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La nouvelle donne de l’emploi en ligne

Disparitions, désengagements, rachats, redéfinition du modèle économique, la carte du recrutement en ligne se redessine à grands traits. Une concentration qui tombe à point nommé alors que la croissance se ralentit.

Pour ceux qui en doutaient encore, 2001 aura bel et bien été l’année de la consolidation du marché de l’emploi en ligne. De StepStone à Jobline, en passant par Wideyes et Newmonday, on ne compte plus les victimes de cette période de
concentration.Dernier épisode en date, le rachat programmé
de Jobpilot par Adecco, pourrait relancer ce dernier dans le peloton de tête. Parmi les survivants, l’heure est soit à la redéfinition du modèle économique, soit au renforcement de
positions stratégiques. Petite revue de détail.Acteur aujourd’hui mineur sur le marché français, StepStone fut l’un des principaux sites à faire les frais du réalisme économique qui s’est abattu en 2001 sur le recrutement en ligne. Autrefois présent à Paris et dans toute la France,
le site français de StepStone est maintenant piloté depuis Bruxelles. La société ne dispose plus que de cinq commerciaux de terrain, chargés de prospecter les entreprises en Ile-de-France. Pour s’adapter à sa nouvelle notoriété, le site a dû diviser
le tarif de ses annonces par cinq.

Plus que cinq ou six acteurs importants

Si tout le monde revendique peu ou prou la première place (en audience ou en chiffre d’affaires), le marché français reste à l’heure actuelle dominé par quatre grands sites (Cadres Online, Cadremploi.fr, Emailjob.com et Monster.fr),
auxquels pourraient s’ajouter quelques trublions comme Jobpilot, dont la reprise par Adecco semble imminente, et peut-être Yahoo!, qui n’a pas encore dévoilé toutes ses intentions après le rachat aux Etats-Unis, en décembre 2001, de Hotjobs.Pour les sites qui, comme Cadres Online ou Cadremploi, ont historiquement développé leur activité autour de partenariats de syndication avec la presse, l’heure est maintenant à la consolidation des positions. “En 2001,
les marques fortes se sont imposées. Nous ne sommes plus dans l’ère des promesses (…) et les entreprises ont besoin de partenaires stables pour diffuser leurs annonces de recrutement sur Internet”
, souligne le directeur
général de Cadremploi.fr, Thibaut Geminiani.Le site qui revendique son statut de ” pure player Internet “ depuis juin 2000, a réalisé 5,5 millions d’euros de chiffre affaires en 2001, et vise 7,6 millions d’euros pour 2002. Pour rester dans le
peloton de tête, Cadremploi.fr devrait consacrer entre 7,6 et 9 millions d’euros à sa communication.

Timides ambitions européennes

De son côté, Cadres Online a parachevé sa mutation, et ambitionne de doubler son chiffre d’affaires sur l’année 2002. Pour y parvenir le site a considérablement renforcé ses équipes commerciales tout récemment. En dehors des titres de
presse issus de la syndication, Cadres Online développe sa visibilité grâce à un fort réseau de sites communautaires (01net., Moniteur, Usine Nouvelle, LSA.fr) et à des accords avec la presse régionale (Ouest France,
Sud Ouest, Le Parisien
).Les ambitions paneuropéennes de Cadremploi et de Cadres Online restent pour l’instant assez limitées. A Cadremploi, on s’apprête à publier un guide de recherche d’emplois disponibles en Europe sur les “sites
indépendants”
. Et si Cadres Online est affilié au réseau Talent4Europe, Bruno Serin, responsable des activités Internet d’Aprovia (la structure qui rassemble les actifs cédés par Vivendi Universal Publishing à Cinven), explique
que cette vision de l’emploi en ligne ne concerne que 10 % des utilisateurs, en particulier les jeunes à fort potentiel.Après une année marquée par des tentatives d’acquisitions (Hotjobs) et des opérations de croissance externe au niveau mondial (notamment le rachat de Jobline), Monster travaille maintenant à se renforcer sur des marchés clés, au nombre
desquels l’Hexagone figure en bonne place. Le budget communication de Monster.fr avoisinerait ainsi les 13,7 millions d’euros pour 2002.

Emailjob, toujours en quête de repreneur

Autre acteur majeur du marché, Emailjob affirme avoir réalisé 13,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2001, et développe aujourd’hui des partenariats de couplage d’offres d’emploi sur le web et sur le papier
(Libération). La formule rappelle assez paradoxalement le système de la syndication, qui fut la base d’un site comme Cadres Online.Par ailleurs, quelques incertitudes planent aujourd’hui sur l’avenir du site. Son principal actionnaire, Reed Elsevier, a en effet décidé, il y a quelques mois, de se désengager et de céder ses parts. Le dossier a été confié à une
banque d’affaires britannique qui n’a toujours pas trouvé de repreneur.La période à venir pourrait donc réserver quelques bouleversements, notamment avec les effets de la reprise de Jobpilot par Adecco. Après une baisse sensible du marché des offres d’emploi à l’automne 2001, une reprise semble s’amorcer.
Elle n’est toutefois pleinement attendue quau second semestre 2002.

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Philippe Crouzillacq