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La musique bradée d’AllofMP3 en sursis

La plate-forme russe de téléchargement de musique, accusée de ne pas respecter les droits d’auteur, ne peut plus proposer à ses clients de payer avec les cartes Visa et Mastercard.

L’étau se resserre autour d’AllofMP3. Depuis cette semaine, le site russe de musique en ligne ne peut plus proposer à ses clients de payer par cartes Visa et Mastercard. Les internautes en sont informés lorsqu’ils tentent
de créditer leur compte en ligne au moyen de leur carte bancaire (voir capture d’écran, ci-dessous). Pour régler leurs achats, ils doivent se rabattre sur le système de prépaiement Xrost, beaucoup moins connu.Visa et Mastercard seraient eux-mêmes à l’origine de cette interruption de service. Les deux réseaux de paiement auraient pris cette décision après avoir constaté que les pratiques d’AllofMP3 n’étaient pas conformes à la législation
russe sur la propriété intellectuelle. Le directeur général du site, Vadim Mamotin, a immédiatement réagi par voie de communiqué de presse, déclarant que :‘ Il n’y a aucune raison valide et absolument aucune base
juridique pour cette action.
Selon lui, Visa et MasterCard devraient suspendre la disqualification d’AllofMP3 immédiatement. ‘C’est, en tout cas, le dernier épisode en date du feuilleton AllofMP3, site contre lequel l’industrie musicale est partie en guerre. Depuis plusieurs années, celle-ci lui reproche de brader les morceaux de musique (1 euro
l’album), sans aucun système de verrouillage anticopie (DRM) et au mépris des lois internationales sur les droits d’auteur. L’Ifpi (Fédération internationale de l’industrie phonographique) a déjà porté plainte devant les
tribunaux russes contre les dirigeants de la société.
Sans succès. L’attaque porte cette fois-ci sur le nerf de la guerre : l’argent. Sans moyen de paiement en ligne simple d’accès et reconnu, AllofMP3 risque de perdre
ses clients internationaux et une bonne partie de son chiffre d’affaires.

Le site russe clame sa légalité

Au début du mois d’octobre, le dossier AllofMP3 a même pris une tournure internationale, avec
l’intervention du département du Commerce américain. Sa représentante, Susan Schwab, pointait du doigt l’illégalité de la plate-forme, alors même que la Russie négocie son
entrée au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).Ces mises en accusation ont poussé le site de musique en ligne à organiser, pour la première fois, une conférence de presse, mardi 17 octobre. L’occasion pour son dirigeant de clamer son innocence :
‘ Notre compagnie a été injustement définie comme un site pirate. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. AllofMP3 est une affaire légale, implantée en Russie, il y paye des impôts et des droits d’auteur, à la
Russian Multimedia and Internet Society,
[ROMS, NDLR] ‘. 15 % des revenus du site seraient ainsi reversés à cet organisme russe censé rétribuer les ayants droit. Le problème, c’est que l’industrie musicale
ne reconnaît aucune légitimité à ce dernier, exclu depuis octobre 2004 de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac). Cette dernière rappelle qu’elle a mis en demeure ROMS de cesser de licencier le
répertoire des artistes qu’elle représente.Le dénouement de l’affaire pourrait se jouer à la Douma. Le Parlement russe doit en effet finaliser, courant 2007, un texte réformant la gestion de la propriété intellectuelle. Plus contraignant pour les sociétés
d’auteurs, il pourrait conduire AllofMP3 à mettre définitivement fin à ses pratiques.

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Stéphane Long