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Julie Demarigny (Warner Music France)

‘ Nous n’abandonnons pas les DRM, nous sommes garants des droits de nos artistes ‘

Bonjour à toutes et à tous, nous avons le plaisir d’accueillir Julie Demarigny, directrice du département numérique de Warner Music France.


Bonjour.zebulon : Aujourd’hui, le numérique représente combien de votre activité musicale ?


Environ 10 %.louloute : Quel est l’impact du ‘ peer to peer ‘ sur les ventes de vos artistes ?


On ne peut pas rattacher les baisses des ventes de disques uniquement au phénomène du P2P. Plusieurs facteurs entrent en jeu dans la baisse de nos ventes, et les échanges de fichiers de nos artistes sur le P2P en font partie effectivement.theyack : Quels sont les raisons de la baisse des ventes du marché de la musique enregistrée ?


La gravure de CD, les habitudes de consommation des nouvelles générations, l’apparition de nouveaux supports, de nouveaux modes de découverte et d’échange de musique, il n’y a pas que le P2P.Anthony44 : Selon vous, à quand la mort du CD ?


Personne ne peut savoir, certaines études envisagent la disparition de ce support en 2012, mais disparition du CD ne veut pas dire disparition de la musique et de sa commercialisation, nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle ère,
des modèles se dessinent peu à peu.ThomasEtienne : A quand le téléchargement gratuit et légal contre des publicités lors du téléchargement (comme l’a prévu Universal, je crois) ?


Comme l’avais prévu Universal, je crois 😉 Mais il y a certains modèles ‘ d’ad-supported ‘ tout à fait valables, comme par exemple le partenariat que nous venons de signer avec
DailyMotion…cdcd : En quoi consiste votre job exactement ???


Analyser les tendances du marché et développer les formes de nouveaux business associées à notre activité (contenu embarqué, ad-supported, B2C, communautés…).theyack : Quels sont justement les modèles qui vous paraissent les plus en conformité avec les nouvelles habitudes de consommation et économiquement viables ?


Les plates-formes communautaires offrent de nombreuses opportunités, au niveau artistique, pour la découverte de nouveaux talents; et au niveau promotion et développement de nos artistes : rien de mieux qu’un MySpace, un SkyBlog, ou
un Groupe sur DailYmotion pour capter les tendances du moment. Beaucoup de modèles émergent, l’ad-supported en est un parmi d’autres.Anthony44 : Vous arrive-t-il, vous qui travaillez chez Warner, de télécharger ‘ illégallement ‘ de la musique en P2P ? Si oui, pour quelles raisons ?


Il m’arrive d’utiliser certains outils P2P pour échanger des fichiers non musicaux sans valeur marchande, il m’arrive aussi d’assurer une veille sur nos titres pour voir s’ils sont disponibles sur ces plates-formes afin de lancer des
mesures de protection.iTunes : A quand un accord avec iTunes ?


Déjà signé depuis le lancement d’ITMS, tout notre catalogue est disponible.ectoplasme : A quand la fin des DRM ?

sacha : Assistons-nous actuellement à la mort des DRM ?

soulshockmusic : Allez-vous abandonner totalement les DRM ?

kirk :Qu’en est-il de l’abandon progressif des DRM ?


Nous n’abandonnons pas les DRM, nous sommes garants vis-à-vis de nos artistes de la protection de leurs droits sur les ?”uvres.dr beat : Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?


Une position innovante et dynamique sur le digital, une structure adaptée à tous ces nouveaux modes d’échange légaux et de consommation.melvin : Y a-t-il eu des chanteurs ruinés à cause du P2P ?


Des chanteurs… difficile à évaluer. Mais tous les acteurs sont touchés : des labels indépendants aux majors en passant par les petits disquaires, producteurs de clips…mAnuS : Des CD moins chers, ne serait-ce pas une bonne méthode contre le piratage ?


Le CD est le produit dont le prix a le plus baissé durant ces dernières années, la TVA à 5.5 % nous aiderait aussi beaucoup.soulshockmusic : Est-ce que la musique financée par la pub a un avenir et un intérêt pour une major dans la mesure où cela pourrait remettre en cause les contrats d’artistes vendeurs et historiques ?


La musique financée par la pub est un des canaux de revenus possibles, l’ad-supported à la DailyMotion n’est pas la seule forme de revenus publicitaires sur laquelle nous travaillons. La synchronisation de spot de publicité par la musique
de nos artistes en est un autre, historique. Ces modes de distribution ne seront lancés qu’en accord avec les artistes.thomasetienne3 : Que dire du fait que l’on paie une taxe sur la copie lorsque l’on achète un support numérique gravable ?? A qui est redistribuée cette taxe, comment évalue-t-on la répartition de cette somme ?



