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La peur du virus plus destructrice que le virus lui-même

Les ” hoaxes “, ces messages qui préviennent les internautes de l’arrivée de pseudo virus ravageurs mais indestructibles, prolifèrent sur Internet. Face au problème, certains demandent que les logiciels antivirus les prennent en compte.

Une conférence, tenue fin avril à Providence, aux Etas-Unis, dans l’Etat de Rhode Island, a mis en évidence le pouvoir de nuisance des hoaxes (canulars), ces messages électroniques qui avertissent l’internaute de l’arrivée d’un soi-disant nouveau virus destructeur, indestructible et bien entendu inconnu.” Les hoaxes coûtent de l’argent, parce que le temps c’est de l’argent, les ressources sont de l’argent. Les travailleurs perdent du temps quand ils diffusent massivement ces messages d’alerte à tous les membres de leur entreprise “, a déclaré Rob Rosenberger, responsable du site vmyths.com, sur lequel sont recensées les alertes à de faux virus.Rosenberger a cité le cas d’un internaute particulièrement impressionnable, qui a lui-même effacé la totalité des données inscrites sur son ordinateur après qu’un message l’a averti qu’un nouveau (et faux) virus risquait de diffuser sur Internet ses informations personnelles.Il existe bien entendu de vrais virus, mais ” il y a une telle hystérie que les hoaxes sont devenus partie intégrante du problème des virus “, a ajouté Rosenberger, attribuant avant tout la prolifération des fausses alertes au manque d’information du public, qui ne comprend pas le mode de fonctionnement des virus et redoute une contamination élevée au rang de nouvel épouvantail.Rosenberger a retracé l’histoire des hoaxes, qui commence en 1988 avec un message signé Mike Rochenle (à prononcer ” micro channel ” en anglais) à propos de l’apparition d’un virus affectant les tout nouveaux modems à 2 400 bits. Le premier véritable hoax est arrivé en novembre 1994.Nommé Good Times, il demandait aux internautes de se méfier d’un message électronique comportant les mots ” good times ” dans le corps du texte. L’ironie de cette fausse alerte, massivement diffusée au point de faire s’effondrer les serveurs de courrier électronique un mois plus tard, était qu’elle-même comportait les mots good times “…

Vision mercantile de la sécurité

A partir de 1996, le nombre de hoaxes a commencé à augmenter, les plus célèbres changeant de nom pour mieux réapparaître sous de nouveaux titres : Irina, Make money fast ou Deeyenda, toujours en circulation aux Etats-Unis. L’éditeur de logiciels antivirus McAfee recense actuellement 64 hoaxes en circulation, son concurrent Symantec, 113 et le site vmyths.com 207.En France, le site indépendant Hoaxbuster.com liste 23 messages de désinformation, 21 fausses alertes de virus, 24 messages humoristiques sur de fausses informations, 13 chaînes de messages, 3 fausses pétitions, 3 légendes urbaines et 1 avis de recherche périmé.Mais ,en dehors de quelques pages d’information sur leurs sites Web, les professionnels de la sécurité informatique ne paraissent pas pressés de protéger les utilisateurs contre les fausses alertes.A la conférence de Providence, des voix se sont élevées pour leur demander d’intégrer à leurs logiciels, au même titre que les ” signatures ” des vrais virus, les critères de repérage des hoaxes. Certains observateurs attribuent l’inertie actuelle des éditeurs d’antivirus à une vision mercantile de la sécurité.La prolifération des fausses alertes entretiendrait la peur des nouveaux virus, et favoriserait donc la vente de logiciels protecteurs. Les partisans de cette théorie s’appuient sur la tendance généralisée des éditeurs à envoyer à la presse des communiqués alarmistes à chaque apparition d’un nouveau virus.Ils affirment qu’il serait plus utile et plus rassurant de bénéficier de logiciels antivirus capables d’avertir l’utilisateur que le message qu’il vient de recevoir constitue probablement un hoax et l’encourage à sinformer avant de le propager.

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La rédaction avec Reuters