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La Net-économie va très bien, merci!

L’euphorie naïve qui entourait le phénomène start-up au début de l’année était irrationnel. Le e-pessimisme actuel est tout autant exaspérant.

Est-il honteux de travailler dans une start-up ? La question mérite d’être posée à entendre les discours actuels sur l’échec de la Net-économie, la faillite des start-up, les licenciements en masse dans le monde Internet, la fin du rêve pour les jeunes pousses… ” On est en train de tuer l’esprit d’entreprise et l’envie d’innover “, se lamentaient il y a quelques jours des créateurs de start-up de la première heure, amers et découragés par les critiques qui s’accumulent sur les jeunes pousses.Certes, l’émergence de la Net-économie s’est accompagnée d’excès en tout genre. La perspective de gains rapides a attiré une foule d’opportunistes et de margoulins. Mais, finalement, en quoi est-ce condamnable ? Est-ce différent de ce que l’on peut constater dans la vie en général ?C’est un fait : l’enthousiasme autour des start-up a parfois atteint des sommets de naïveté déconcertante. Quels esprits crédules ont vraiment cru qu’il suffisait de lancer un site Web pour devenir milliardaire en quelques semaines ou que les entreprises dites de l’ancienne économie allaient regarder la révolution Internet passer devant elles en gardant les bras croisés ? Tant pis pour ceux qui ont cédé à ces chimères. Ils y auront sacrifié un peu de leur temps et de leur argent (ou celui de capital-risqueurs dont c’est le métier de prendre des risques). Mais, à ma connaissance, il n’y a pas eu de mort d’homme.En revanche, sans vouloir jouer les Cassandre, je peux encore vous promettre la disparition future de milliers de start-up. Et les sites et les médias qui se sont lancés dans la constitution de listes nécrologiques de start-down vont avoir du pain sur la planche. A lui seul, le site webmerger.com repertorie déjà 130 dépôts de bilan chez les dot.com américaines entre janvier 2000 et aujourd’hui. Ce n’est qu’un début. Comme dans tous les autres secteurs de la vie économique, le taux de mortalité des jeunes entreprises sera énorme. Selon Merryl Lynch, 75 % des sociétés Internet déposeront leur bilan ou seront rachetées. Là encore, qu’y a-t-il de surprenant ? Même si une seule start-up sur mille parvient un jour à se muer en une vraie multinationale, le bilan sera déjà très positif.” Mais les licenciements ? “, demanderont certains. Toujours aux Etats-Unis, où le phénomène de la Net-économie a débuté depuis fort longtemps, le cabinet de recrutement Challenger, Gray & Christmas indique que 22 267 emplois ont été supprimés dans les start-up depuis décembre 1999. Pour chacun d’entre nous, perdre son emploi est souvent source de déception ou d’angoisse. Prenons toutefois un peu de hauteur : selon l’université du Texas, Internet a participé outre-Atlantique à la création de 650 000 emplois depuis 1998. Peut-on vraiment mettre au même niveau les deux chiffres, surtout quand on sait que les personnes disposant d’une expérience dans une jeune pousse sont désormais pourchassées par les recruteurs et les entreprises de l’ancienne économie ?Aujourd’hui, les derniers sondages témoignent de l’enthousiame des étudiants pour la création d’entreprise ?” et particulièrement sur Internet ?”, alors que leurs aînés n’imaginaient leur avenir qu’entre chômage et intégration dans une mégastructure étouffante. Cette révolution ne touche pas que les jeunes diplômés, et nombre de quadragénaires ou de quinquagénaires voient aussi dans les start-up l’opportunité de vivre une autre aventure professionnelle et de progresser.Bien sûr, Internet n’équivaut pas ?” ou plus ?” à un ticket gagnant de la loterie nationale. Une start-up est redevenue une jeune entreprise comme une autre, avec ses problèmes de trésorerie à la fin du mois, ses rendez-vous costumes-cravates, avec ses banquiers et beaucoup d’acharnement pour ne pas se laisser distancer par la concurrence.Mais, au final, Internet a bousculé l’ordre établi par sa créativité et son enthousiasme. C’est véritablement une bouffée d’air frais pour tous ceux qui tentent laventure des start-up, mais aussi pour tous les autres. Pourvu que ça dure !Prochaine chronique le vendredi 8 décembre

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Didier Géneau