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La pénurie de circuits de 2004-2005 durera plus longtemps que celle de 2000

Les crises se suivent mais ne se ressemblent pas. La pénurie qui s’annonce pourrait ainsi durer plus longtemps que d’habitude. Mais elle sera peut-être moins violente.

Tout le milieu du semiconducteur a actuellement les yeux braqués sur les précédentes crises pour essayer d’extrapoler et de deviner quelle sera la gravité et la durée de la période de pénurie qui s’est amorcée (même si les
allocations sont encore rares, tous les délais ou presque s’allongent).Parmi les analystes les plus expérimentés du secteur, deux clans s’affrontent, avec des données semblables mais des ‘ intuitions ‘ différentes, chacun, c’est bien connu, ne cherchant en fait dans
ses rapports qu’à démontrer le bien-fondé de ses pronostics.Si les prévisions de croissance du marché du semiconducteur pour 2004 sont presque toutes comprises désormais entre 27 % et ‘ plus de 32 % ‘, celles concernant 2005 fluctuent
encore entre ?” 6 % (IC Insights) et une situation ‘ positive à deux chiffres ‘ (Future Horizons).IC Insights croit beaucoup aux extrapolations à partir des expériences passées. La société observe ainsi que la croissance annuelle du marché, en volume, a été de 13 % de 1973 à 1983, de 11 % de 1983 à 1993 et de 9 % de
1993 à 2003. ‘ Le marché est mûr ; de 2003 à 2013, il ne croîtra en volume que de 8 % en moyenne, annonce-t-elle (il s’agit bien ici de volume et non de dollars). Or, en temps réel,
d’une année sur l’autre, toujours en volume, nous sommes à + 26 %. La croissance se poursuivra certes sur tout 2004 mais pas sur 2005 ‘
, estime-t-elle. La société reconnaît qu’il n’y
avait pas de surstocks au premier trimestre de cette année. ‘ Mais ils seront certainement excessifs en 2005. ‘Le cabinet Future Horizons ne répond pas à IC Insights ?” cela ne se fait pas ?”, mais nous avons la chance de lire leurs rapports mensuels respectifs et nous pouvons deviner ce qu’il pourrait
rétorquer : ‘ La seule demande structurelle (hors phénomènes de stocks) en nombre de pièces est cette année beaucoup plus forte que d’habitude du fait de la bonne santé des marchés traditionnels et de
l’ouverture de nouveaux marchés . En outre, les capacités de production sont saturées et le resteront : elles ne s’accroissent que très lentement du fait des sous-investissements notoires de 2002 et 2003, et un rattrapage
n’est pas possible à court terme car les équipementiers du semiconducteur ne peuvent que difficilement suivre la surdemande, affaiblis qu’ils sont par la crise de 2001-2003. ‘
Future Horizons ne veut pas voir un vrai retournement en 2005 et se refuse à faire des analogies trop strictes avec les crises précédentes (citation typique d’IC Insights : ‘ Depuis 1978, nous
n’avons jamais vu une croissance en volume se maintenir à deux chiffres durant quatre ans. ‘
Nous verrions bien Future Horizons répondre : ‘ Nous n’avons jamais vu non plus une crise
générale de l’électronique semblable à celle de 2001-2003. ‘
).

Des investissements trop timides en semiconducteurs

IC Insights reconnaît d’ailleurs que certains investissements actuels ne sont, historiquement, pas explosifs compte tenu des besoins. ‘ En 2000, les investissements d’Intel et de TI ont atteint
respectivement 22 % et 29 % de leur chiffre d’affaires ; or ils ne sont annoncés pour 2004 qu’à 12-13 %. Ce qui est de bon augure pour atténuer les futures crises. ‘
Nous rajouterions volontiers : ‘ D’autant plus que, depuis début 2000, le prix moyen des circuits s’est écroulé. Les ratios investissements sur chiffre d’affaires qui sont calculés
aujourd’hui sont donc bons pour juger des finances des sociétés mais pas pour prévoir les crises : lorsque les prix des circuits sont bas, les chiffres d’affaires sont faibles ; les ratios d’investissements traduisent
donc mal la vraie réalité des cycles, qui jouent, eux, sur des volumes. Il faudrait ramener ces ratios à des nombres de pièces. ‘
Cela est particulièrement significatif pour TSMC, par exemple, qui a considérablement baissé ses prix depuis 2000 et qui veut pourtant maintenir ses investissements à moins de 30 % des ventes cette année. IC Insights note
aussi qu’il y a beaucoup moins de start-up cette année qu’en 2000 à investir de façon inconsidérée dans des capacités de production.Avec tout ce que nous annonçons dans nos colonnes, nous avons tout de même beaucoup de mal à imaginer que la croissance du semiconducteur puisse s’affaiblir dans les années qui viennent. Loi de Moore et récentes innovations
aidant (MPEG-4, VDSL, OFDM…), la pénétration du semiconducteur dans les systèmes électroniques ne peut que continuer à s’accroître.D’autant que le coût des technologies ‘ sub-90 nm ‘ a tendance à se placer sur une courbe exponentielle. A notre avis, ce n’est pas le moment d’être pessimiste.* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique mardi 15 juin

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Jean-Pierre Della Mussia*