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La facture numérique interentreprises séduit surtout les grands groupes

Tandis que La Poste suspend son service d’échange automatisé des factures destiné aux PME, des éditeurs indépendants multiplient les contrats auprès des grands comptes.

Sur le papier, la dématérialisation de la facture interentreprises a de quoi séduire. Dans une enquête de BVA pour le compte de B-Process, Edifrance et l’Observatoire de la qualité comptable, elle serait même déjà pratiquée par 15 % des entreprises. Et 24 % envisagent de l’adopter en cours d’année. Les éditeurs de solutions de facturation numérique via internet multiplient les contrats auprès de grands comptes – par exemple, Omnikles pour Societe.com, B-Process avec Casino ou le Crédit Lyonnais, ASP-One pour l’Opac de Paris, et la Caisse régionale d’épargne de Paca. Entre eux, la bataille redouble d’intensité depuis que La Poste, quatrième offreur et plus ancien du marché, a annoncé le gel de son service baptisé Post@cces. Pour les responsables des nouveaux services aux entreprises de l’opérateur public, “le marché n’a pas évolué comme espéré. Nous n’avons pas atteint la masse critique. De plus, nous devions réinvestir pour lancer une nouvelle version “. Les clients actuels seront maintenus. Même tonalité pour Gartner, qui évalue à 4 % ?” et sans grande évolution ?” la part des factures dématérialisées en circulation. Alors, entre marché en stagnation ou segment à haut potentiel, qui croire ?

Susciter la demande et aller chercher le client

La loi française accepte la dématérialisation ?” sous forme d’EDI ?” depuis plus de dix ans. Mais séduire avec la facture numérique via le web ne serait donc pas aussi facile qu’il n’y paraît a priori. “En fait, beaucoup d’entreprises attendent que la directive européenne 2001/115/CE du 20 décembre 2001 soit transposée dans les pays de l’Union”, suggère Marie-Laure Oble-Laffaire, avocate au cabinet HSD Ernst & Young. Reprenant la loi française, ce texte, qui pourrait être présenté au Parlement français dès la fin de cette année, harmonise les mentions et structure les documents électroniques. Il permettrait l’autofacturation et les échanges transfrontaliers. Si cet avis est partagé par Edifrance, pour qui la demande est encore insuffisamment mature, il en est tout autrement pour Franck Duthil, directeur général de B-Process : “C’est inexact, réplique-t-il. Nous constatons depuis trois mois une ébullition. Les clients n’attendent pas la transposition de la directive, car les avantages de la dématérialisation en termes d’optimisation des traitements, de suppression de saisie, de rapidité et d’économie de gestion les intéressent.” En témoigne la multiplication par deux des contrats signés depuis un an pour la solution intégrée en mode hébergé, promue par cet éditeur. ASP-One est aussi optimiste : “L’activité représente 10 % de notre chiffre d’affaires. Et elle devrait doubler au cours de l’année à venir.”De son côté, Omnikles, qui utilise un système à base de certificat, reconnaît qu’il faut encore aller chercher le client : “C’est à nous d’être proactifs et de proposer des systèmes avant que les entreprises ne les demandent.”Tous les trois visent en fait le marché des grandes entreprises, celles où les volumes de facture à traiter sont importants et où une poignée de fournisseurs et de clients génèrent 80 % des factures émises ou reçues. Un choix plus que judicieux, puisque la chute de Post@cces serait due à deux facteurs. Le premier est qu’il ciblait les PME, voire les TPE. Le second est que la solution nécessitait l’installation d’un module applicatif à la fois chez le fournisseur et chez son client.

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Hubert d'Erceville