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Kiva popularise le microcrédit façon Web 2.0

Soutenu par les géants de la Silicon Valley, le site utilise les réseaux sociaux pour inciter les internautes à financer de petits entrepreneurs des pays en voie de développement.

Patience Afari Agyei gagne sa vie en vendant des bonbons et des biscuits à Kaputo, au Ghana. Elle voudrait ouvrir sa propre boutique, mais manque de fonds. Rachel, Rebecca et Thomas aux Etats-Unis, Matthijs aux Pays-Bas, Jay
et Alice à Singapour et bien d’autres ont décidé de se cotiser pour l’aider à réunir les 850 dollars nécessaires à l’achat de son commerce, après avoir découvert le projet de Patience sur le site
Kiva. Au 26 mars dernier, elle avait réuni la totalité du montant de son prêt, qu’elle s’est engagée à rembourser sur un an.‘ Kiva ?” unité, en swahili ?” est un site à but non lucratif sur lequel chaque personne disposant d’un accès Internet et d’une carte bancaire peut choisir de prêter de l’argent à
taux zéro à des centaines de micro-entrepreneurs originaires d’une trentaine de pays en voie de développement ‘,
explique Premal Shah, président de Kiva.

Soutenu par un prix Nobel de la paix

Créé à San Francisco en octobre 2005, Kiva a vu sa popularité décoller après l’attribution en 2006 du prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus, créateur de la Grameen Bank, l’organisme de microcrédits qui permet
aux paysans pauvres du Bangladesh d’emprunter de petites sommes à un taux très bas.‘ Avant la création de Kiva, il était très difficile pour un particulier de prêter son argent à un micro-entrepreneur. On pouvait faire un don, mais pas investir. Kiva liste les entrepreneurs à la recherche
d’un capital à faible coût. Il rassemble les principales caractéristiques gagnantes d’Internet : les communautés, le paiement en ligne, les liens entre les différents participants, la possibilité de mettre en ligne son
histoire ‘,
poursuit Premal Shah.Se définissant comme un ‘ site philanthropique 2.0 ‘, Kiva surfe sur l’engouement suscité par les réseaux sociaux en ligne. En particulier ceux qui vivent de la bonne volonté
des internautes, à l’image de Wikipédia. En quelques clics, l’investisseur crée son profil, choisit les personnes à qui prêter de l’argent et finalise la transaction grâce au paiement sécurisé par Paypal. Le site s’appuie sur un
réseau d’ONG présentes dans les pays en voie de développement et qui sélectionnent les projets viables. En théorie, l’argent est remboursé en six à douze mois. En pratique, aucun emprunteur n’a pour l’instant failli à son
remboursement.

Des fonds provenant d’une centaine de pays

Outre ce retour sur investissement, la première motivation des bailleurs reste la générosité, selon le créateur de ce projet : ‘ Les gens veulent faire le bien, mais ils veulent être sûrs que leur argent fera
la différence. Kiva garantit une transparence qui séduit les prêteurs : on sait où va l’argent, à qui on prête. Par ailleurs, à intervalles réguliers, l’emprunteur informe le prêteur des progrès réalisés grâce à son
argent. ‘
Les fonds prêtés sur Kiva proviennent d’une centaine de pays, l’Europe de l’Ouest et la Scandinavie ayant été les premiers à participer au projet.Son succès tient également au soutien des grandes compagnies de la Silicon Valley, qui ont donné au site les moyens nécessaires pour se lancer : ‘ Paypal, pour qui j’ai travaillé pendant six ans, offre
la gratuité des transactions, ce qui est absolument vital pour garantir que la somme prêtée est celle dont dispose effectivement l’emprunteur ‘,
rappelle Premal Shah. Google, lui, contribue grandement au succès de
Kiva : la publicité gracieusement offerte génère 25 à 30 % du trafic du site. La bannière publicitaire de Kiva est vue environ 40 millions de fois par mois sur YouTube. Quant à MySpace, il a largement inspiré les différentes fonctions
qui animent le réseau social de Kiva. ‘ Le soutien de ces entreprises nous a donné le coup de pouce nécessaire pour débuter, car à moins d’avoir suffisamment de bailleurs, aucune ONG n’aurait voulu
s’associer au projet. De même qu’il nous fallait suffisamment d’emprunteurs pour attirer les prêteurs. ‘
A ce jour, plus de 40 000 personnes ont prêté 3,3 millions de dollars à environ 5 000 emprunteurs.

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Hélène Labriet