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La gestion de contenu n’est plus une affaire de spécialistes web

Les éditeurs de portails, les spécialistes du multimédia et les vendeurs d’outils de gestion de configuration logicielle convergent vers la gestion de contenu d’entreprise.

La gestion de contenu web risque, finalement, de ne connaître qu’un succès éphémère. Cette discipline n’a vraiment décollé que depuis deux ans, et, pourtant, elle est déjà appelée à se fondre dans la gestion de contenu d’entreprise, ou ECM ?” Enterprise Content Management. Certains n’y voient qu’un artifice marketing de la part d’éditeurs qui cherchent à enrayer la baisse du prix de leurs logiciels. Andrew Ball, analyste chez Frost & Sullivan, pressent, au contraire, l’apparition d’une nouvelle génération d’outils. Parmi les facteurs qui favoriseront cette évolution, il cite “la nécessité de mieux contrôler le contenu publié, d’éliminer les goulets d’étranglement et de favoriser la diffusion de la connaissance aux employés de l’entreprise”.

Une vague de rachats et de partenariats s’annonce

De fait, les solutions de gestion de contenu web ne sont pas taillées pour répondre à la multiplication du nombre et des types de documents non structurés qui circulent en entreprise. L’apparition du multimédia ?” notamment de la vidéo ?” est l’un des écueils les plus évidents auxquels ils sont confrontés. Or, les entreprises ont à la fois besoin de publier l’ensemble de leurs données, quel qu’en soit le type, et de les réutiliser, voire de les mettre au service d’applications ?” par exemple, d’un progiciel de gestion de la relation client.Les éditeurs d’outils de gestion de contenu se retrouvent, dès lors, condamnés à élargir leur champ d’intervention et à renforcer leurs capacités. Ces deux exigences, combinées à la fragilité financière de nombreux éditeurs, préfigurent un double mouvement de consolidation : au sein même de la famille des éditeurs de gestion de contenu web, ainsi qu’avec des éditeurs de domaines connexes ?” multimédia, portail, gestion de configuration logicielle, ou encore gestion de catalogues. Si les analystes spécialistes du sujet s’accordent pour prédire une vague d’acquisitions et de partenariats dans les deux prochaines années, ils sont toutefois bien en peine de donner les noms des éditeurs qui parviendront à tirer leur épingle du jeu.La nécessaire prise en compte du multimédia dans la gestion de contenu va conduire à une première vague de rapprochements. “Les éditeurs de gestion de contenu web et de portails vont acquérir les spécialistes de la gestion du multimédia”, pronostique, sans grand risque de se tromper, Lou Latham, analyste au Gartner. Le rapport de forces penche, il est vrai, clairement en faveur des premiers. Le chiffre d’affaires d’un Vignette ou d’un Interwoven, même en baisse, reste, en effet, de dix à vingt fois supérieur à celui d’un Convera ou d’un Virage, deux des spécialistes de l’indexation vidéo. Documentum a été l’un des premiers à concrétiser cette tendance en reprenant l’année dernière l’éditeur Bulldog. Son concurrent Vignette s’en tient, pour l’heure, à la politique de partenariats qu’il a noués au sein de l’alliance XCM (eXtended Content Management) avec des sociétés comme Artesia, Virage et Bulldog.Les conséquences de ces rapprochements devraient d’abord se faire sentir dans l’automatisation du traitement des images et des graphiques. La prise en compte de la vidéo ne devrait intervenir que dans un second temps. Le cabinet d’analyses Giga Group estime, en outre, que les premières évolutions se retrouveront d’abord dans des offres destinées à des industries spécifiques, telles celles du broadcast, de la publication et des loisirs, avant de se répandre dans les solutions plus horizontales.

Les poids lourds du portail se font plus menaçants

Le rapport de forces avec les autres catégories d’éditeurs n’est pas toujours aussi favorable aux spécialistes de la gestion de contenu web. Ces derniers vont, dans les prochaines années, se retrouver de plus en plus régulièrement en concurrence avec les vendeurs de portails, marché trusté par les grands noms de l’informatique, aux moyens nettement plus importants. “A court terme, les portails d’entreprise représentent une opportunité pour les éditeurs de gestion de contenu web. Mais la zone de recoupement entre ces deux marchés va en augmentant”, constatent Connie Moore et Robert Markham, analystes au Giga Group, dans une étude datée de décembre dernier. Aujourd’hui, peu d’éditeurs de portails disposent à leur catalogue d’une solution de gestion de contenu haut de gamme. Ils s’en tiennent, pour la plupart, à une politique de partenariats avec les spécialistes du domaine. Mais les temps changent. Depuis le mois d’avril, Microsoft commercialise Content Management Server (CMS). Ce développement fait suite au rachat, l’an dernier, de l’éditeur d’outils de gestion de contenu nCompass. La puissance commerciale de Microsoft et la qualité de l’intégration de CMS aux autres produits de la famille .Net lui promettent une réussite certaine. Une étude de la banque d’affaires Merril Lynch sur les intentions d’achat en solutions de gestion de contenu d’entreprise classe d’ailleurs Microsoft en première position, devant Documentum. L’éditeur de Redmond n’est en outre pas le seul éditeur de portails à investir ce marché. IBM a aussi prévu de muscler le module de gestion de contenu livré avec sa solution Websphere Portal. Et, même s’il s’en défend, il prend le risque de concurrencer ses partenaires traditionnels, les Documentum, Interwoven et autres Vignette.Les spécialistes de la gestion de configuration logicielle représentent une autre menace potentielle. “Des éditeurs comme Platinum, Continuus, Merant et Starbase se sont précipités dans la gestion de contenu web avec leurs propres produits, constate le Giga Group. Mais sans réussite.” La nécessité de gérer du contenu et du code, parfois fortement imbriqués, est néanmoins manifeste.

Un seul gros vendeur dominera le marché

Une page web complexe, tout à la fois, combine du contenu et s’appuie sur du code JSP (Java Server Page) ou ASP (Active Server Page), obéit à des règles de personnalisation, sollicite des composants Java ou COM+, etc. Pour autant, le recoupement entre la gestion de contenu et la gestion de configuration logicielle ne devrait pas avoir lieu. Ces deux activités ne devraient pas fusionner, mais demeurer complémentaires et donner lieu à des partenariats, à l’image de celui entre Vignette et Rational. “Les technologies sont proches, estime Lou Latham, de Gartner. Mais elles ne visent pas le même public.” Alors que les éditeurs de gestion de contenu s’adressent principalement aux directions fonctionnelles de l’entreprise, ceux de gestion de configuration logicielle ne vendent qu’aux services informatiques. Indépendamment des pressions venues de l’extérieur, le secteur de la gestion de contenu devrait continuer de se consolider. A l’instar de ce qui s’est passé dans la gestion de la relation client, Greg Peters, PDG de Vignette, prédit l’émergence d’un seul gros vendeur qui accaparera l’essentiel des ventes. Il espère faire de Vignette le Siebel de la gestion de contenu web. Martin Brauns, PDG d’Interwoven, partage également son analyse ?” du moins, la première partie… Ce mouvement devrait être précipité par la baisse des tarifs. Selon le Meta Group, le prix moyen des projets devrait chuter cette année de 200 000 à 175 000 dollars. Merril Lynch table sur une baisse encore plus importante.

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Olivier Roberget