Passer au contenu

La mainframe, un choix justifié dès 60 % d’utilisation des ressources

Souvent pointés du doigt à cause de leur prix, les mainframes soutiennent encore la comparaison avec les systèmes Unix. A condition de bien choisir sa machine.

Plate-forme réputée chère, longtemps considérée comme condamnée du fait de la concurrence croissante de ses compétiteurs Unix, le mainframe maintient pourtant sa base installée. Mieux encore : il réussit à séduire de nouveaux clients. L’achat d’un grand système redeviendrait-il un investissement raisonnable ? “Toute crise apporte un moment de vérité, commente Nicolas Sekkaki, vice-président serveurs et stockage d’IBM France. Cette gamme de serveurs répond à la volonté de consolidation du marché. 11 % de la capacité des zSeries vendus en 2001 tournent d’ailleurs sous Linux. Car, au-delà d’un certain nombre de machines à consolider, le coût de la consommation d’un mainframe devient marginal.”
“Notre rentabilité est exprimée en nombre de machines hébergées, confirme Mathieu Chambon-Cartier, président d’Aléos. Notre point d’équilibre se situe à cent cinquante machines.”

Choisir la machine adéquate est déterminant

Pour Aléos, jeune société spécialisée dans l’hébergement sous Linux, le choix d’un mainframe n’est pas le fruit du hasard. Créée en novembre 2000, Aléos s’est lancée à l’époque dans une étude du marché de l’hébergement. “Le problème des serveurs Unix tels ceux de la gamme pSeries d’IBM, c’est qu’ils ne peuvent gérer que seize partitions au maximum ?” et donc un aussi faible nombre de Linux”, souligne Mathieu Chambon-Cartier. Tandis que la couche logicielle VM (Virtual Machine), disponible uniquement sur mainframes ?” mais s’ajoutant néanmoins à la facture ?”, permet de simuler jusqu’à plusieurs milliers de serveurs virtuels sur une seule et même machine. Pendant six mois, un mainframe tournant sous la distribution Suse de Linux et simulant l’hébergement de mille serveurs a donc été testé à l’usine IBM de Montpellier. En juin 2001, l’hébergeur se décidait finalement à travailler sur une machine de l’intégrateur Overlap. Et en septembre, il passait enfin commande de son propre serveur, un G5, mis en production trois mois plus tard. Inutile d’avoir les yeux plus gros que le ventre et, donc, de vouloir absolument recourir à un serveur de dernière génération. Pour Aléos, le choix d’un G5 plutôt que d’un zSerie garantit un meilleur retour sur investissement, ce dernier étant limité. “L’un des apports technologiques des zSeries est de fonctionner en mode 64 bits, explique Mathieu Chambon-Cartier. Or, actuellement, je ne vois pas l’intérêt de faire tourner un Linux en 64 bits, sachant qu’un zSerie coûte presque deux fois plus cher qu’un G5…” Le G5 d’Aléos est actuellement divisé en deux partitions. La première est exploitée à des fins d’évaluation et de test, tandis que la seconde sert pour la production. Les clients d’Aléos ?” SSII et grands comptes ?” ont accès à une machine de développement. Celle-ci héberge leurs services web, de messagerie, ou leurs applications de gestion de la relation client. “Mieux vaut avoir des applications hétérogènes, car il est alors plus facile de lisser l’utilisation des ressources du système, assure Mathieu Chambon-Cartier. Les applications de middleware sont typiquement les plus gourmandes, car elles ne sont généralement pas optimisées. Websphere, par exemple, consomme 5 Mips par transaction.” Si Aléos se félicite de son investissement, son dirigeant avoue néanmoins que “ce type de serveur n’est rentable qu’à partir du moment où la totalité de ses ressources est consommée. Soit plus de 60 % de sa puissance. Nous sommes encore en phase de démarrage, notre activité commerciale n’ayant débuté qu’en mars dernier. C’est pourquoi nous n’utilisons, pour le moment, que 25 % des ressources de notre mainframe.”

L’idéal pour gérer toute une chaîne d’activité

Aux 3 Suisses, la question de la bonne utilisation des ressources est résolue. Leurs deux z800 tournent à plein régime. “Nous exploitons 1 000 Mips et de deux à quatre moteurs, explique Bertrand Eteneau, directeur des opérations des 3 Suisses. Nous consommons de 60 à 70 % de ces ressources. Un seuil optimal. En effet, en dessous, nos machines seraient surdimensionnées et, au-dessus, nous ne pourrions pas supporter nos pics d’activité.” A l’instar d’Aléos, pour le vépéciste aussi le choix des machines a été déterminant. “Le z800 est une réponse idéale d’IBM à des clients comme nous, poursuit Bertrand Eteneau. De par sa configuration et son prix, il leur permet de conserver des mainframes chez eux.” Les 3 Suisses gèrent l’ensemble de la chaîne de leur activité : de la centrale d’achat à la distribution, en passant par le marketing et la logistique. Avec un catalogue de plus de cinquante mille références ?” du tee-shirt au mobilier ?”, le système d’information se doit d’être constamment disponible. Au service de plus de mille postes utilisateurs, il doit traiter plus de dix millions d’appels par an, sept jours sur sept, de six heures à minuit. La logistique des 3 Suisses comprend la gestion du stock, l’approvisionnement, le tri des colis et leur acheminement. Une commande passée avant midi est livrée le lendemain.

Un ticket d’entrée élevé, mais rentable

“Nous connaissons des pointes atteignant les cent cinquante mille colis dans la journée, souligne Bertrand Eteneau. Notre centrale logistique doit être en mesure de gérer cela. Elle a besoin d’un temps de réponse sur table d’emballage oscillant entre 0,2 et 0,3 seconde, que nous ne pourrions pas atteindre sur d’autres types de matériel. Pour nous, l’intérêt du mainframe réside dans sa performance, car, dans mon coût total de possession, je dois tenir compte de ma productivité. Nous avons effectué des essais avec des logiciels tels ceux de Siebel ou de Peoplesoft en environnement ouvert. Bien qu’intéressants d’un point de vue fonctionnel, ils ne sont pas assez rapides. De plus, pour ce qui est du coût global, sur des configurations importantes, le débat est assez équilibré entre mainframes et architectures distribuées. Néanmoins, les environnements Unix et Windows sont plus complexes à mettre en ?”uvre et moins fiables.”Même son de cloche à la Société Générale, qui exploite 5 000 Mips sur ses z900. “La production mainframe n’est pas plus chère, affirme ainsi Richard Cousin, directeur des études techniques et de la production informatique de l’activité banque de détail de la Société Générale. Le ticket d’entrée est assez élevé, mais nous avons la taille critique. Nous limitons la multiplication du nombre de serveurs et le développement de compétences pluridisciplinaires. L’intérêt réside dans la puissance des machines. Compte tenu des volumes que nous avons à traiter ?” plus de douze millions de transactions par jour ?” nous sommes plus à l’aise sur OS/390. La maturité des systèmes ouverts n’égale pas celle des mainframes. Ils nous coûteraient plus cher.” Reste que les utilisateurs sont unanimes pour pointer du doigt la tarification logicielle d’IBM. D’autre part, les compétences humaines sur mainframes se font de plus en plus rares. De quoi tout de même laisser encore perplexes les non-convertis…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Marie Portal