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L’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, victime d’un piratage massif

Des fichiers volés dans les boîtes mail de membres d’En Marche se retrouvent en ligne, mélangés à des faux documents.

Le scénario à l’américaine tant redouté a bien eu lieu, et cela à un jour du scrutin final. Dans un communiqué publié dans la nuit du 5 au 6 mai, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron explique avoir été victime « d’une action de piratage massive et coordonnée ». Dans la soirée du vendredi, de nombreux documents provenant apparemment de membres d’En Marche ont été publiés sur Internet. « Les fichiers qui circulent ont été obtenus il y a plusieurs semaines grâce au hacking de boîtes mail personnelles et professionnelles de plusieurs responsables du mouvement. Ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiques nombre de faux documents afin de semer le doute et la désinformation », explique le communiqué d’En Marche.

Pour le mouvement politique, il s’agit là clairement d’une « tentative de déstabilisation démocratique, comme cela s’est déjà vu aux Etats-Unis pendant la dernière campagne présidentielle ». L’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a saisi la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l’Election présidentielle (CNCCEP). Celle-ci va se réunir aujourd’hui, samedi 6 mai. Dans un communiqué, l’autorité demande aux organes de presse de « ne pas rendre compte du contenu de ces données », tout en rappelant que « la diffusion de fausses informations est susceptible de tomber sous le coup de la loi, notamment pénale ».

L’œuvre de Pawn Storm, alias APT28 ?

Ce piratage ressemble beaucoup à ce qui s’est passé pendant l’élection présidentielle américaine. A la suite d’un piratage de boîtes mail de membres du Parti démocrate, une quantité importante de documents s’était retrouvée sur la Toile, notamment par l’intermédiaire de Wikileaks. Les autorités américaines ont clairement accusé le gouvernement russe d’être à l’origine de cette opération de déstabilisation.

Dans le cas du piratage d’En Marche, le modus operandi est tout à fait similaire à ce qui s’est passé aux Etats-Unis. Qui plus est, un rapport de la société japonaise TrendMicro avait montré fin avril que l’équipe de campagne du candidat avait été dans la ligne de mire des hackers russes de Pawn Storm, alias APT28. Une organisation que les experts en sécurité soupçonnent d’être l’émanation du service de renseignement militaire russe (GRU), et qui était déjà citée dans le piratage de l’élection américaine.   

Ces vraies et fausses informations font déjà l’objet de nombreux partages sur Twitter, sous le mot-clé #MacronLeaks. Ils sont – là encore – diffusés par Wikileaks, qui affirme procéder à une « vérification des documents ».

Ces documents qui traînent sur Internet sont à considérer avec beaucoup de discernement. La récente fuite sur le prétendu compte offshore d’Emmanuel Macron a montré que les faussaires sont à l’œuvre. D’après Numerama, le fichier PDF diffusé sur le forum 4chan était le résultat d’un trucage grossier.

Ce qui est préoccupant, c’est que ce piratage ait pu avoir lieu alors que tous les acteurs étaient en alerte maximale. Le président de la République avait demandé « une mobilisation de tous les moyens nécessaires de l’Etat ». Au sein de l’équipe d’En Marche, on assurait que les consignes de sécurité étaient draconiennes. L’ANSSI, l’agence nationale en charge de la sécurité informatique, a également été réquisitionnée en renfort pour éviter ce genre d’ingérence. Et pourtant c’est arrivé.

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Gilbert KALLENBORN