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La Deutsche Börse en mal de confiance

En décidant d’exclure les titres les plus dévalués de l’indice allemand des valeurs de croissance, la Bourse de Francfort tente de rassurer courtiers et actionnaires.

Pour restaurer la confiance sur le Neuer Markt (NM), en chute libre depuis des mois, la Deutsche Börse a pris une première mesure réclamée par les courtiers et les actionnaires. Dorénavant, sur le marché des valeurs de croissance de Francfort (l’équivalent du Nouveau Marché parisien), les actions cotées à moins d’un euro pendant plus de 30 jours consécutifs (penny stocks) et dont la capitalisation est inférieure à 20 millions d’euros pourront être exclues. Ces titres feront l’objet d’une surveillance particulière pendant 90 jours. S’ils ne parviennent pas à repasser au-dessus d’un euro pendant au moins 15 jours d’affilée, ils seront définitivement exclus. La nouvelle règle n’entrant en vigueur que le 1er octobre, les premières exclusions n’auront pas lieu avant avril 2002.Avec cette mesure, inspirée du Nasdaq américain, la Deutsche Börse réagit à la baisse catastrophique des cours mais aussi à une série de scandales qui a ruiné la réputation d’un marché boursier créé il y a seulement quatre ans. La branche internet en a le plus souffert : depuis mars 2000, sa capitalisation boursière est tombée de 70 à 8 milliards d’euros.

Une mesure trop tardive ?

L’exclusion des penny stocks était attendue par les représentants des actionnaires. “Mais c’est beaucoup trop tard. La Deutsche Börse n’a rien fait pendant des mois “, regrette Petra Krüll, porte-parole de DSW, l’une des principales associations d’actionnaires. “ Il est illusoire de croire que la réputation du Neuer Markt sera sauvée de la sorte“, ajoute Markus Staub, de l’Union des petits actionnaires (SdK). La Deutsche Börse, accusée d’avoir regardé les trains passer, a compris le message. “Nous allons encore discuter. La pression publique est là“, reconnaît Volker Potthoff, du directoire de la Deutsche Börse. “Mais restons prudents“, modère Rainer Riess, patron du NM.D’autres mesures devront donc suivre. L’office fédéral de surveillance et de contrôle du marché des valeurs (BAWE), critiqué lui aussi pour son immobilisme, aimerait que les sanctions judiciaires soient renforcées. Sur les 21 procédures engagées en 2001, 20 ont été suspendues, dont trois contre le simple paiement d’une amende. L’idée de réduire le nombre de titres au Nemax 50 fait son chemin. Pour muscler l’indice phare du NM, on pourrait passer de 50 sociétés cotées à 30 de ” qualité “, voire à 20… Une exclusion qui toucherait près de 10 % des valeurs.Nombre d’entreprises de la net économie n’ont pas réussi à prouver leur viabilité. Plusieurs patrons ont également fait de grosses erreurs de management, certains ayant même abusé de la confiance de leurs actionnaires pour effectuer des acquisitions hasardeuses à l’étranger ou dissimuler la mauvaise santé de leur entreprise. Peter Kabel par exemple, patron d’une agence web, Cable New Media, avait conduit sa société vers la cessation de paiement, après avoir vendu ses 700 000 actions au cours le plus haut. Tandis qu’il empochait personnellement 50 millions d’euros, son titre dégringolait à moins de 25 cents… Et rejoignait la liste des futures exclues de la nouvelle économie : Amatech Blue C Cybernet, Endermann Internet Infogenie ou encore Teldafax.

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Christophe Bourdoiseau à Berlin