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La France est-elle en retard ?

La concurrence est féroce sur les marchés des télécommunications allemand, italien ou britannique. Là aussi, l’accès direct à l’abonné reste difficile à exploiter.

Allemagne : la pression concurrentielle ne pèse pas encore à tous les niveaux

Les interventions de l’organe de régulation ont permis de faire exploser le marché des télécommunications outre-Rhin. Mais à l’échelle locale, elles restent un monopole de fait.Reste que les Allemands n’ont plus peur de décrocher leur téléphone, alors qu’il y a trois ans, craignant de grever leur budget, ils disposaient tous d’un compteur d’unités. Aujourd’hui, ils ont l’?”il rivé sur les quotidiens qui publient chaque jour la liste des opérateurs les moins chers.Depuis fin 1997, les tarifs ont déjà chuté en moyenne de près de 100 %. Il fallait payer 0,58 euro (3,80 francs) la minute pour appeler les États-Unis avec Deutsche Telekom. Aujourd’hui, en sélectionnant un opérateur privé on peut téléphoner pour 5 cents. Il suffit de composer le code de l’opérateur. La facturation est assurée par Deutsche Telekom.L’opérateur historique loue son réseau à un tarif fixé par l’organisme allemand de régulation des télécoms. Pour relancer la concurrence, le régulateur vient, d’ailleurs, d’annoncer une nouvelle baisse du loyer mensuel payé par les concurrents de Deutsche Telekom pour utiliser sa boucle locale. Parmi les 360 entreprises qui détiennent une licence en Allemagne, plus de 120 ont passé des contrats avec Deutsche Telekom.La boucle locale reste le dernier maillon à faire sauter pour libéraliser entièrement le marché. Deutsche Telekom, à travers le contrôle des derniers mètres de fils de cuivre, détient 98 % du marché des communications de locales.À Berlin, il est presque aussi cher de téléphoner à son voisin que d’appeler New York… Deutsche Telekom, en difficulté, est sur la défensive. Au lieu de jouer le jeu, le groupe ne cesse de mettre des bâtons dans les roues de ses concurrents. En ce moment, il propose des prix défiant toute concurrence sur l’ADSL (internet rapide par le fil du téléphone).

Christophe Bourdoiseau, à Berlin

Italie : le monopole s’effrite sans empressement

Depuis le 1er avril, les opérateurs italiens peuvent enfin gérer les communications des abonnés, du local au national, en prenant directement en charge leur facturation. Après un bras de fer contre Telecom Italia, ses principaux concurrents obtiennent le droit de gagner leur part du marché du téléphone fixe.Les Italiens peuvent donc choisir leur opérateur parmi les différentes compagnies. Wind, principal concurrent de Telecom Italia, et dont France Telecom est actionnaire aux côtés de l’ENEL, est l’un des rares à accéder directement au consommateur final, en vertu d’un accord signé en février dernier avec l’ex-monopole. Un pacte qui a permis à Wind d’accéder au réseau local de Telecom Italia dès le 1er mars dernier.Toutefois, l’opérateur historique conserve l’exclusivité en matière d’abonnement. Comme dans beaucoup d’autres pays européens, Telecom Italia se bat coûte que coûte pour conserver sa domination sur le terrain local. L’ex-monopole national renâcle et traîne visiblement des pieds pour autoriser l’accès à son réseau.Entre autres marques de mauvaise volonté, il rallonge les délais réglementaires de mise à disposition de ses lignes locales. À ceci s’ajoutent les difficiles négociations de contrats pour déterminer, avec ses concurrents, le montant du loyer mensuel qu’ils devront acquiter pour accéder à son réseau.

Ariel F. Dumont à Rome

Grande-Bretagne : le régulateur veille !

L’Oftel, l’autorité britannique de régulation des télécommunications, a décidé de ne pas relâcher la pression sur British Telecom. L’organisme vient ainsi de prolonger d’un an le contrôle qu’il exerce sur les tarifs que pratiqués par l’opérateur historique sur ses abonnés. Vigilant, le régulateur compte également maintenir son contrôle sur les tarifs pratiqués par British Telecom lorsqu’il loue son réseau à d’autres opérateurs, et ce pendant au moins quatre ans.” L’organisme a raison d’être ferme, car la part de marché de British Telecom dans le secteur des services aux particuliers reste dominante, à près de 80 %“, juge- t-on au Conseil national de la consommation. Par ailleurs, décidé à donner un coup de fouet à l’ouverture du réseau téléphonique local, (qui doit entrer en vigueur, en Grande-Bretagne, en juin 2001), l’Oftel a prévenu que British Telecom aurait à payer des compensations aux opérateurs si les services promis n’étaient pas finalement délivrés.Tout reste encore à faireL’ennui, c’est que tout, ou presque, reste à faire : le dégroupage, censé révolutionner les services de télécommunications outre-Manche, connaît quelques ratés, alors qu’il ne reste plus que trois groupes importants dans la course : Cable & Wireless, Energis et Colt Telecom.Le choix donné par le gouvernement à British Telecom est d’investir dans l’infrastructure pour installer des lignes à haut débit ou autres services multimédias, et d’en partager les coûts avec ses concurrents. Ou alors, de leur laisser le libre accès à son réseau local pour qu’ils puissent eux-mêmes l’améliorer.Tony Blair a promis que la Grande-Bretagne serait le marché le mieux équipé dans ce domaine parmi les pays du G7 d’ici à 2005. Mais d’après de récentes études, le Royaume-Uni est à la traîne, comparé à ses concurrents européens.

Pauline Damour, à Londres

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Jean-Jérôme Bertolus et Thierry Del Jésus