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La carte verte allemande: un premier pas insuffisant

Pour combler le déficit de main-d’?”uvre dans les technologies de l’information, le gouvernement allemand accorde 20000 visas temporaires à des spécialistes hors Union européenne à partir du 1er août.

En Allemagne, on la surnomme la ” green card “ allemande. Mais elle n’a pas grand-chose à voir avec son homologue américaine. Elle est censée combler la pénurie de main-d’?”uvre qui freine le développement des technologies de l’information. Le gouvernement allemand prévoit d’en accorder 20 000 à partir du 1er août. Mais l’autorisation de travail sera limitée à cinq ans et les candidats devront prouver qu’ils disposent de revenus supérieurs à 340 000 francs par an ou d’un diplôme d’enseignement supérieur.La ” green card “ version allemande se fixe comme objectif d’attirer les grands cerveaux de la planète. ” Nous devons nous ouvrir aux meilleurs pour éviter qu’ils ne partent qu’aux Etats-Unis “, a martelé le chancelier Gerhard Schröder. Avant d’ajouter : ” Je ne veux pas que l’Allemagne passe à côté d’un boom économique. “Le PDG d’IBM Allemagne, à l’origine de cette initiative, a salué cette décision “indispensable et urgente”. Pour l’éditeur allemand SAP, la mesure permettra de retenir plus longtemps les informaticiens tchèques ou hongrois qui se voyaient souvent obligés, en application des règles administratives, de retourner chez eux après seulement six mois de présence à Walldorf (Bade-Wurtemberg), au siège de l’entreprise.Cependant, beaucoup d’experts estiment que les mesures du gouvernement ne sont qu’un premier pas et qu’elles restent insuffisantes. ” Pour rester compétitive, l’Allemagne doit aller chercher du personnel à l’étranger “, ajoute Willi Berchtold, vice-président de la Fédération des télécommunications et des nouveaux médias (Bitkom). Selon lui, 75 000 postes seraient à pourvoir immédiatement en Allemagne. Si le gouvernement ne poursuit pas son effort, l’Allemagne pourrait, dans deux ans, manquer de 250 000 experts…Dieter Hundt, le président de la fédération patronale (BDA), va encore plus loin en réclamant des visas pour spécialistes dans tous les secteurs d’activité. Alors que les technologies de l’information sont en plein essor et que la libéralisation des télécoms a fait exploser ce marché, l’Allemagne montre qu’elle manque de flexibilité. La décision du gouvernement n’a d’ailleurs pas manqué de déclencher une controverse sur les carences du système universitaire.Les syndicats, peu enthousiastes à l’idée d’ouvrir les frontières alors que le pays compte quatre millions de chômeurs, accusent par ailleurs les entrepreneurs d’avoir négligé la formation du personnel. La fédération des syndicats allemands (DGB) remarque que 37 000 techniciens informatiques et 56 000 ingénieurs sont inscrits au chômage. Pour manifester leur bonne volonté, les industriels se sont engagés à rattraper ce retard en doublant, d’ici à 2003, le nombre de places d’apprentissage.

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Christophe Bourdoiseau, à Berlin