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Kung-fu master en cinq leçons

L’informaticien blafard, gavé de pizzas, solitaire et sédentaire au dernier degré, a vécu. Les méthodologies de développement véhiculent désormais des valeurs de courage, de respect et d’agilité.

On les croyait définitivement perdus pour l’illumination. Les développeurs, spécialistes de bases de données et autres chefs de projets vont pouvoir taper dans le code à coups de retournés sautés. La bonne nouvelle n’arrive pas du Japon, ni même de Chine ?” on reste dans l’informatique… ?” mais d’outre-Atlantique.Depuis deux ou trois ans fleurissent là-bas les méthodologies de développement ” légères “, qui sont devenues ” flexibles ” et qui semblent aujourd’hui avoir trouvé leur rythme de croisière avec le qualificatif impressionnant ” d’agile “. Dénommées Extreme Programming, Crystal, SCRUM ou Adaptive Software Development, elles débarquent en France avec une philosophie à tout casser. Elles forment l’ alliance agile et nous donnent cinq leçons à méditer.Leçon numéro un : adaptation. aïkido plutôt que karaté, les méthodologies agiles prônent l’approche en biais ainsi que les coups brefs et répétitifs. Traduction en français de l’informatique : itérations courtes à tous les niveaux, tests fréquents codés avant le logiciel et, surtout, grande nouveauté qui va faire mal, s’adapter plutôt que chercher à prédire. Finies les spécifications de trois cents pages pour un logiciel de dix lignes, nous sommes dans le royaume du ” juste à temps “, du ” avant l’heure c’est pas l’heure ” et du ” cahier des charges évolutif “.Leçon numéro deux : simplicité. Pour penser ” agile “, il vous faudra penser simple. L’infâme Murphy, mis K.-O. du tranchant de la main, peut aller se rhabiller. Désormais, on se demande ” Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? ” Après avoir été oubliée pendant des décennies, l’expression paraît surannée. Bref, pas la peine de sauter dans tous les sens, ni de s’agiter pour tromper l’adversaire, soyez précis, visez Murphy au plexus ! Le cri de guerre de la programmation agile : ” YANGNI ! “ (You Are Not Gonna Need It)Leçon numéro trois : courage. Face au gang de loubards qui veut vous mettre en pièces, la seule solution raisonnable c’est la fuite, nous sommes tous d’accord. Avec l’agilité, vous les attaquez. C’est suicidaire, on est d’accord, mais traduisons. Les loubards, ce sont vos chefs. Vos billets de banques et vos chaussures toutes neuves, ce sont vos erreurs de conception, modifications inutiles et autres bassesses de codage. Sous l’angle du courage, mieux vaut vous délester rapidement si vous ne voulez pas d’ennuis.Leçon numéro quatre : respect. Pas la peine de faire des courbettes au risque de se prendre une claque. Soyez juste sereins, communiquez pour éviter la confrontation. L’adversaire traditionnel, le client, deviendra votre meilleur ami. Aidez-le, il vous aidera.Leçon numéro cinq : tout est dans tout et inversement. Fatalement, il fallait bien finir par une sentence bouddhiste. L’agilité est orientée objet et l’objet englobe. Les maîtres de l’Extreme Programming affirment que vous embrasserez l’univers du logiciel à force d’agilité. Autrement dit, l’agilité aide à l’abstraction.La route sera longue pour passer de Merise, d’UML, ou même d’Unified Process, à la programmation agile. Pour devenir le ” kung-fu master ” en développement logiciel que vous méritez, il faudra passer par ces cinq étapes et renier vos habitudes tranquilles. Certains, aujourd’hui, en France, affirment haut et fort avoir découvert le vrai moyen de développer avec passion. D’autres regrettent que l’agilité ne soit pas applicable à leurs armées d’informaticiens.Alors, si vous êtes ou rêvez de devenir un ” kung-fu master “. Que vous estimez déjà en être un et que vous ne vous êtes pas reconnus. Donnez votre avis ou écrivez-moi, jaimerais comprendre…Prochaine chronique le lundi 4 juin 2001

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Philippe Billard