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La loi de Moore, clé de voûte de l’édifice

Gordon Moore, en 1965, énonçait que le nombre de transistors sur une puce doublerait tous les deux ans. Un principe suivi par Intel : son Pentium 4 en contient aujourd’hui 42 millions !

Nous sommes en 1957, en Californie. Parmi la poignée de jeunes scientifiques que Sherman Mills Fairchild, le fondateur de Fairchild Camera & Instrument Corp. a choisi d’épauler, deux d’entre eux n’imaginent probablement pas l’avenir qui les attend : Gordon Moore et Robert Noyce. Pour l’heure, ils contribuent à la création de la Fairchild Semiconductor. Les travaux qu’ils y réalisent dans le domaine des procédés de fabrication des transistors et de la production à grande échelle des premiers circuits intégrés vont se révéler déterminants pour les deux compères. En particulier Gordon Moore. En 1965, il fait la constatation suivante : le nombre de transistors intégrés sur une puce de silicium double environ tous les deux ans. La loi de Moore vient de naître. Son auteur prévoit des niveaux d’intégration jusqu’en 1975.

Integrated Electronics plus connu sous le nom d’Intel

Au moment où les pavés volent au Quartier Latin, à Paris, les deux lascars quittent la Fairchild pour se consacrer au développement des nouvelles technologies de mémoires en semi-conducteur. Andy Grove, autre transfuge de la Fairchild les rejoint quelque temps après. Et le trio crée sa propre société : Integrated Electronics alias… Intel.L’entreprise travaille d’abord sur les premières mémoires de type RAM puis, en 1971, à la requête d’un fabricant de calculatrices japonais, réalise son premier microprocesseur. Le jeu de circuit est composé de 2 300 transistors et réalise 60 000 opérations par seconde. La machine est lancée. Elle ne s’arrêtera plus. En 1974, le 8080 devient le premier processeur standard de l’industrie, capable d’effectuer 290 000 opérations par seconde. Deux ans plus tard, le 8086 compte déjà 29 000 transistors. En 1975, la loi de Moore n’a pas pris une ride en dépit des prévisions de son auteur.Dans une interview accordée à la presse en 1993, l’homme confiera, modeste : “ Je dois admettre que la tendance a continué plus longtemps que je ne l’avais imaginé. ” Nous sommes déjà dans les années Pentium. Le premier d’entre eux disposait de 3,1 millions de transistors. Le plus récent, le Pentium 4, commercialisé cette année, en contient 42 millions… Ces progrès fulgurants reposent encore aujourd’hui sur les propriétés du silicium et les recherches réalisées dans le domaine de l’impression photolithographique.

De nouvelles techniques devront prendre la relève du silicium

Avec le temps, la largeur des sillons gravés s’est de plus en plus réduite. En 1990, elle passe à un micron, soit environ l’épaisseur d’un cheveu. En 1997, elle atteint un quart de micron. Cette année, Intel produira des puces dont les connexions sont larges de 0,13 micron ! Au-delà, estimait il y a peu Gordon Moore, de nouvelles techniques devront être mises en ?”uvre. Mais ce sera sans lui. Car depuis le mois de mai dernier, l’homme savoure, à 72 ans une retraite bien méritée.Une nouvelle ère s’esquisse. Dans les labos, on s’active. Les ingénieurs des Bell Labs tentent d’exploiter la conductivité du plastique. Tandis que les chercheurs dIBM travaillent sur les assemblages de nanotubes de carbone. On y parle physique quantique, photons, atomes et molécules. Un autre monde…

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Gilles Musi