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La fiabilité des CD, DVD et disques durs remise en cause

Des scientifiques français tirent la sonnette d’alarme : la durée de vie des supports de stockage ne dépasse pas cinq à dix ans en moyenne. Si rien n’est fait, la sauvegarde de nos données est menacée.

Les données que nous voulons garder vont-elles s’effacer ? Le risque existe bel et bien, si l’on en croit le rapport « Longévité de l’information numérique », publié ce lundi 29 mars 2010 et réalisé conjointement par l’Académie des sciences et l’Académie des technologies (1). Le problème n’est pas nouveau, mais c’est la première fois que des scientifiques alertent officiellement le grand public, les institutions et les entreprises sur cette menace.

« Les fabricants ont voulu nous faire croire que leurs supports de stockage conserveraient nos données une éternité. Ce n’est pas le cas », insiste Franck Laloë, coauteur du rapport et directeur de recherche au CNRS.

Les études menées notamment par le Laboratoire national d’essais dans le cadre de ce rapport montrent que la durée de vie des CD-R et des DVD-R (disques à gravure unique, les disques -RW étant réinscriptibles [correctif le 30/03/2010, NDLR]) ne dépasse pas quinze à vingt ans dans le meilleur des cas, et que les plus mauvais d’entre eux se dégradent au bout d’un an seulement.

Les disques durs du commerce ne vaudraient guère mieux. En moyenne, une panne intervient dans les trois à cinq ans, souvent en raison de crashs mécaniques. Et les affaires ne s’arrangent pas avec l’évolution des techniques.  « Plus la densité d’informations augmente sur ces supports, plus ils sont fragiles » avertit Franck Laloë. Bref, les Blu-ray inscriptibles résisteraient moins bien au temps que les DVD-R, qui eux-mêmes sont plus fragiles que les CD-R.

Les consommateurs perdus

La difficulté, poursuit l’expert, c’est qu’on ne peut même pas se fier à une marque de disques en particulier, ni même à un modèle : « Il semble que les constructeurs ne maîtrisent pas bien leur processus de fabrication. On observe des différences de vieillissement importantes entre des produits identiques. » Même les disques « hard coat », vendus comme plus résistants ne sont pas meilleurs, « ils vous protègent contre les rayures, note F. Laloë, pas contre le vieillissement. »

La prédiction de la longévité de ces supports semble impossible aujourd’hui. Mais certaines causes accélèrent le vieillissement : l’exposition prolongée à la lumière, à l’humidité… « Le problème, c’est que vos disques vieilliront même si vous ne vous en servez pas, même si vous les enfermez à l’abri, dans une armoire… », prévient M. Laloë.

L’enjeu pour les hôpitaux, les administrations et les entreprises comme pour le grand public est capital. On estime que le besoin d’un foyer se situe entre 100 Go et 1 To pour le stockage de photos, de vidéos et de documents en tout genre (par exemple, un ingénieur qui conserverait des données techniques chez lui).

Une solution : le « century disc »

Face à ce risque, quelle stratégie adopter ? Pour Franck Laloë, « Le seul conseil que l’on puisse donner aux gens est de recopier leur données sur plusieurs disques et de renouveler les sauvegardes sur des supports neufs régulièrement. »

L’autre solution consiste à déléguer cette fonction d’archivage à un service en ligne. Mais cela ne fait que déporter le problème auprès d’un prestataire. Or, cette stratégie de stockage a un coût. A l’échelle de la France, la préservation du patrimoine s’élèverait entre 2 et 20 milliards par an. Une somme impressionnante.

La solution à long terme passe donc par une autre voie : la conception d’un disque offrant une durée de vie bien meilleure. Dans leur rapport, les experts citent le « century disc », un support sur lequel l’information est gravée directement dans le verre grâce à un procédé de lithogravure. Problème : le prix des « century disc » est encore « dix fois trop élevé pour être accessible aux particuliers ».

(1) « Longévité de l’information numérique », de Jean-Charles Hourcade, Franck Laloë et Erich Spitz, EDP Sciences.

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Stéphane Long