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La Commission européenne veut votre avis sur le futur d’Internet

Hier, 12 avril, la Commission européenne lançait une consultation pour recueillir les avis des citoyens et des entreprises au sujet de l’Internet des Objets. Vous avez jusqu’au 12 juillet pour faire connaître vos positions.

Vingt-cinq milliards de « dispositifs avec une connexion sans fil » déployés en 2015, date à laquelle les utilisateurs posséderont en moyenne sept appareils connectés, contre seulement deux actuellement. Un chiffre colossal qui pourrait devenir pharaonique en 2020 en doublant : soit environ 50 milliards d’éléments connectés !
De ces chiffres, la Commission européenne tire une conclusion d’évidence : la prochaine révolution d’Internet sera celle de l’Internet des Objets (IdO). Ce concept hante la presse et les hautes sphères européennes noamment depuis des années maintenant. Il résume en trois mots l’interconnexion des équipements (domotique, centrale de chauffage, réfrigérateur, etc.), périphériques (PC, smartphones, tablettes, etc.) et produits (vêtements, aliments, etc.) du quotidien entre eux et avec nous, via un accès au Net et à des puces, notamment de type RFID. Autrement dit, il s’agit d’hyperconnecter notre environnement pour tout gérer, tout contrôler, tout surveiller…

La pédagogie par l’exemple

Plutôt que de prendre un exemple, nous vous renvoyons à l’une des vidéos réalisées pour la Commission européenne. Pour synthétiser : un professeur est malade, il le signale, l’information est alors « poussée » vers les réveils des élèves qui devaient assister à son premier cours. La sonnerie est repoussée d’une heure et la cafetière attendra, elle aussi, pour se déclencher. Tant pis si vous aviez décidé de sécher ce cours et d’aller retrouver la femme de votre vie à l’autre bout du monde…

Des questions essentielles, un avenir à définir

Plus sérieusement, l’Internet des Objets semble se dessiner de plus en plus vite. La Commission européenne, qui a reçu un rapport sur les aspects éthiques de l’Internet des Objets, le 21 mars dernier, lance donc une consultation.  Ouverte à tous depuis hier, 12 avril 2012, elle sera close le 12 juillet prochain. Vous êtes donc invité à répondre à un questionnaire (en anglais seulement et c’est bien dommage), qui aborde de nombreuses questions.

La première est celle de la protection et de la sécurité des personnes et de leur vie privée. Ainsi, par exemple, on vous demande si vous seriez favorable à la mise en place d’un système de contrôle et de protection de l’impact des objets connectés. Afin d’éviter que la vie privée des utilisateurs soit exposée, ou utilisée à des fins commerciales, sans leur accord. Imaginez ce que pourrait donner un monde où Facebook rencontrerait des objets communicants capables de dire quand vous rachetez des yaourts nature, du papier toilette ou un pack de 24 cannettes de vodka pomme.

Car, comme l’indique l’étude, certains de ces objets pourront prendre des décisions de manière autonome, sans intervention de l’utilisateur. De là découlent de nombreuses questions éthiques sur la vie privée en particulier, et sur la liberté au quotidien, en général.


Prendre en main l’avenir

A ses interrogations succède logiquement la question d’une gouvernance, d’une autorité de contrôle. Faut-il adopter le même système que pour l’Internet actuel ? Les entités, comme l’IETF et l’ITU, qui gèrent partiellement Internet, seront-elles encore compétentes pour prendre en charge l’IdO ? Car, là où Internet est essentiellement synonyme de dématérialisation, l’Internet des Objets demeure intrinsèquement physique. Faut-il dès lors mettre en place des standards ? De nouvelles structures ?

Voilà quelques-unes des questions que la Commission européenne se pose et vous présente. Et l’enjeu est de taille pour tous. Car, comme le souligne la présentation de la Commission, « pour exploiter le potentiel économique et social de l’IdO, il est nécessaire que tous les acteurs se trouvent sur un pied d’égalité, qu’il n’y ait pas de barrières ni d’utilisateurs exclus ». Or jusqu’à présent, les grands acteurs de l’économie, notamment de la grande distribution, ont déjà pris leur marque dans cet univers hyperconnecté où les objets en disent long, sur eux et vous. Cette consultation est l’occasion pour les citoyens de faire entendre leur voix et de donner leur point de vue. Nous sommes en retard sur les acteurs économiques, il faut rééquilibrer la balance.

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Pierre Fontaine