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La fin des illusions pour l’UMTS

L’UMTS a du plomb dans l’aile. Après les poids moyens, c’est au tour des ténors du secteur (Orange, Vodafone et Telefónica) de lever le pied. Au-delà des opérateurs cellulaires, la situation risque de se retourner contre les industriels.

En octobre dernier, nous titrions : “UMTS : la génération de tous les dangers”. Près d’un an plus tard, force est de constater que nous étions plutôt bien inspirés ! De fait, SFR (qui devait ouvrir son service en mars 2002) et Orange (qui devait également ouvrir son réseau cette année) ne devraient pas se lancer avant début 2004, dans le meilleur des cas. Toutefois, le plus inquiétant ne réside pas dans le calendrier incertain de l’UMTS dans l’Hexagone, mais dans la démarche de la quasi-totalité des opérateurs européens.

L’euphorie n’est plus qu’un souvenir

Au-delà du cas de MobilCom, la filiale allemande de France Télécom, qui a d’autres chats à fouetter, tous les ténors du cellulaire en Europe freinent aujourd’hui des quatre fers. Témoin Vodafone, qui vient de reporter le lancement de l’UMTS à 2003 en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne. De même, Telefónica et Sonera ont gelé tous leurs déploiements à l’étranger. Bref, après avoir mobilisé plusieurs milliards d’euros afin d’acquérir des licences UMTS tous azimuts, les opérateurs ne sont plus pressés de s’y déployer.Officiellement, ces derniers expliquent à l’unisson que, les terminaux n’étant pas prêts, ils sont bien obligés de surseoir à leur projet.Une analyse que récusent la plupart des constructeurs, Nokia en tête, qui affirme que ses premiers terminaux UMTS seront bien lancés à la date prévue, autrement dit le 26 septembre prochain (“à midi”, précise-t-on). Mais la véritable explication, officieuse celle-là, est plus convaincante : en gelant leur déploiement dans l’UMTS, ces opérateurs endettés jusqu’au cou se procurent une sacrée bouffée d’oxygène, provisoire, certes, mais salvatrice. À cette nuance près que la plupart des opérateurs ne remettent pas en cause, du moins pas encore, leur déploiement dans leur pays d’origine (même si SFR, par exemple, dépensera 200 millions d’euros de moins que prévu dans l’UMTS en 2002).Autres catégories de “victimes” de l’UMTS : les nouveaux entrants et ceux qui ne disposent pas de réseaux GSM en propre. Parmi les plus exposés, souvent titulaires d’une “quatrième licence”, les opérateurs comme Quam (filiale de Telefónica), en Allemagne ; ou Xfera (filiale de Vivendi Universal), en Espagne. Pour eux, déjà sévèrement malmenés en tant qu’opérateurs dépourvus d’infrastructures, l’UMTS n’est déjà plus qu’un lointain souvenir : les effectifs de Xfera, qui atteignaient six cent soixante personnes fin 2001, ne devraient pas dépasser une cinquantaine de collaborateurs d’ici à la fin de cette année ; quant à Quam, il a récemment suspendu ses activités…Reste le paradoxe des équipementiers, surtout les mieux placés dans l’UMTS (autrement dit Nokia et Ericsson). Après une passe d’euphorie ponctuée par la multiplication des contrats, ces derniers ne risquent-ils pas de se retrouver le bec dans l’eau ? Difficile de répondre avec précision si ce n’est que le retard accumulé dans l’élaboration des terminaux pourrait avoir un impact également très important, puisque les marges générées dans les terminaux (de l’ordre de 20 %) sont deux fois supérieures à celles qui sont réalisées dans les infrastructures (de l’ordre de 10 %). Commentaire de l’un des plus puissants opérateurs européens qui connaît bien le dossier : “Pour un constructeur comme Alcatel, sa faible exposition à l’UMTS est, en définitive, une chance…” Tout un programme !

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Henri Bessières