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La nouvelle offensive européenne du Nasdaq commence en Allemagne

Comptant tirer parti des faiblesses du Neuer Markt, le nouveau ” Nasdaq Deutschland ” espère s’emparer de 18 % de parts de marché. Les experts sont un peu sceptiques, le rachat de l’Easdaq n’ayant pas apporté les résultats espérés.

C’est avec des objectifs ambitieux que le Nasdaq Europe, filiale de la Bourse américaine des valeurs technologiques, a décidé de s’attaquer à la place financière de Francfort : “Nous voulons atteindre entre 15 et 18 % de parts de marché d’ici à 2005”, déclarait récemment Jörg Walter, directeur de la Bourse de Berlin et futur dirigeant du Nasdaq Deutschland, dont le lancement est prévu pour le 1er janvier prochain.Après un essai infructueux en Belgique (avec le rachat de l’Easdaq en 2001), le Nasdaq Europe a choisi de s’appuyer sur les Bourses régionales de Berlin et de Brême. D’autant que pour ces dernières, un partenariat avec le Nasdaq Europe est une question de survie.L’Allemagne dispose encore de huit Bourses régionales, à côté de celle de Francfort, qui assure à elle seule plus de 90 % de toutes les transactions. Pour continuer leur activité, et essayer de gagner de l’argent, elles ont privilégié le service aux petits porteurs. Mais malgré cela, leurs parts de marché vont décroissant.

L’arme des petits

Désireux d’attirer les petits actionnaires (12,9 millions en 2001), le Nasdaq Deutschland a décidé d’attaquer d’abord les prix, avec une offre souple et orientée sur l’international. En intégrant également des ” market-makers ” dans son tour de table, notamment la Dresdner Bank et la Commerzbank, la nouvelle société veut offrir une garantie de ” best execution ” à ses clients.Pour tout achat d’action, quel que soit le volume, deux banques et deux places financières, au moins, seront mises en concurrence afin de garantir le meilleur prix.Dans un premier temps, les transactions porteront sur les valeurs du Dax 100, du Nemax 50, de l’Eurostoxx 50 ainsi que du Nasdaq 100 et du Dow Jones 30. Sans surprise, le Nasdaq Allemagne joue sur les déboires du Neuer Markt pour réussir son implantation et lui ravir les futures introductions en Bourse.Frappé par l’effondrement des valeurs technologiques, ce dernier a vu aussi sa réputation fortement entamée par plusieurs faillites frauduleuses. Le résultat : le Nemax 50, son principal indice, vient de passer sous la barre des 700 points, contre 9 600 en mars 2000.Malgré tout, les experts boursiers donnent peu de chances au Nasdaq Deutschland de remplir ses objectifs à court terme : “Atteindre 18 % des parts de marché me semble totalement utopique, estime Udo Becker, directeur du département ventes et acquisitions de Merck & Finck à Munich, même si la Dresdner Bank et la Commerzbank sont présentes dans la nouvelle société, il n’y a pas de volonté suffisamment forte en Allemagne pour remettre en cause un système établi qui a fait ses preuves. Par ailleurs, si le Neuer Markt va mal, c’est d’abord dû à la conjoncture. Je ne vois pas pourquoi le Nasdaq Deutschland ferait beaucoup mieux.”

Contre-feux

De nombreux analystes financiers estiment aussi que sans un partenaire de poids comme la Deutsche Börse ou le London Stock Exchange, il est peu probable que le Nasdaq parvienne à s’installer durablement en Europe.Pour saluer l’arrivée de son concurrent, Rolf Breuer, président du conseil de surveillance de la Deutsche Börse s’est fendu d’un commentaire acide : “Toutes les tentatives du Nasdaq pour prendre pied en Europe se sont soldées par des échecs. Mais je peux comprendre qu’ils veuillent faire une autre tentative.”Côté allemand, l’arrivée de l’Américain n’est pas une surprise et on prépare déjà la contre-offensive. Entre autres initiatives déjà à l’?”uvre, la Bourse de Munich vient de lancer Max-One, un système de transactions électroniques qui promet, tout comme son concurrent, souplesse et petits prix.Quant à Deutsche Börse, elle prévoit pour sa part le lancement de Xetra Best en septembre prochain, un service étendu qui offrira, dans un premier temps, l’accès à quelque 200 valeurs étrangères représentatives. Et ce à des prix également modestes.

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Thomas Schnee, à Berlin