurs missions quotidiennes. Erik Prince, le fondateur de la société, qui n’est pourtant pas connu pour entretenir de bons rapports avec la presse, s’était même déplacé à l’E3 pour la présentation du jeu. Il semble donc évident que le titre donnera une image globalement positive de la firme, même si les créateurs seraient bien mal inspirés de ne pas faire sentir, sous une forme ou sous une autre, le dilemme moral inhérent à toute opération dans une zone hostile peuplée de civils.
Dans la peau d’un mercenaire
Le jeu assume des partis pris audacieux, conséquence de son mode de contrôle par Kinect (on peut cependant choisir d’utiliser une manette traditionnelle). Les déplacements sont scriptés, et on peut se mettre à l’abri d’un simple mouvement de côté. Le tir est automatique, dès qu’une cible a été correctement visée pendant un certain temps. La réalisation s’annonce honorable, avec une jouabilité très « arcade ».
Le jeu a été développé en partenariat avec des anciens de Blackwater, afin que les gestes et tactiques collent le plus possible à la réalité. Reste maintenant à savoir ce qui a conduit 505 Games et Zombie Studios à faire un choix aussi étonnant, d’autant plus que le jeu s’intitule Blackwater (alors que la société a été depuis rebaptisée Xe), signe que la controverse est bien l’élément-clé de la stratégie commerciale de l’éditeur. Rendez-vous à la fin de l’année pour la sortie en exclusivité sur la Xbox 360 de ce jeu vraiment pas comme les autres.
Le jeu, qui se déroule en Afrique du Nord, entend mélanger réalisme opérationnel et grand spectacle hollywoodien.
