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La boucle locale radio, une solution d’appoint

La boucle locale radio (BLR) peut techniquement rivaliser avec le DSL. Mais les engagements non tenus de certains opérateurs, ainsi que des limites techniques, soulèvent encore bien des questions.

A l’évidence, la boucle locale radio (BLR) présente des avantages par rapport au DSL. Son débit, qui peut être garanti, atteint déjà 8 Mbit/s en mode symétrique. Sa mise en ?”uvre ne souffre pas des problèmes opérationnels et tarifaires auxquels sont confrontés les candidats au dégroupage. Il suffit d’installer, chez le client, un terminal radio en vue d’une station, dite de base, déployée par l’opérateur. Ce terminal est relié à un boîtier doté d’interfaces Ethernet, série, voire RNIS, afin de relier routeurs et autres PABX. Il peut être partagé par les entreprises d’un même immeuble. Quant à la qualité de service, elle est au moins équivalente à celle du DSL, malgré la nature hertzienne des communications. C’est, en effet, l’intensité maximale des pluies de chaque région qui détermine la distance plafond entre terminal et station de base. En pratique, elle oscille entre 2 et 4 km. Fort d’un bilan technique qui soutient la comparaison avec la paire de cuivre, les premiers opérateurs, Belgacom et FirstMark Communications, ont lancé leurs services en 2001.

Un bilan technique comparable au DSL

Leurs prestations sont comparables à celles des opérateurs DSL ou de ceux qui louaient des lignes Transfix à France Télécom. La boucle locale hertzienne donne ainsi accès aux VPN-IP et autres nuages Frame Relay ; émule des liaisons louées ; interconnecte des réseaux locaux ; et commence à transporter de la voix. Pour bien marquer cette polyvalence, FirstMark a même annoncé une démarche marketing parfaitement identique pour le DSL dégroupé et la BLR.“Que le client choisisse l’un ou l’autre, il ne verra aucune différence, même au niveau des tarifs”, explique Thierry Miléo, directeur général de FirstMark Communications France. Pour autant, la cible n’est pas exactement la même : “Bien que les deux technologies soient complémentaires en ce qui concerne la couverture, nous proposerons plutôt la BLR aux entreprises comptant plus de vingt personnes et dont les besoins sont supérieurs à 1 Mbit/s”, poursuit-il. Ce tableau flatteur présente pourtant quelques zones d’ombre. Il est vrai que la BLR bénéficie du soutien des sept acteurs détenteurs de licences, à comparer aux cinq ayant signé la convention de dégroupage (lire article précédent). Mais, en pratique, la pérennité de leurs offres est incertaine, vu leur difficulté à honorer ces licences. Gilles Bléry, consultant chez Cesmo, affirme que, en fait, “aucun d’entre eux n’a tenu ses engagements de déploiement”. Une conséquence d’un marché qui décolle lentement, avec, en corollaire, un coût des équipements qui peine à suivre la baisse progressive des prix initialement prévue. Ainsi, selon Cesmo, seules deux mille entreprises françaises s’étaient laissées séduire par la BLR à la fin 2001, contre dix-huit mille pronostiquées au début de la même année. En tout cas, ces engagements non tenus ont amené l’ART à lancer un audit des opérateurs de BLR, à l’issue duquel certaines licences pourraient être retirées.Autre problème : le déploiement de la BLR pourrait se heurter à des limites techniques. D’abord, la nécessité d’une ligne de vue entre station de base et terminal réduit la cible potentielle à environ 50 à 70 % des entreprises d’une zone couverte. D’autre part, chaque opérateur s’est vu attribuer, sur la fréquence des 26 GHz, une largeur de bande de seulement deux fois 112 kHz, soit un débit maximal de l’ordre de 120 Mbit/s par station de base, à partager entre tous les clients situés dans une zone d’un rayon d’environ 2 à 4 km. Cette limite n’est, certes, pas absolue. Il est possible de jouer sur les anticipations de probabilités de consommation instantanée de bande passante par n entreprises. “Cela permet d’allouer 500 Mbit/s, quand on dispose seulement de 120 Mbit/s”, estime Thierry Miléo. Ce qui correspond à un demi-millier d’entreprises réparties sur une vingtaine de kilomètres carrés et demandant chacune 1 Mbit/s ?” débit pour l’instant supérieur aux besoins de la plupart des entreprises. C’est à la fois peu et beaucoup. Quoi qu’il en soit, une étude réalisée par le cabinet Cesmo conclut que ces limitations ne laissent à la BLR qu’une fenêtre de commercialisation allant de 2001 à 2006, au-delà de laquelle elle ne sera qu’une technologie d’appoint, malgré de réelles marges de man?”uvre. Ainsi, les opérateurs pourront réduire la taille des zones en augmentant le nombre de stations de base. Mais cela gonflera d’autant les coûts de déploiement, même quand les stations initiales auront été amorties. Olivier Tassin, responsable du support technique avant-vente pour la BLR chez Lucent, évoque une autre ouverture : “Le passage de quatre à seize états de phase permettra à l’avenir de doubler la bande passante.” Et, rien n’interdit de penser que l’ART accordera des fréquences supplémentaires. Une autre bande est d’ores et déjà allouée, pourra-t-on alors argumenter : celle des 3,5 GHz (avec une largeur de 2 fois 15 MHz), pour laquelle des licences ont été attribuées à FirstMark et à Squadran (désormais filiale de LDCOM).

Le coût des terminaux encore trop élevé

Cette bande semblait mieux adaptée à la cible résidentielle, mais l’équation économique tarde à trouver sa solution. “Nous pensions concurrencer l’ADSL, mais le coût des terminaux dépasse encore 915 ?. D’ici un an, des produits à moins de 610 ? pourraient nous permettre de passer à la commercialisation “, affirme Thierry Miléo. À condition, bien sûr, que l’ART patiente jusque-là.

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Thierry Lévy-Abégnoli