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La copie privée dans la ligne de mire de l’industrie du disque

Menacés par les systèmes de peer-to-peer (comme Kazaa, Morpheus ou eDonkey), les ténors de l’industrie du disque s’apprêtent à tirer à boulets rouges sur tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à de la
piraterie. Quitte à remettre en cause le droit à la copie privée.

Les professionnels du disque, qui se retrouvent du 18 au 23 janvier pour la 37e édition du Midem (Marché international du disque et de l’édition musicale), ont connu des jours meilleurs. Avec des ventes
mondiales en net recul sur l’année 2002 (à l’exception notable de la France), l’industrie du disque vacille sur ses bases.Et ce ne sont pas les débuts balbutiants des services d’abonnements de musique en ligne, PressPlay et MusicNet, qui sont de nature à rassurer les professionnels. Le fait que le nombre d’abonnés à ces services soit toujours
scrupuleusement tenu secret est devenu l’un des sujets de plaisanteries favori du landernau musical.Dans ce contexte, et pour préserver leurs parts de marché, les grands noms de l’édition se sont choisi un coupable idéal : la piraterie. Sur le mode du ‘ Vous n’avez encore rien vu ‘,
ses responsables, et leur figure de proue, Hilary Rosen, la présidente de la RIAA (Recording Industry Association of America), promettent une année 2003 particulièrement agitée aux services d’échanges peer-to-peer comme Kazaa.
Ainsi qu’à tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin, à de la piraterie musicale.

L’utilisateur lambda, responsable de tous les maux

A défaut de pouvoir s’en prendre efficacement aux diverses mafias qui prospèrent sur l’autel de la copie illégale de CD et de DVD, les majors ont donc décidé de s’attaquer à l’utilisateur lambda. Avec une conséquence pratique à moyen
terme : la ‘ redéfinition ‘ du
concept de copie privée.Dans un registre très en vogue, le PDG d’Universal Music France, Pascal Nègre, y est allé de son petit couplet dans une interview au Figaro, en se prononçant pour ‘ une copie
unique ‘
, dont la qualité serait ‘ légèrement dégradée ‘, et en demandant la création d’une commission sur le sujet.Mais ces prises de positions, relayées aujourd’hui par le CLIC (Comité de liaisons des industries culturelle) lors d’une conférence de presse cannoise, ne font pas l’unanimité. A commencer par les organisations de défense des
consommateurs qui, à l’instar d’UFC-Que Choisir?, dénoncent dans ce débat ‘ une campagne acharnée de désinformation, de manipulation de chiffres, et de culpabilisation du public ‘ de la part de
l’industrie du disque.

Le marché de la musique en ligne est encore à inventer

De plus au sein même de cette industrie, des voies discordantes se font entendre. Ainsi le président de l’UPFI (Union des producteurs français indépendants), et patron de Naïve, Patrick Zelnick, prône bien évidemment le respect du droit
des auteurs et des interprètes, mais il souligne que ‘ le premier ennemi du métier n’est pas la piraterie mais l’uniformité ‘.D’autres artistes comme Robbie Williams ont profité de leur passage sur la Croisette pour déclarer que ‘ le piratage était une brillante idée et que cela ne servait à rien de tenter de le
contrôler ‘
…Au final, une chose est sûre, l’avenir de la musique en ligne (qu’elle soit payante ou non) reste une équation à plusieurs inconnues. Comme l’explique Stanislas Hintzy, le directeur général de la filiale française de distribution de
musique en ligne OD2, ‘ le marché de la musique en ligne est en plein défrichage. Et nul n’est capable de dire quelle sera la portée réelle de loffensive anti-piraterie ‘ qui se prépare.

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Philippe Crouzillacq