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La justice française veut entendre Qosmos sur la surveillance informatique en Syrie

Accusée d’avoir équipé la Syrie en système de surveillance informatique, le parquet de Paris a nommé des juges d’instruction pour enquêter sur Qosmos, une PME française spécialisée dans l’analyse des réseaux.

La société française Qosmos spécialisée dans l’analyse de trafic a-t-elle ou non fourni au régime de Bachar Al Assad des systèmes informatiques pour surveiller la population ? C’est ce qu’affirment la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) depuis plusieurs années. Elles ont déposé plainte en 2012 et une enquête préliminaire a été lancée. De son côté, Qosmos dément « fermement ces accusations » qu’elle qualifie de « fausses et calomnieuses ».

Pour tirer les choses au clair dans cette affaire plus qu’embarrassante, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une information judiciaire, qui a été confiée à trois juges du pôle « crimes contre l’humanité », a indiqué à l’AFP Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH.

Selon les deux associations, la PME a fourni du matériel de surveillance permettant aux services de renseignements de « parfaire leurs moyens de répression à l’encontre de voix dissidentes, notamment en interceptant en temps réel des communications électroniques identifiées à l’aide de mots-clés ».

« Il est indispensable que la justice française fasse toute la lumière sur l’éventuelle implication de la société Qosmos dans la fourniture au régime syrien d’un matériel de surveillance destiné à espionner la population syrienne et que toutes les conséquences juridiques soient tirées de cette enquête », a déclaré Me Baudouin.

L’entreprise concède avoir envisagé de…

Qosmos, qui avait répliqué en septembre 2012 par une plainte pour dénonciation calomnieuse contre la FIDH et la LDH, a réaffirmé vendredi dans un communiqué qu’aucun de ses équipements ou logiciels n’avait jamais été opérationnel en Syrie.

L’entreprise concède avoir envisagé de travailler avec une société allemande sous-traitante d’une société italienne qui travaillait avec la Syrie. Mais elle affirme avoir dénoncé unilatéralement ce projet en octobre 2011.

En janvier 2012, l’Union européenne a décidé d’interdire toute exportation vers la Syrie de matériel informatique de surveillance pouvant servir pour la répression des mouvements luttant contre le régime de Bachar al-Assad. En trois ans, le conflit a fait plus de 150 000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Dans son communiqué, Qosmos se décrit comme le « leader mondial de l’analyse de trafic », et explique vendre des logiciels à des équipementiers qui les intègrent dans des solutions plus vastes pour des applications diverses, comme la banque en ligne, les connexions mobiles ou la lutte contre les virus et les attaques informatiques.

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01net avec AFP