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La carte graphique externe : onéreux gadget ou arme fatale pour gamer ?

Carte graphique externe, Acte 2 ! Ce dispositif un peu particulier, voire marginal, revient au Labo pour une nouvelle bordée de tests et tenter de nous convaincre de son utilité.

Les cartes graphiques externes reviennent à la mode. Leur mission ? Transformer n’importe quel PC fixe ou portable traditionnel en machine de jeu ultime. Sur le papier, la promesse est alléchante. Dans la pratique, elle est soumise à plusieurs contraintes, dont la première et la plus importante : l’impérative présence d’une prise USB Type-C compatible Thunderbolt 3 sur le PC que l’on souhaite booster. Sans cela, point de magie.

Magie qui a commencé à opérer lorsque nous avons eu la chance de recevoir deux couples d’appareils ô combien atypiques : Il s’agissait, pour le premier duo, des Razer Core et Blade Stealth et, pour le second de l’Asus ROG XG Station 2 et de l’hybride Transformer 3 Pro.

Premiers essais peu concluants

Fin d’année dernière, résultats de tests en main, un constat s’imposait : les deux « associations » affichaient un bilan très mitigé. Peu importe la carte graphique que nous montions dans les boîtiers, nous évoquions l’incapacité des ordinateurs ultraportables a correctement exploiter la puissance provenant de la puce 3D, qu’elle soit milieu ou haut de gamme. De fait, difficile pour ces PC de se transformer en bête absolue du gaming. Au mieux, ils pouvaient s’improviser machine de jeu occasionnelle… mais à quel prix !

À lire : GeForce GTX 1080 : nous avons testé la plus puissante des cartes graphiques NVIDIA

D’autant que ces boîtiers étaient annoncés entre 500 et 600 euros vides et les deux ultraportables étaient commercialisés plus de 1300 euros chacun. Une rapide addition nous avait permis d’établir qu’il était plus rentable de s’offrir tout de suite une très bonne machine de jeu, qu’elle soit fixe ou portable, plutôt que de se lancer dans l’aventure carte graphique externe.

En 2017, on remet le couvert

Les boîtiers commencent à arriver dans le commerce. Les moins chers sont annoncés à 300 dollars, comme le AKiTiO Node (que nous devrions rapidement recevoir en test) et les autres collent au tarif prévisionnel compris entre 500 et 600 euros. L’occasion pour nous de refaire quelques tests et confirmer notre première impression. Pour ce faire, nous avons décidé d’établir un protocole de test plus rigide et moins dépendant des plateformes des machines reçues en test et associées aux CGE (cartes graphiques externes).

Nous avons fait appel à une plateforme plus musclée, un NUC Skull Canyon d’Intel, équipée d’un processeur mobile complet et puissant, le Core i7-6770HQ. Nous lui avons offert le concours de 16 Go de mémoire DDR4 et de 1 To de SSD de stockage pour avoir un maximum de débit à tous les niveaux.

Outre la puissance de calcul de la puce haut de gamme, c’est aussi la prise USB Type-C compatible Thunderbolt 3 du boîtier qui nous intéressait. Elle utilise le contrôleur le plus performant du moment, capable de tenir les débits théoriques annoncés à 40 Gb/s, soit 5 Go/s.

LM/01net.com

Pour le rôle de la « CGE de référence », c’est l’Asus ROG Station X2 que nous avons retenue. Nous lui avons greffé une GeForce GTX 1070, sans doute la carte haut de gamme ayant le meilleur rapport performance/prix du moment.

Du côté des jeux, nous avons sélectionné The Division, Rainbow Six : Siege et Rise of the Tomb Raider (ROTB), que nous connaissons bien et qui intègrent une procédure de test automatique.

Précisons que l’ensemble de nos tests a été effectué avec les tous derniers firmwares et versions de pilotes disponibles tant pour le NUC que pour la carte graphique Nvidia.

LM/01net.com

Des résultats plus fiables

Première étape, déterminer les appétences du contrôleur graphique Iris Graphics Pro 580 intégré au processeur, sur nos jeux réglés, afin d’avoir des résultats de référence pour évaluer les gains.

Résultats carte graphique intégrée

  • Sur The Division, en 1080p, profil « Elevé », VSync off : 11,7 images par seconde
  • Sur The Division, en 1080p, profil « Ultra », VSync off : 7 ips
  • Sur Rainbow Six : Siege, en 1080p, Texture UHD, profil « Elevé », VSync Off : 21,5 ips
  • Sur ROTB, en 1080p, profil « Elevé », FXAA, VSync off DX11/DX12 : 21,9 / 12,7 ips

Seconde étape, l’installation de la GeForce GTX 1070 dans la ROG Station X2 d’Asus et la connecter au NUC.

Nous avons ensuite procédé à l’installation des pilotes Nvidia qui, ici, se comportent comme s’ils étaient installés sur un PC portable doté de la technologie Optimus. En clair, cela veut dire qu’en fonction des applications lancées, le NUC décide du contrôleur graphique à employer, celui du processeur ou la GTX logée dans la CGE.

Pour effectuer nos boucles de tests dans les meilleures conditions, nous avons pris le parti de forcer le processeur à n’utiliser que le GPU externe. Précision importante : notre écran est connecté en HDMI au NUC et non à la carte graphique.

