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La machine à démonter le temps

L’ordinateur le plus puissant du monde permettra, dès 2002, de prévoir le climat du futur. C’est ce qu’espèrent ses concepteurs japonais.

40 teraflops. 40 000 milliards d’opérations par seconde. Ce sera la puissance de calcul du plus grand ordinateur du monde, conçu par Nec, et qui sera installé dans la banlieue de Tokyo. Dès 2002, il simulera la circulation des vents et des courants. Il reproduira le fonctionnement des précipitations et des tremblements de terre.Cette véritable terre virtuelle devrait permettre de mieux comprendre les typhons, l’effet de serre, le phénomène el Niño ou les conséquences du développement de l’énergie nucléaire sur l’environnement.De telles prévisions sont, pour l’instant, entachées de nombreuses incertitudes. Les mécanismes physiques qui régissent le climat sont simplifiés, de nombreux phénomènes naturels ne sont pas encore compris. “Et on ne voit pas bien encore comment ce projet comblera ces lacunes de fond “, confie un climatologue du CNRS à Jussieu.Une chose est sûre, cependant : le projet de Nec annonce une nouvelle étape. La plupart des scientifiques se contentent d’une modélisation d’un système physique. En France, l’équipe du CNRS de Jussieu développe un modèle qui reproduit le fonctionnement de l’atmosphère et de l’océan. A Grenoble, un autre laboratoire s’intéresse à la fonte des glaciers.” Au Japon, explique Keiji Tani, responsable de ce projet de simulateur terrestre, nous allons associer de nombreux modèles, grâce à des collaborations avec d’autres laboratoires. “ Il s’agira alors de réaliser une modélisation du système climatique global : physique mais aussi biologique, chimique, économique, etc. Simuler le fonctionnement de l’atmosphère, de l’océan, des glaciers mais aussi celui des réactions chimiques à l’intérieur des nuages, ou l’effet d’un taux de croissance jouant sur l’augmentation du parc automobile et du taux de pollution.Les prévisions gagneront ainsi en fiabilité. Elles gagneront aussi en précision. La simulation du climat est calculée en quadrillant la surface de la planète. “La plupart des modèles ont une maille de 50 à 100 km “, constate Keiji Tani. La France, par exemple, est découpée en une dizaine de carrés. C’est trop peu pour dégager de véritables tendances.” Notre simulateur terrestre atteindra un degré de précision de 5 à 10 km. “ Il sera ainsi possible d’observer de plus près les risques d’inondation ou de séisme sur une ville particulière.
En croisant les doigts pour que cela ne tombe pas sur Tokyo et son supercalculateur…Prochaine chronique le mardi 3 octobre

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David Groison, journaliste