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La chute de Band-X sonne-t-elle le glas du trading télécoms ?

Le marché du trading de bande passante n’affiche pas une santé à toute épreuve. En France, Band-X met la clé sous la porte, tandis que les américains Enron et Dynegy freinent leur expansion en Europe.

Mauvaise nouvelle pour le trading de bande passante en France : Band-X doit fermer ses portes d’ici à la fin de l’année. “Un nouvel investisseur américain, Accel, devait participer au tour de table à hauteur de 25 millions de dollars et s’est désisté au dernier moment. Notre maison mère a décidé, un peu dans la précipitation, de fermer toutes ses antennes à l’étranger, à l’exception de Londres et de Hong Kong”, confie, très déçu, Charles Orsel des Sagets, p.-d.g. de la filiale France.

Les rois du trading US renoncent

En effet, Charles Orsel des Sagets est dans une situation complexe, puisqu’il est chargé de fermer le bureau parisien et essaie, dans le même temps, de trouver des fonds pour le relancer. Pourtant, il affirme qu’il “était en avance sur ses plans de développement avec un chiffre d’affaires prévu pour 2001 de 5 millions de francs et une profitabilité pour le début de 2003”. Cette annonce n’est-elle pas l’illustration que le marché du trading est loin d’être mûr ?“Le besoin d’échange de bande passante via des places de marché reste fort”, précise Henri Tcheng, responsable télécoms au cabinet Andersen et auteur d’une étude intitulée Le trading de bande passante va-t-il révolutionner le monde des télécoms en Europe ? Mais il reconnaît que “certaines start-up se sont lancées trop tôt” sur un marché pas tout à fait mature.“Notre analyse reste optimiste, mais peut-être que les acteurs les mieux armés sont ceux qui connaissent bien le trading des milieux financiers ou de l’énergie.” Seulement deux acteurs américains, Enron et Dynegy, en cours de fusion, ont depuis quelques mois mis un frein?” sérieux?” à leur expansion européenne dans le trading télécoms. “Dynegy ne pouvait plus prétendre à l’objectivité après avoir racheté Iaxis, et se retrouver en concurrence avec ses propres clients”, explique Charles Orsel des Sagets, qui persiste et signe : “Nous sommes des spécialistes des télécoms, et les autres sont forts dans l’énergie et se rendent compte qu’on ne fait pas des télécoms comme de l’électricité.”

Des opérateurs dubitatifs

De l’autre côté de la barrière, les opérateurs, clients et fournisseurs de ces places de marché ne semblent pas se bousculer pour faire appel aux services des traders. “Nous nous débrouillons très bien via des accords bilatéraux que nous maîtrisons depuis longtemps”, explique l’un d’entre eux. Pour Henri Tcheng, cette position empêche la transparence des prix, et “une plus grande liquidité enrayera la baisse des prix, contrairement à ce que pensent les opérateurs”.“Je m’élève contre l’idée de plus en plus répandue selon laquelle la vente de capacité télécoms est une commodité, au même titre que les bananes”, expliquait Francis Kretz, directeur marketing et ventes de France Télécom Longue Distance. Pour ce responsable, il n’est pas facile de calibrer les produits télécoms. Inexact, selon le cabinet Andersen, qui voit un jeu sombre des opérateurs à empêcher cette standardisation. En attendant, si le marché du trading de bande passante a un avenir, il n’est visiblement pas proche.

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Jérôme Desvouges