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Kalisto Entertainment dans la tourmente

Après deux années bénéficiaires, l’éditeur de jeux traverse une zone de fortes perturbations. Au mois de février, sa valeur boursière s’est effondrée d’environ 66 %. En attendant les résultats de l’exercice 2000, l’entreprise a demandé la suspension de la cotation du titre.

Le cru 2000 du bordelais Kalisto aurait-il un arrière-goût de vinaigre ? Il faudra attendre la publication des résultats de l’exercice 2000, repoussée au 12 mars, pour le savoir. Toutefois, tous les indicateurs sont désormais au rouge.Depuis le 15 février, l’action cotée au Nouveau Marché (code Sicovam 7315) s’est dépréciée des deux tiers de sa valeur pour atteindre 5,84 euros, contraignant Kalisto à demander à la COB une suspension de la cotation dès le 1er mars. Le marché boursier met en doute l’objectif de 170 millions de francs de chiffre d’affaires annoncé en octobre 2000, d’autant plus qu’il s’accompagnait de perspectives d’un fort développement dans le domaine du on line.

Une délicate transition vers les jeux en ligne

Cryo Interactive, Cryo Networks, Infogrames, Titus Interactive, Ubi Soft… Tous les éditeurs de jeux français subissent de plein fouet le phénomène de désaffection du secteur des jeux vidéo. Cependant, la société du charismatique Nicolas Gaume paye un plus lourd tribu en raison de son modèle économique.Contrairement à Infogrames qui joue sur plusieurs tableaux (développeur, éditeur, jeux en ligne avec sa filiale infogrames.com, jeux sous licence avec, en autres, Hasbro…), Kalisto est un pur studio de création d’applications interactives. Il vend son expertise technologique et ses produits à d’autres acteurs du monde des loisirs (comme Cryo Interactive par exemple). En conséquence, la déconfiture des secteurs des télécommunications et des jeux vidéo se répercute instantanément et s’amplifie sur ce premier maillon de la chaîne plus fragile.De plus, Nicolas Gaume a été obligé de parier et d’investir sur les nouvelles technologies. En octobre 2000, il déclarait : “L’avenir, ce sont les jeux en ligne, sur Internet, et chez Kalisto, l’avenir c’est aujourd’hui puisqu’en 2000, 25 % du chiffre d’affaires auront été générés par le on line “. A l’époque, Kalisto faisait la promotion d’une version du jeu Ultim@te Race, destinée à démontrer les capacités de transmission à haut débit du système satellite SkyBridge.La technologie WAP cherchait ses premiers clients, l’UMTS était annoncé comme le prochain eldorado et les jeux la ” killer application ” qui alimenteraient ces nouveaux tuyaux. Malgré l’e-krach, Kalisto a multiplié ces derniers mois les accords de partenariat avec plusieurs opérateurs télécoms et Internet en vue de développer des jeux multiplate-forme, on line et off line, tels que la course de taxis futuristes New York Race 2215, inspirée du film de Luc Besson Le cinquième élément et coproduite avec Gaumont Multimédia et Wanadoo Edition.Kalisto a également misé sur l’UMTS en s’associant avec Alcatel pour concevoir des applications interactives adaptées aux performances du réseau de communication mobile de troisième génération. Si Kalisto arrive à plier tel un roseau, il sera effectivement l’un des acteurs majeurs du jeu en ligne sur Internet, la télévision interactive ou le téléphone mobile.Dans le cas contraire, comme pour son concurrent Eidos, le marché invalidera le modèle économique consistant à rester indépendant tout en étant en amont de la chaîne d’édition et de distribution des jeux.

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Augustin Garcia