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La cryptographie quantique fait un saut hors des labos

La cryptographie quantique franchit petit à petit la porte des laboratoires de recherche. Deux sociétés européennes, suisse et française, tentent aujourd’hui de mettre en place des solutions commerciales.

La cryptographie quantique n’est plus un concept futuriste, et sort enfin des laboratoires de recherche. Plus vite qu’on ne l’imaginait, la cryptographie quantique fait en effet aujourd’hui l’objet d’initiatives pour passer au stade
commercial.La jeune pousse helvète ID Quantique, qui conçoit des générateurs de nombres aléatoires reposant sur un phénomène quantique et des systèmes d’échange de clés quantiques sur fibre optique, vient de signer un partenariat avec
Wisekey, un spécialiste de la certification à base de la racine cryptographique Oiste (Organisation internationale pour la sécurité des transactions électroniques).Pour rappel, la cryptographie quantique est considérée comme le nec plus ultra en matière de sécurité. Elle repose en effet sur un principe physique fondamental, et non sur la puissance de calcul, comme les
solutions usuelles de cryptographie. Une clé de cryptage à base de photons est, dans l’absolu, inviolable (voir encadré).Grégoire Ribordy, fondateur et directeur général d’ID Quantique, explique que sa société était à la recherche d’un partenaire dans l’informatique pour pouvoir accéder à des clients potentiels. ‘ Nous en sommes au
mode projet, pour le moment. Wisekey a sélectionné dans son portefeuille des clients susceptibles d’être interessés et compatibles avec la cryptographie quantique. ‘

Un degré extrême de sécurité

‘ Aujourd’hui, nous disons qu’il existe différents niveaux d’informations qui nécessitent différents niveaux de sécurité. La cryptographie quantique répond à un degré extrême de sécurité. Une des applications que
nous voyons, par exemple, est le transfert sécurisé de données critiques entre deux entrepôts de données. ‘
Ces centres de données sont en effet souvent reliés par de la fibre optique, un support indispensable pour
transmettre une clé quantique. De plus, ils sont souvent situés assez proches l’un de l’autre. La limite de transmission d’une information quantique sur fibre optique est, en effet, d’environ 70 kilomètres.Autre application possible : le cryptage d’une information sur une très longue durée, puisque la cryptographie quantique est indépendante des progrès en matière de puissance de calcul des ordinateurs.Pour ID Quantique, le prix à payer pour installer des systèmes de cryptographie quantique des deux côtés de la fibre se situe dans une fourchette allant de 50 à 100 000 euros. ‘ Nous pouvons travailler immédiatement sur un projet qu’on nous soumet. Quant à une offre commerciale réelle, ce ne sera pas avant 3 à 6 mois. ‘
Pour une diffusion plus large, auprès
des entreprises de taille moyenne, Grégoire Ribordy table sur un délais d’une dizaine d’années.Concevoir une offre commerciale, c’est aussi l’objectif d’une jeune pousse française en phase de création, Smart Quantum, actuellement à la recherche de fonds. ‘ Nous voulons mettre en place une offre de sécurité globale, au sein de laquelle se trouverait la cryptographie quantique. Notre but est d’agréger différentes solutions. Car la cryptographie quantique n’a de sens
que si elle est proposée dans un cadre global avec différents outils, notamment d’authentification ‘,
confie Frédéric Costé, fondateur de la société.Smart Quantum aimerait recourir de préférence à des solutions européennes, et a discuté dans ce sens avec ID Quantique. Elle envisage aussi à terme de concevoir des prototypes d’équipements télécoms, qui intégreraient ces avancées en
matière de sécurité.

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Guillaume Deleurence