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La formation en ligne passe dans la classe supérieure

Passé l’effet de mode, l’e-learning entre en phase de maturation. Mais l’offre demeure pléthorique, et le marché devra être consolidé.

Après trois ans de battage médiatique, quel est le bilan de la formation en ligne (“e-learning”) ? Si l’on s’en tient aux seuls chiffres, le marché français n’a pas tenu toutes ses promesses. Parti sur un chiffre d’affaires de 30,5 millions d’euros en 1998, IDC table sur un potentiel de 244 millions d’euros à l’horizon 2004, soit une croissance annuelle de l’ordre de 40 %. A mi-parcours, cette prévision semble cependant sujette à révision. En effet, l’e-learning n’aurait engrangé que quelque 75 millions d’euros de revenus en 2001, selon certains experts.Largement diffusé aux Etats-Unis ?” environ 60 % des dépenses de formation professionnelles ?”, l’e-learning reste en phase de maturation de ce côté-ci de l’Atlantique. Les acteurs sont pourtant pléthore. Par ordre d’arrivée, on trouve d’abord les start up spécialisées. Financées par le capital-risque, les anglophones Docent, Saba et autres Centra cohabitent avec quelques Françaises ?” Synergie 3R, Archimed, X-perteam, etc. Approchant le seuil de rentabilité, ces sociétés se trouvent en concurrence avec les grands noms de l’informatique ?” IBM, Sun, Oracle, entre autres ?” et de l’édition scolaire ?” VUP, Pearson, etc. Des rapprochements sont donc à prévoir ?” comme la fusion récente de Smartforce et de Skillsoft ?” ainsi que des synergies entre éditeurs et sociétés de services. En signe d’encouragement, un déclic aurait été observé en 2001 avec les premiers retours d’expérience.

Deux populations qui traînent les pieds

Le retard de l’e-learning en France s’expliquerait par la durée de déploiement au sein des grands comptes. “La période de test prend entre six mois et un an”, évalue André Ampe, directeur général d’Elsevier Training France. Lassé par cette inertie, l’éditeur d’origine belge préfère s’adresser aux PME de plus de trois cents personnes, à la fois moins sollicitées, mais aussi plus promptes dans leurs prises de décision. Réduction des coûts de déplacement, personnalisation du parcours… Le concept de l’e-learning est séduisant. Mais, en dépit des efforts de sensibilisation, il se heurte à certains freins d’ordre plus culturel que technique ?” la généralisation du haut débit et l’adoption programmée de standards communs allant dans le bon sens.Deux populations traînent particulièrement les pieds : l’apprenant, qui, seul face à son écran, renonce parfois à se former ; et l’enseignant, qui se sent dépossédé de son rôle. Pour Vincent Tournandre, fondateur de Cybeosphere, “le formateur doit pouvoir s’affranchir de la technique, et, sans compétence informatique, produire lui-même ses contenus pédagogiques”. Cette compétence acquise, la conception de formations spécifiques sera grandement facilitée.On assiste déjà à la montée en puissance de contenus métier ?” lancement d’un nouveau produit, par exemple ?” prenant le pas sur les formations dites génériques ?” anglais et bureautique. Autre évolution attendue, le rapprochement de l’e-learning et de la gestion des connaissances. “Avec les plates-formes collaboratives ?” forum de discussion, chat, etc. ?”, l’apprenant est aussi un producteur de contenu en puissance”, estime Serge Ravet, responsable des associations Eifel et Promoteus. Cette définition élargit considérablement le périmètre de l’e-learning.

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Xavier Biseul