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La drôle de dame de l’antifraude en ligne

Gare aux escrocs du net ! Muriel Anicet pourchasse les larcins commis sur le site Rueducommerce.

Récupérer une facturette à la sortie d’un distributeur et faire ses emplettes sur le net en utilisant le numéro de carte bleue ainsi subtilisé… Un jeu d’enfant que pratiquent beaucoup de jeunes de 12 à 25 ans, selon Muriel Anicet, responsable des fraudes chez Rueducommerce, site spécialisé dans la vente de produits high-tech. Mais rechercher le voleur est tout aussi ludique, reconnaît-elle.Son arrivée en avril 2000 a coïncidé avec la création d’une cellule antifraude, ” destinée à enrayer le phénomène “. Il n’existait alors aucun programme informatique permettant de démasquer les escrocs en herbe. Muriel Anicet estime qu’une commande sur trois était alors frauduleuse. Aussi, ” il a fallu s’organiser. “Deux mois et demi plus tard, deux personnes étaient recrutées pour la seconder. En outre, la société a développé un logiciel permettant d’alerter le service contentieux, en cas d’éléments suspects, comme un même portable acheté plusieurs fois, des commandes quotidiennes d’un montant de 900 euros…Dans ce cas, la responsable vérifie les coordonnées (adresse e-mail, numéro de téléphone, adresse de livraison). Et contacte l’auteur du supposé délit. La tâche est délicate. Il faut veiller à ne pas accuser à tort un client. Mais il est ?” semble-t-il ?” aisé de déceler le mensonge dans la réponse. Et Muriel Anicet de citer en exemple : ” Oh, je ne sais plus ce que j’ai commandé “. Virtualité rimant souvent avec impunité, pour nombre d’acheteurs indélicats, ” l’adresse de livraison correspond bien souvent à leur domicile “, remarque-t-elle.

La police en renfort

Mais la chasse aux voleurs ne s’arrête pas là. ” Si monsieur Dupont a commis une infraction. Quelques mois plus tard, il récidivera sous le nom de monsieur Durand. ” C’est pourquoi Muriel Anicet a établi une étroite collaboration avec les différents services de police, comme la Brigade d’enquête sur les fraudes aux technologies de l’information (Befti).Pour sa première affaire, le vrai porteur d’une carte bancaire contestait vingt paiements effectués à son insu à Nice. Aussi, Muriel s’est rendue directement au commissariat de la ville pour déposer plainte. La police lui a proposé d’attendre la prochaine commande. Lors de la livraison, l’internaute mal- intentionné a été interpellé.Depuis, vingt autres arrestations sont intervenues. Le nombre de délits a beaucoup diminué. Aujourd’hui, six fraudes sont enregistrées quotidiennement, pour 400 commandes journalières en moyenne. Et la plupart des larcins portent sur de petits montants.Si Muriel Anicet peut se féliciter d’avoir enrayé le phénomène, elle reconnaît cependant que son service ne repère pas toutes les fraudes. Mais la prochaine suppression des numéro de carte bancaire sur les facturettes devrait contribuer à réduire le nombre de contentieux. Le métier de responsable de la lutte antifraude gardera-t-il alors sa raison dêtre ?

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Valérie Quélier