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Kazaa livre ses fichiers à la barre

Des documents confidentiels produits en audience démontrent la capacité de Kazaa à savoir exactement ce qui se passe sur son réseau. Le système permettait de récupérer des données sur les utilisateurs à des fins commerciales.

C’est un peu comme visiter les cuisines et y faire quelques découvertes peu ragoûtantes. Au quinzième jour d’audience du procès opposant, en Australie, Kazaa à l’industrie du disque, le juge a décidé de lever le secret qui protégeait
des documents jusque-là confidentiels. Parmi eux, les détails du fonctionnement du moteur de recherche de Kazaa.Dans ces textes, on voit Anthony Rose, le directeur technique d’AltNet, le fournisseur du contenu légal accessible sur Kazaa, expliquer quoi faire à Priit Kasesalu, développeur de la société estonienne Bluemoon Interactive qui a créé la
plate-forme. Kazaa appartient aujourd’hui à la société australienne Sharman Networks.Or, AltNet et Sharman Networks sont supposées être deux sociétés indépendantes. La première est simplement censée utiliser le logiciel de la seconde pour diffuser du contenu musical légal pour le compte des maisons de disques. Mais, les
documents confidentiels démontrent des liens entre les deux sociétés beaucoup plus étroits que le simple partenariat généralement invoqué. En fait, il apparaît qu’Anthony Rose propose et que Priit Kasesalu exécute.

La plate-forme est devenue un gigantesque spyware

Cela commence par les différentes manière de mettre en avant, dans les listes de résultat aux requêtes d’internautes, des fichiers légaux payants fournis par les maisons de disques et envoyés sur Kazaa par Altnet, appelés
‘ sponsored files ‘ (fichiers sponsorisés).Le plus édifiant consiste en un ensemble de fonctions transformant Kazaa en véritable outil de reporting pour Altnet. La plate-forme s’avère en effet capable de fournir toutes les statistiques concernant les fichiers sponsorisés.
Recensement des fichiers sponsorisés affichés dans une liste de résultat, de ceux que les internautes ont choisis de télécharger, de ceux qu’ils ont écoutés… Les documents produits par le juge expliquent noir sur blanc que ces statistiques
seront envoyées sur un serveur d’Altnet ‘ de la même manière que les statistiques sur les bannières de publicité ‘.Si certains utilisateurs accusaient Kazaa de contenir des spywares, son développeur Priit Kasesalu signale, toujours dans ces documents, que cette fonction de reporting va transformer la plate-forme elle-même en un gigantesque spyware.
Avec pour conséquence, si cela se sait, que les utilisateurs la désertent pour d’autres.Mais Priit Kasaselu soulève un autre problème, d’ordre juridique cette fois et en plein dans le sujet de ce procès : avec de telles statistiques, ‘ on peut avancer contre nous comme argument que nous savons
qu’il y a des contenus protégés par le droit d’auteur téléchargés sur notre réseau et conclure que nous devons installer des filtres ‘.
Priit Kasesalu reconnaîtrait ainsi que pouvoir remonter des informations à partir des
fichiers légaux signifie que, techniquement, il pourrait faire de même avec les fichiers illégaux. Ce qua toujours nié Sharman Networks.

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Arnaud Devillard