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La fracture numérique, encore plus flagrante à l’échelle planétaire

Selon le récent rapport 2001 du Bureau international du travail, les inégalités Nord-Sud et hommes-femmes déterminent très fortement les conditions d’accès et d’utilisation des nouvelles technologies au travail.

L’économie de l’information ne saurait exister sans infrastructures de télécommunications. Truisme pour les pays occidentaux, suréquipés, cette évidence est cruellement vécue au quotidien par les nations en voie de développement. Le rapport du BIT précise que “la quasi-totalité des technologies de l’information et de la communication est produite par environ 15 % de la population mondiale (mais dans les pays industrialisés essentiellement)”.

Des pays entiers non connectés

A peu près la moitié, seulement, de la population mondiale dispose de l’électricité, de lignes téléphoniques et des autres équipements nécessaires pour utiliser ces technologies dans les secteurs de la production et de la consommation. Toujours selon le BIT, plus de la moitié de la population mondiale n’a jamais utilisé de téléphone. Aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, il existe un téléphone pour deux personnes. L’Afrique dispose, quant à elle, de 14 millions de téléphones pour 739 millions d’habitants… Même rapport d’inégalité concernant l’accès à Internet. L’Afrique et le Moyen-Orient représentent 1 % des internautes du monde, les Etats-Unis et le Canada 57 %. ..

Les NTIC accroissent les différences existantes

Au sein même des pays du tiers-monde, la fracture numérique est encore plus grande qu’ailleurs. “Aux Etats-Unis, l’internaute type est un citadin blanc de 36 ans qui a fait des études supérieures et jouit d’un revenu confortable”, indique le rapport qui, plus loin, révèle : “Au Zimbabwe et en Ethiopie, respectivement 87 % et 98 % des usagers d’Internet ont des diplômes universitaires et sont majoritairement des hommes. Au Moyen-Orient, 4 % seulement [des internautes] sont des femmes”. Sont-elles mieux loties ailleurs ? Guère plus (exception faite des pays Scandinaves et d’Amérique du Nord), avec 18 % d’internautes femmes au Japon, 19 % en Russie, 25 % dans l’Union européenne et 38 % en Amérique latine (moins machiste que ne le voudrait le cliché).Le gouffre économique entre pays pauvres et pays riches, hommes et femmes, emplois qualifiés et tâches répétitives, est encore renforcé par les nouvelles technologies. Les hommes travaillent ainsi plutôt dans les emplois créatifs et bien rémunérés, tandis que les femmes se retrouvent la plupart du temps affectées à des tâches monotones.Dans les Caraïbes, 5 000 femmes se consacreraient à la saisie de données. En Inde, la majorité des 250 000 emplois créés ces quatre dernières années dans les centres d’appels ou de traitement de données seraient occupés par des femmes.Face à un tel tableau, les NTIC sont-elles, parfois, en mesure de changer la donne, aidant femmes et pays en voie de développement à améliorer leur condition ? Oui, à la condition première de miser en amont sur l’éducation des populations, estime le BIT.

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Laurent Campagnolle