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La fusion IBM-Sequent, ou l’histoire d’un sabordage réussi

Il y a moins de trois ans, IBM rachetait Sequent et ses serveurs Numa pour 810 millions de dollars. Aujourd’hui, cette offre a totalement disparu.

Beaucoup de bruit pour rien ! Au Cebit, il y a un an, IBM annonçait en fanfare le x430. Ce superserveur, fruit du rachat de Sequent en fin 1999, devait marquer le renouveau de Big Blue sur la plate-forme Intel. Il faut dire que la proposition était belle : le x430 serait capable d’accueillir jusqu’à 64 processeurs, et aurait dû fonctionner sous Windows 2000, Linux, AIX, Dynix/Ptx (l’Unix de Sequent) et même OS/390. Mieux, en subdivisant la machine en sous-serveurs, il serait possible d’installer tous ces systèmes d’exploitation les uns à côté des autres. Un rêve pour qui souhaitait consolider ses serveurs. D’aucuns y voyaient aussi une forme de consécration pour l’architecture Numa, une technologie multiprocesseur très prometteuse offrant une extensibilité rare, mais qui, jusque-là, était poussée par des acteurs de second rang comme SGI ou Data General. “Attendez-vous à ce qu’IBM étende Numa à l’ensemble de ses serveurs”, clamait Casey Powell, alors PDG de Sequent.

AIX n’est toujours pas optimisé pour Numa

Un an a passé, et… plus rien. C’est comme si le rachat n’avait jamais eu lieu. Tous les serveurs Sequent ont disparu du catalogue, même le x430 lancé l’année dernière. Les projets de portage de Linux, de Windows 2000 Datacenter ou d’OS/390 ont chacun été enterrés. Dynix/Ptx vient de subir quelques aménagements, mais il est définitivement condamné. Quant à la révolution Numa, elle se fait toujours attendre chez IBM ?” AIX n’est toujours pas optimisé pour Numa. Big Blue invite donc gentiment les utilisateurs Sequent à migrer vers les xSeries à base Intel ou les pSeries à base Power4. “C’est une véritable trahison. Il y a trois ans, quand nous avons conclu le rachat, personne n’aurait pu imaginer un tel scénario”, s’étonne Casey Powell, aujourd’hui PDG de MextGig. Résultat, Cisco, dont toute l’informatique était fondée sur des serveurs Sequent, a migré vers une offre HP. Même défection chez Virgin Atlantic, qui a troqué ses Numa-Q contre des modèles Sun.Pour faire passer la pilule, IBM essaie de faire croire que la technologie Sequent a été incorporée dans le nouveau jeu de composants EXA de son impressionnant serveur x440 (jusqu’à seize processeurs, haute disponibilité, évolution par assemblage de briques). Mais de l’aveu même de Tom Bradicich, grand chef technologique, le projet était déjà avancé quand Sequent a été intégré. IBM n’a d’ailleurs pas attendu Sequent pour “mettre du Numa” dans ses AS/400, RS/6000 ou S/390.“Sequent nous a quand même beaucoup apporté, insiste Ian Miller, vice-président des ventes d’IBM. En matière de compétences techniques notamment. En rachetant Sequent, nous avons aussi récupéré de nombreux vendeurs Unix, ce qui est difficile à trouver.”Sequent aura tout de même permis à IBM de combler un vide, le temps qu’il développe le jeu de composants EXA. Une architecture qui, selon Ian Miller, “corrige les défauts de Sequent” en étant totalement compatible avec Windows et Linux, les deux systèmes en vogue.

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Anicet Mbida