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Kali, la websérie supervisée par l’ex-auteur des Guignols de l’info

Bruno Gaccio, président de La Fabrique chez Canal+, revient sur le concept de Kali, la première websérie de la chaîne, diffusée gratuitement sur le Net.

Une femme d’une trentaine d’année se réveille un peu sonnée dans l’Eurostar à destination de Paris. Elle a perdu tout souvenir, jusqu’à son nom. Alors que de mystérieux personnages suivent ses faits et gestes, la jeune Anglaise arrive gare du Nord, où l’attend un comité d’accueil. Des hommes armés, qu’elle neutralise sans mal…

Kali, est l’héroïne de la websérie du même nom, produite par La Parisienne d’Images, sous la direction de Bruno Gaccio pour La Fabrique, l’unité de fiction de Canal+ (*). Au total 12 mini-épisodes de 6 minutes environ seront diffusés gratuitement sur un site Web dédié. Puis, en décembre prochain, ils seront réunis en une version longue de 90 minutes pour un passage sur la chaîne cryptée.

D’ici là, les internautes auront pu suivre les aventures de Kali, soldat amnésique truffé de nanotechnologies au rythme de deux épisodes par semaine, le lundi et le jeudi. Le premier opus a été diffusé ce 19 octobre. Explications avec Bruno Gaccio, ex-auteur des Guignols de l’info, aujourd’hui président de la Fabrique.

01net. : Pourquoi une websérie ?
Bruno Gaccio :
Comme tous les médias, Canal+ cherche à établir une convergence entre la télévision et le Net. Mais comment produire une série sur le Web, quand il n’existe pas de modèle économique ? Une série avec des images de qualité coûte beaucoup trop cher pour être amortie sur le Web. Comment faire des images de qualité que nous donnerions en exclusivité sur le Net ? Pour répondre à cette problématique, nous avons fait le pari de concevoir une série à la fois pour Internet et la télévision. Des mini-épisodes de 6 minutes environ seront diffusés sur un site dédié en avant-première avant d’être réunis en version longue et cryptée pour la chaîne. C’est le devoir de La Fabrique [une unité de production de Canal+ chargée de découvrir de jeunes auteurs, NDRL] de faire ce genre d’essais.

Le sujet s’y prêtait aussi, non ?
Effectivement la corrélation entre le Web et les nanotechnologies était presque naturelle. En parallèle à la diffusion des épisodes de Kali, nous allons mettre en ligne des informations sur les nanotechnologies, qui sont déjà à l’œuvre dans notre réalité, et sur le transhumanisme [l’héroïne est un soldat amélioré, truffé de nouvelles technologies, NDRL].

Quels sont les avantages de produire une série sur le Web ?
Il n’y a pas d’avantages, mais que des inconvénients à produire une série pour le Web. Chaque euro investi dans une fiction de qualité sur le Net est un euro perdu. Si Kali avait été diffusée uniquement sur Internet, nous n’aurions pas pu faire une websérie de cette qualité. Ce choix ne nous a pas facilité la tâche. C’est compliqué de dire à un auteur d’écrire à la fois pour la télévision et pour le Web. D’autant que certains ont une vision régressive de ce qui est produit sur Internet. Qui plus est, la narration pour les deux médias est différente.

Justement quelles sont les différences d’écriture entre les deux supports ?
L’écriture dans une série télévisée est linéaire. C’est une histoire telle qu’on les raconte. On pose un enjeu, avec des bons et des méchants. Chacun a des objectifs différents. Le téléspectateur doit s’attacher au héros, l’aimer, avoir peur pour lui. Le Net ne répond pas à la construction classique de la télévision. On pose un personnage, dont l’internaute ne sait rien. Le héros se suffit à lui-même car l’épisode est très court, entre six et huit minutes maximum. L’internaute s’attache au personnage principal sans savoir qui il est.

En mettant gratuitement les épisodes de Kali à disposition sur le Web, avant la diffusion sur la chaîne ne craignez-vous pas une désaffection des téléspectateurs ?
C’est une crainte que j’éprouve, mais il appartient à La Fabrique de réaliser ce type d’essai. Sur le Web,  d’habitude, on montre des interviews des acteurs, du réalisateur, les making of. Nous avons fait un choix différent. Nous espérons que ceux qui auront vu Kali sur le Web auront la curiosité de la regarder en une seule fois à la télévision pour voir ce que cela donne. Nous espérons aussi que les deux publics s’aditionnent.

La chaîne est diffusée par la publicité et les abonnements, pourquoi ne pas avoir fait le pari du payant en ligne ?
Par ce que nous ne sommes pas certains d’avoir un nombre significatif d’abonnés ou d’internautes prêts à payer sur le Web. Il valait mieux donner cette série. Il y aura peut-être un jour un modèle économique réel sur Internet. Une des voies pourrait être le placement de produits [publicités déguisées dans les films, NDLR], mais personnellement, je n’en suis pas très fan.

(*) Article corrigé le 20 octobre. Contrairement à ce que nous avions écrit, Kali n’est pas produit par La Fabrique mais par Gille Galud pour La Parisienne d’Images.

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Propos recueillis par Hélène Puel