Résultats avec CGE et écran branché au NUC

  • Sur The Division, en 1080p, profil « Elevé », VSync off : 59,7 images par seconde
  • Sur The Division, en 1080p, profil « Ultra », VSync off : 49,8 ips
  • Sur Rainbow Six : Siege, en 1080p, Texture UHD, profil « Elevé », VSync Off : 111,5 ips
  • Sur ROTB, en 1080p, profil « Elevé », FXAA, VSync off DX11/DX12 : 67,2 / 68,2 ips

Pas de doute, l’ajout de la GeForce GTX 1070 au travers du boîtier externe est grandement bénéfique à la plateforme. Tant qu’on ne dépasse le 1080p et les profils « Elevé », tout tourne à plus de 60 images par seconde, le sacrosaint palier garant d’une bonne fluidité.

Troisième étape, déchaîner les enfers ! Nous avons branché le câble HDMI directement dans la sortie de la carte graphique car nous avions constaté par le passé que cela changeait un peu la donne.

Nous avons ensuite désactivé le contrôleur Intel intégré dans le panneau « Système » de Windows 10 pour ne laisser que la GeForce GTX 1070 aux commandes.

Résultats avec CGE et écran branché à la CGE

  • Sur The Division, en 1080p, profil « Elevé », VSync off : 68,1 images par seconde
  • Sur The Division, en 1080p, profil « Ultra », VSync off : 55,4 ips
  • Sur Rainbow Six : Siege, en 1080p, Texture UHD, profil « Elevé », VSync Off : 141,4 ips
  • Sur ROTB, en 1080p, profil « Elevé », FXAA, VSync off DX11/DX12 : 79 / 73,2 ips

Là, les résultats sont plus élevés et c’est de loin la meilleure configuration que nous ayons trouvée à force de recherches, expériences de connexions et autres bidouillages logiciels.

Toutefois, il n’y a pas de comparaison possible avec les scores obtenus avec la même 1070 sur The Division et Rainbow Six : Siege à partir de notre plateforme de test dédiée aux cartes graphiques (détaillée ici) avec les mêmes réglages.

Résultats PC classique avec carte graphique équivalente

  • Sur The Division, en 1080p, profil « Elevé », VSync off : 105 images par seconde
  • Sur The Division, en 1080p, profil « Ultra », VSync off : 88 ips
  • Sur Rainbow Six : Siege, en 1080p, Texture UHD, profil « Elevé », VSync Off : 196 ips

Les CGE ont encore des progrès à faire

A la lumière de nos tests, difficile de ne pas reconnaître que les cartes graphiques externes ont un certain potentiel. Peuvent-elles cependant transformer n’importe quelle machine non versée dans l’art de la 3D en PC de jeu ultime ? Pas encore.  Elles pourront agir comme une cure de vitamine C et faire d’un PC bureautique un ordinateur de gaming occasionnel. A condition, aussi, de respecter les bons vieux principes d’homogénéité de plateforme qui régissent le monde du PC depuis des décennies. 

Principes qui peuvent se résumer ainsi : acheter une carte graphique haut de gamme et la mettre dans un PC d’entrée de gamme donnera rarement de bons résultats. L’inverse est vrai également : avoir un processeur haut de gamme, 32 Go de mémoire et leur adjoindre une carte graphique à moins de 140 euros (hors promotion) ne permet pas de jouer aux derniers canons, en Full HD et avec tous les détails à fond. Aucun miracle n’est possible en informatique !

A notre connaissance, aucun véritable ultrabook (13,3 pouces ou 14 pouces) actuel n’est en mesure de se transformer en PC portable gamer digne de ce nom. La plateforme basse consommation utilisée est -presque- toujours la même ! Donc peu importe la marque, ce type de machine n’est pas adapté à cet usage, tout Core i7, mémoire vive à gogo et SSD ultrarapide qu’elle puisse embarquer.

Notre recommandation de l’année dernière demeure inchangée pour ce début 2017. Si vous voulez jouer, même de façon occasionnelle, tout en conservant de la mobilité, craquez plutôt pour un PC portable de jeu nomade comme l’Alienware 13 nouvelle génération, le GS43VR de MSI ou le Razer Blade. Voire pour l’une des machines équipées de la GeForce GTX 1050 Ti qui commencent à arriver petit à petit. Bien sûr, ce conseil s’applique également pour les utilisateurs de mini PC.

A qui se destine la carte graphique externe ?

Dans l’immédiat, sans doute à ceux qui n’ont pas peur de dépenser beaucoup d’argent pour avoir une solution technologiquement innovante mais qui, dans les faits, ne peut pas donner le meilleur d’elle-même. Si les prix n’étaient pas si prohibitifs, nous serions peut être moins catégorique. Mais dépenser presque 600 euros dans un conteneur avec une alimentation et un morceau de carte mère, il ne faut pas pousser !

Quant à parier sur un usage futur, nous préconisons la prudence. Comme nous le rappelions lors de notre précédent article, les essais de CGE ne datent pas de 2016 et ce marché n’a jamais réussi à percer. Si des plateformes spécialement conçues pour être utilisées avec ce type d’appareils voient le jour, il sera toujours temps de se laisser tenter.

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