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La concentration, seule issue des opérateurs alternatifs

Le secteur des télécoms est à la rationalisation. Pour susciter l’appétit des géants européens, les opérateurs de second plan n’ont d’autre choix que de se regrouper.

La rumeur gronde. Les acteurs secondaires du secteur des télécoms au sens très large ne sont pas à l’abri de nouveaux regroupements. Les analystes s’attendent à ce que les fusions-acquisitions à venir concernent de nombreux opérateurs dits ” alternatifs “, tous marchés confondus (longue distance, commerce de bande passante, réseaux, etc.), qui avaient pour ambition de concurrencer les ex-monopoles depuis la déréglementation de la fin des années 1990.La plupart affichent sur l’année un bilan comptable catastrophique, même s’ils ont profité du rebond boursier de ces dernières semaines. ” Ces opérateurs se sont endettés pour investir lourdement dans des réseaux de fibre optique. La multiplication de ces réseaux a généré une guerre des prix dans le transport de données, ce qui a affaibli les finances des nouveaux venus “, constate Edmond Cohen, président-directeur général de Western Telecom, un opérateur coté au Nouveau Marché et spécialiste de l’hébergement de sites web.

Acheter sans trop dépenser

Au sein de cette armée d’éclopés, les analystes distinguent deux catégories d’opérateurs : les grands et les petits. Les premiers ont retenu l’attention ces dernières semaines. Les investisseurs ont ainsi spéculé sur un mariage entre les Britanniques Colt et Cable & Wireless, qui, comme la plupart des opérateurs alternatifs, sont spécialisés dans le transport de données pour les entreprises.Mais, aujourd’hui, les analystes envisagent un tout autre scénario : ” Tous deux ont d’abord intérêt à continuer à racheter des rivaux plus petits, sans trop dépenser. D’ailleurs, il suffit de se baisser pour les ramasser “, constate Saeed Baradar, analyste chez Bear Stearns.” Les start-up télécoms restent trop nombreuses “, affirme Laurent Balcon, analyste pour l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe). Rien qu’à Paris, on en compte quatre, dont deux sont déjà passés sous pavillon étranger.Phone System (services aux entreprises) est détenu à 85 % par l’Américain Startec Global Communications, lui-même récemment délisté du Nasdaq, tandis que l’Italien Tiscali contrôle 95 % du capital d’Intercall (cartes téléphoniques prépayées).Les deux autres entreprises ne valent plus qu’une bouchée de pain : 3 millions d’euros (19,7 millions de francs) pour le spécialiste de l’hébergement internet Western Telecom et 144 millions d’euros pour l’opérateur de boucle locale Completel, dont la notation financière (B, pour la dette à court terme) vient d’être révisée à la baisse par Standard & Poors.

En quête de valeur ajoutée

L’autre opérateur alternatif en vue chez les analystes est KPN Qwest (réseaux longue distance). Il s’agit d’une coentreprise entre le Néerlandais KPN et l’Américain Qwest. ” Ceux qui comme nous ont levé des fonds à grande échelle dès 1999 ont pris de l’avance et sont en position de force pour réaliser des acquisitions dans les services à valeur ajoutée “, souligne Éric Joulié, directeur général de KPNQwest France.Un point de vue partagé par Claude Olier, chez Colt : “ Les fusions devraient accentuer la tendance à privilégier les secteurs à plus forte valeur ajoutée, comme l’hébergement de sites internet et les “professional services” “.Mais, dans ce domaine, les jeunes pousses ne peuvent faire valoir qu’un modeste portefeuille de clients, que des rivaux plus solides financièrement sont tentés de laisser tranquillement venir à eux. Ce qui fait dire à un analyste que “ les primes d’acquisition sur les opérateurs alternatifs devraient rester très modestes “.

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Nicolas Thiéry