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La Hadopi a-t-elle été clémente en 2012 ?

L’année 2012 a été plus « calme » pour la Hadopi qui a envoyé moins de recommandations qu’une 2011. Les internautes ont-ils changé leurs méthodes de piratage ou la Hadopi a-t-elle été plus clémente par choix ou par nécessité ?

Les pirates ont-ils été moins nombreux en 2012 ou la Hadopi a-t-elle été moins scrupuleuse ? Peut-être un peu des deux. Le bilan (PDF) révélé par la haute autorité pour l’année 2012 montre une baisse des envois de recommandations.

Les premiers avertissements envoyés par emails ont baissé de 19,3 % par rapport à 2011 pour atteindre 613 271 courriels d’avertissements. Pour les secondes recommandations, envoyées par courriers recommandés, la baisse est à peu près équivalente avec 54 712 envois.

Quant à la troisième phase, qui consiste à transférer les irréductibles vers la Commission de Protection des Droits (CPD) qui, selon les cas, les transmettra à la justice, 305 dossiers ont été examinés.

Streaming et restrictions budgétaires

Pourquoi ces chiffres sont-ils en baisse ? En effet, les moyens d’accéder à des plateformes de téléchargement illégal augmentent comme le nombre d’internautes. Imaginer que le piratage est en baisse est un leurre d’autant que désormais, le piratage ne se limite plus à la musique et à la vidéo. Les sites de téléchargement d’eBooks et de magazines au format PDF explosent au même rythme que les ventes de tablettes et de liseuses.

Si la migration vers le streaming est une réalité, d’autres possibilités expliquent cette tendance. Pour Numerama, il s’agit sans doute des conséquences des restrictions budgétaires qui brident les velléités de la Hadopi. « On peut d’ailleurs remarquer que depuis septembre 2012, le nombre des e-mails envoyés est à compte rond (26 000 en septembre, 61 000 en octobre, 68 000 en novembre, 64 000 en décembre), ce qui témoigne d’un plafonnement mensuel arbitré selon des critères inconnus. »

Le doute s’installe chez les artistes

Ce dernier bilan risque d’ouvrir une polémique inattendue. Habituellement accusée par les anti-Hadopi de dureté dans le traitement des dossiers, la haute autorité essuie désormais les critiques des artistes qui, habituellement, soutiennent son action.

Le premier à ouvrir le feu a été Pascal Obispo qui s’est ouvertement moqué de la Hadopi. « Hadopi, ah oui, c’est grâce à ça que le Virgin MegaStore va rester ouvert, je crois… ». Le dernier en date à changer son fusil d’épaule est André Manoukian qui s’est confié sur RMC. Selon lui, le modèle de distribution de contenu est « en train de crever ». Son attaque vise plus les majors à qui il reproche de n’avoir pas anticipé cette révolution des usages : « On est à la fin d’une ère sans trop savoir ce qu’il va se passer après… »

Visiblement résigné, il considère qu’il est « trop tard » pour réagir : « Aucun fabricant de diligence ne s’est mis à fabriquer des voitures ! On en est là, hélas… ». La Mission Lescure, qui a récemment dévoilé son premier bilan, devra convaincre les artistes qu’il n’est pas trop tard. Y parviendra-t-elle ? Réponse en mars pour la remise de son rapport.

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Pascal Samama