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La nouvelle génération de SDH se rapproche d’Ethernet

Les sociétés multisites veulent interconnecter directement leurs réseaux Ethernet. Une possibilité offerte par la nouvelle version de la technologie SDH, poussée par les équipementiers.

Avec l’émergence du Gigabit Ethernet dans les grandes entreprises, celles-ci sont tentées de raccorder les réseaux locaux qui desservent différents sites d’une agglomération ou d’une région pour n’en faire qu’un seul réseau local virtuel. Une opération relativement simple lorsque les opérateurs eux-mêmes utilisent une infrastructure Ethernet dans leurs réseaux métropolitains. Mais la plupart d’entre eux se sont abondamment équipés en SDH (Synchronous Digital Hierarchy), technologie télécoms par excellence qui se marie mal avec Ethernet, et qu’ils ne sont pas près d’abandonner. Aussi le cabinet d’études américain In-Stat n’hésitait-il pas à déclarer, mi-septembre dernier : “Il existe actuellement une véritable conspiration entre les opérateurs historiques et leurs fournisseurs traditionnels pour étouffer dans l’?”uf la naissance des réseaux métropolitains Ethernet.” En réalité, face à l’offensive de nouveaux venus ?” comme Cisco, Extreme Networks, Riverstone, Foundry ou Atrica ?” qui veulent étendre les réseaux Ethernet hors des entreprises, les équipementiers traditionnels, qui ont bâti leur fortune sur la SDH, font de la résistance.

De nouveaux services offerts aux entreprises

Ils viennent de donner un coup de jeune à la SDH avec la nouvelle mouture NG (New Generation). “Avec celle-ci, les reproches souvent adressés à la SDH, comme son coût, ne sont plus fondés. Les prix ont diminué de moitié en cinq ans. Désormais, le choix pur Ethernet peut éventuellement se justifier pour les seules données. Mais lorsqu’il faut également transporter la voix, SDH NG reste la seule solution”, déclare Eric Debiard, responsable européen des lignes de produits optiques de Lucent.L’une des clés de la SDH NG est le protocole Generic Framing Procedure (GFP), grâce auquel on peut notamment encapsuler Ethernet dans SDH (lire encadré). “A la différence du monde Ethernet, où les offres sont propriétaires, la SDH NG est normalisée et permet donc l’interfonctionnement avec des équipements de différents fournisseurs. Il est ainsi possible d’offrir de nouveaux services sur cette technologie stable, plaide Eric Debiard. Pour l’utilisateur, c’est combiner la souplesse de l’Ethernet avec la sûreté de la SDH.” Lucent a ainsi inséré dans le multiplexeur SDH NG un commutateur Ethernet. Ce dernier permet, par exemple, à un opérateur d’offrir à des entreprises dépourvues de commutateurs Ethernet un service de commutation de niveau 2.Il est également possible de regrouper les réseaux locaux virtuels (VLAN) d’une entreprise en un réseau virtuel global avec des priorités en VLAN. Enfin, la société pourra disposer de connexions point à point, point-multipoint, ou d’un service de bande passante. Autre possibilité : encapsuler les trames Escon ou Ficon des grands systèmes IBM dans des trames GFP.Enfin, Ethernet n’ayant pas été conçu pour fonctionner en boucle (infrastructure type de la SDH), Lucent pousse le Rapid Spanning Tree à la normalisation auprès de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers. En effet, en cas de rupture d’un lien, l’algorithme Spanning Tree utilisé en Ethernet met de vingt à trente secondes pour calculer une nouvelle route en évitant les boucles. Le Rapid Spanning Tree ramène ce temps ?” dit de convergence ?” à environ une seconde (la SDH met cinquante millisecondes).Reste que la SDH NG ressemble un peu à un combat d’arrière-garde. Les nouveaux opérateurs lui préfèrent généralement un réseau tout Ethernet, malgré toutes ses imperfections, qui vont en se résorbant. Cegetel vient de sauter le pas avec Extreme Networks, et LDCom a retenu Cisco pour sa future offre. SDH NG servira sans doute aux opérateurs historiques, fortement équipés en infrastructures SDH, à proposer à leurs clients entreprises des services Ethernet en réutilisant l’existant. Cela ne les empêchera pas de déployer en parallèle des réseaux tout Ethernet. C’est l’exemple de France Télécom, qui a couvert le pays de boucles Service Multisite Haut Débit fondées sur SDH, et qui travaille également notamment avec Atrica. “Les deux sont complémentaires”, dit-on chez l’opérateur historique.

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Jean-Pierre Soulès