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La fusion Vivendi MP3.com réveillera-t-elle le législateur ?

Les stratégies adoptées par les géants de l’industrie du disque pour distribuer de la musique en ligne pourraient leur attirer les foudres du Congrès américain et des organes de régulation.

L’intention de Vivendi (éditeur de 01net.) de racheter le pionnier du Net musical MP3.com montre avec quel empressement les majors du disque veulent assurer la distribution en ligne de leurs catalogues respectifs, après avoir livré bataille à des entreprises Internet telles que le même MP3.com ou Napster, les accusant de violation des droits d’auteur.” Certaines entreprises pensent que, aux yeux du législateur, la bataille livrée par l’industrie musicale n’a d’autre finalité que la mainmise sur l’espace [Internet] “, déclare Eric Scheirer, analyste chez Forrester Research, au sujet de l’annonce dimanche du projet de rachat de MP3.com par Vivendi Universal.” Si vous considérez que Universal a férocement attaqué en justice MP3.com, l’a dévalorisé pour ensuite le racheter, alors vous pouvez penser que le Congrès trouvera ce contrat un rien dérangeant “, ajoute-t-il.En avril 2000, une cour fédérale avait condamné MP3.com à verser 160 millions de dollars de dommages et intérêts aux cinq plus grandes entreprises de l’édition phonographique ?” Sony Music, BMG, Warner Music group, EMI group et Universal ?”, mais cette dernière avait rejeté le jugement et fini par obtenir des compensations beaucoup plus élevées.” Chaque maison de disque a désespérément besoin de clients et, en fin de compte, Universal récupère ceux de MP3.com pour presque rien “, analyse Fred Wiersema, consultant chez Diamond Cluster.Depuis, forts de leurs victoires en justice, les majors ont créé deux coentreprises de distribution musicale rivales : Duet, qui associe les catalogues Universal et Sony Music, et MusicNet, regroupant Bertelsmann Music Group, EMI et Warner Music Group pour le contenu et RealNetworks pour sa technologie Internet.

Le régulateur inquiet de la concentration du marché

Le gouvernement américain s’est déjà montré inquiet concernant la distribution de musique en ligne en bloquant les projets successifs de fusion entre AOL Time Warner et EMI Group, puis entre ce dernier et Bertelsmann.” La chaîne de distribution en ligne toute entière devra être examinée sous le même angle. Sous peu, il n’y aura plus que deux options pour trouver de la musique sur Internet, déclare Ken Freudlich, un avocat de Los Angeles spécialisé dans le divertissement. Les nombreux arrangements et acquisitions vont probablement attirer le regard de l’autorité antitrust. “Outre Vivendi, de nombreuses maisons de disques acquièrent à tour de bras de petites entreprises en ligne, disposant d’une technologie précieuse et dont la valeur a baissé à la suite d’actions en justice.Lors d’une séance du Congrès portant sur les droits d’auteur et les actions des conglomérats dans la distribution musicale en ligne, le représentant démocrate californien Howard Berman a ainsi demandé la semaine dernière au vice-président de Vivendi si ces opérations de concentration “ne finiront pas par une sorte de monopole, faisant que les sociétés que [Vivendi] contrôle, et celles avec lesquelles des partenariats ont été signés, seront les seules à pouvoir [distribuer de la musique en ligne] “.

Avec MP3.com, Vivendi s’empare des licences de distribution des autres labels

En outre, Vivendi dit avoir, grâce à l’acquisition de MP3.com, racheté les licences de distribution que lui avaient accordées les autres labels, ce qui n’a pas manqué d’irriter la concurrence.” Vivendi a la possibilité de contrôler les prix du contenu de tous les autres sur son réseau de distribution “, a déclaré le cadre d’une autre entreprise en ligne du secteur.

” Cet accord va non seulement réveiller le Congrès, mais je pense qu’il attirera l’attention de régulateurs divers tels que la Securities and Exchange Commission [SEC] et le ministère de la Justice “, a-t-il ajouté. Ni la SEC ni le ministère n’ont souhaité faire de commentaires.Des analystes du secteur indiquent que MP3.com ne sera pas nécessairement intégré à la coentreprise Vivendi/Sony, Duet, car l’acquisition n’est que le fait de Vivendi. ” Je pense que Sony ne laissera pas son partenaire contrôler entièrement la technologie utilisée pour leur coentreprise “, a déclaré un responsable de maison de disque.

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La rédaction avec Reuters