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La connexion point à point: l’avenir d’Internet

Après avoir développé Notes pour Lotus, Ray Ozzie crée un nouveau type de logiciel collaboratif destiné à l’entreprise: Groove. La solution s’appuie sur les connexions peer to peer et sur le langage XML.

Sans Notes, IBM n’aurait sans doute pas racheté Lotus. Sans Ray Ozzie, Notes n’aurait sans doute pas existé. Trois ans après son départ de chez IBM, Ray Ozzie, surnommé le Père du groupware, revient sur le devant de la scène informatique avec Groove, un logiciel de travail collaboratif et d’échange utilisant des connexions peer to peer.

Groove mélange ICQ et Napster

Groove se trouve dans son mode de fonctionnement à la croisée de la messagerie instantanée ICQ développée par Mirabilis et de l’échange de fichiers, Napster. Proche, mais différent. “Nous avons réalisé que la communication de personne à personne ou de point à point serait la prochaine étape de la technologie réseau”, raconte dans une interview explicative Jack Ozzie, fondateur de GrooveNetworks.” A titre d’exemple, quelque chose d’aussi simple que la messagerie instantanée montre la faculté de chacun à communiquer en “dehors de la bande” quel que soit le lieu où il se trouve, domestique ou professionnel. Nous aurions pu développer un produit vertical qui complète ce type d’application, mais le nombre d’applications possibles nous a obligé à tout repenser. Ce que voulaient les utilisateurs finaux était principalement un espace partageable, facile à maintenir, persistant et instantané. “Un objectif concrétisé par la version bêta de Groove. Une fois installé, ce logiciel permet de créer des groupes de travail ou d’échange sur chaque ordinateur des membres du groupe. Au sein de ces espaces, les membres échangent des données, communiquent en temps réel avec un outil de type IRC (Internet Relay Chat), peuvent, si l’ordinateur est pourvu d’un micro, communiquer par liaison vocale, déposer des documents de tous types et travailler dessus.

Groove permet le développement d’applications

Chaque modification des documents est synchronisée en temps réel sur les ordinateurs des autres membres du groupe, puis stockée au sein d’une base XML, située soit sur le disque dur du client, soit sur un serveur d’entreprise. Pour ce faire, toutes les connexions établies transitent sur un poste unique, celui qui a initié la session, qui les répercute automatiquement sur les autres postes du groupe.Sur le versant sécuritaire, les connexions sont systématiquement cryptées (niveau non précisé), lors du transit des informations par la couche de routage XML, qui assure la distribution des données vers le point final. En utilisant ce type de routage, Groove traverse sans problème les coupe-feu, ce qui permet par exemple de simplifier les échanges entre différents fournisseurs dans le cadre du commerce électronique.Un autre avantage évident de Groove, voulu par son concepteur qui conçoit ce logiciel comme une plate-forme, est sa totale ouverture à l’environnement informatique et, surtout, aux développeurs. Ainsi, les utilisateurs peuvent à loisir ajouter, développer et personnaliser des outils pour Groove en utilisant XML, HTML, voire des langages orientées objet tels Python et Java, JavaScript ou encore Visual Basic.GrooveNetworks met d’ailleurs à disposition des développeurs les outils qui ont servi à l’élaboration du programme, un IDE C++ et Visual Basic.” Nous comptons sur les développeurs pour prendre nos outils comme point de départ à la construction d’outils et d’applications. La mesure de notre succès se fera au vu de la qualité de ces développements “, poursuit Jack Ozzie.

L’outil s’appuie sur XML et des modèles Microsoft

Le programme s’appuie ?” un choix comme un autre ?” sur l’architecture COM (Component Object Model), de Microsoft, vu par Ray Ozzie comme un ” standard destiné à assurer la portabilité intersystème de Groove “. De même, il n’est pas surprenant de voir la forte utilisation de XML et, surtout, du modèle d’échange XML RPC (Remote Procedure Call), soit un jeu d’API qui permet aux logiciels issus de divers environnement d’effectuer un appel sur Internet.Dans ce cas, la couche de transport est HTTP et les données sont encapsulées en XML. Cette utilisation de XML autorise aussi l’utilisation de Groove dans un environnement d’échange SOAP (Simple Object Access Protocol) de Microsoft.Pour l’heure, le logiciel est disponible uniquement pour Windows (une version Linux et Apple devrait arriver sous peu) et fonctionne avec tous types de connexions et réseaux (intranet, Internet…). Une version d’évaluation est téléchargeable sur le site Groove.net.

L’interface fédératrice de Groove se substitue au bureau

L’interface de Groove se présente comme un substitut au bureau. Une fenêtre centrale comporte l’application partagée entre les membres d’un groupe. Il peut s’agir d’un traitement de texte, d’une navigation commune sur des sites Internet, d’un outil de retouche photo… Une vingtaine d’outils sont disponibles dans la version de base, dont un calendrier partageable, une base de contacts, un outil de retouche photo, un traitement de texte, un navigateur Web (motorisé par Internet Explorer), une base de fichiers, divers jeux.Libre à chacun de développer et d’enrichir cette base d’outils. Le passage d’une application à l’autre se fait en cliquant sur un onglet situé en bas de la fenêtre. Une interface de discussion située sous la fenêtre centrale permet aux membres du groupe de discuter en temps réel par IRC. Discussion réalisable aussi par liaison vocale si un micro est installé sur le PC. La colonne de gauche est le tableau de bord de Groove. Il indique quels membres sont présents dans le groupe, qui est connecté ou non, et, le cas échéant, il est possible de lancer une invitation et de créer un espace de partage personnalisable par thématique. Enfin, une aide en ligne est disponible à tout moment. Un outil idéal en intranet.

Un groupe de travail peer to peer est créé

Le 10 septembre dernier, IBM, HP, Intel et de nombreuses start-up, dont GrooveNetworks, ont officialisé la naissance du groupe de travail peer to peer (P2P), signifiant ainsi l’importance de cette technique considérée comme aussi fondamentale que celle du Web pour Internet. Cette technique consiste à créer un superordinateur virtuel en agrégeant la puissance de tous les postes de travail connectés entre eux, soit par Internet, soit par un réseau local. En mutualisant la puissance d’autant de PC, une entreprise peut faire l’économie de serveurs onéreux.Les exemples les plus connus de connexion P2P ou point à point sont les sites de partage de fichiers MP3 Napster, ou Gnutella; ou encore le Seti qui se sert de la puissance des processeurs de milliers de postes répartis dans le monde pour écouter l’univers à la recherche de vie extraterrestre. Ce principe est, on s’en doute, applicable à d’autres types de calcul. Ce peut être dans le cadre d’une entreprise, celui des fiches de paie des employés ou d’un bilan comptable. Outre la puissance du processeur, la répartition point à point autorise aussi le partage de fichiers entre plusieurs postes. Pour un fichier volumineux de type vidéo, plutôt que de le charger sur tous les postes, une machine peut servir à le stocker et tous les utilisateurs connectés peuvent le lire par l’intermédiaire du réseau. Pour partager ce type d’applications, de nombreuses techniques et protocoles peuvent être utilisés. On peut citer OLE, COM et COM+, LDAP, ADO, NFS…

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Fabrice Frossard