Elle ne compense pas les pertes liées à la copie des ?”uvres des artistesmelvin : Le téléchargement a-t-il évolué depuis ses débuts ?


Régulièrement, tant sur l’offre, la diversité des services, les innovations et le nombre d’adaptations de ce type de distribution qui évolue avec le taux d’équipement des consommateurs (haut-débit, baladeurs, 3G…).gabrielreiko : Vous dites que vous êtes les garants des droits de vos artistes et donc que vous ne voulez pas abandonner les DRM. Mis à part le fait que les DRM ne sont pas des garanties très fortes de protection de droit
puisque très facilement ‘ crackables ‘, n’est-ce pas aussi dommage pour vos artistes de ne pas être présents sur des réseaux de distribution qui vendent des fichiers MP3 comme Emusic et qui marche très fort aux
Etats-Unis ?



Nous ne sommes malheureusement pas responsables des problèmes d’interopérabilité créés par les fabricants de baladeurs.ectoplasme : Que faites-vous pour enrichir l’offre éditoriale des produits téléchargeables ?


Je ne suis pas certaine de comprendre ce que vous entendez par ‘ éditorial ‘. En revanche, je peux vous dire que nous travaillons dès l’entrée en studio des artistes en étroite collaboration avec eux afin de
produire un maximum de contenus inédits, exclusifs et dédiés à l’offre numérique (vidéo, sonnerie, titres inédits, livret interactif, etc.).ThomasEtienne : Mondialisation et téléchargement… N’avez-vous pas peur que le public aille télécharger ses médias via des pays où l’offre serait bien moins chère ?


Les plates-formes légales respectent les droits de nos artistes et un certain niveau de rémunération identique dans chaque pays.theyack : Vous qui avez aussi travaillé chez Sony Music, constatez-vous des différences entres les éditeurs dans leur approche du marché numérique ?


Eeennnnnooooorrrrmmmmmmeeee !camille : Quelle est la position de Warner Music par rapport à DADVSI ? Etiez-vous pour l’amende pour les internautes qui téléchargent sur le ‘ peer to peer ‘ ?


Les majors via le Snep ont toutes la même position sur ce point, notamment sur la piraterie organisée et créatrice de business pour les pirates.ThomasEtienne : Société et technologie sont plus que liées. L’une faisant évoluer l’autre. Que pensez-vous du fait que ces dernières années la technologie évolue de plus en plus vite et que la société a de plus en plus de mal
à l’intégrer ? Je parle des personnes ayant déjà eu du mal à passer du vinyl au CD. Quel avenir pour ces personnes qui n’ont pas Internet et qui ne pourront jamais y accéder ? Seront-elles privées de musique ?



Les ventes de supports physiques représentent encore aujourd’hui 90 % de notre business. Je pense qu’il est un peu prématuré de parler de la mort du CD même si le vinyl est un support qui n’est plus commercialisé systématiquement pour
chaque sortie, il y a toujours de nombreux adeptes.NouilleTekInformatiq : Vous dites que vous n’êtes pas responsables des problèmes d’interopérabilité mais pourtant vous êtes les mieux placés pour y pallier, non ? Vous avez la possibilité de proposer plusieurs formats
d’encodage sécurisé.



Nous livrons les contenus dans tous les formats demandés par les plates-formes légales de distribution. Si les plates-formes acceptaient de commercialiser les titres dans un format intéropérable sur tous les supports, nous ne pourrions que
les encourager.soulshockmusic : Continuerez-vous à travailler avec les labels indépendants sous les formes de licences et de distribution telles que pratiquées actuellement ? Ou est-ce qu’une autre forme de collaboration devra être
envisagée pour permettre l’exposition dans les médias classiques, télé et radio ?



Oui. D’autant plus que nous pouvons les aider à renforcer leur présence tant sur les médias traditionnels que sur les nouveaux.ectoplasme : Comment percevez-vous le rôle joué par les développeurs de software (Apple et Microsoft) dans le milieux musical ?


Quels types de software ?marina : Pourquoi ne pas mettre vos morceaux en MP3. J’en ai acheté sur une plate-forme légale… Résultat : je ne peux pas écouter ce morceau sur mon baladeur MP3 car le titre est sous DRM Microsoft. Ne
considérez-vous pas que c’est un frein à la musique numérique ?



Nous commercialisons nos titres avec DRM pour garantir à nos artistes la protection de leurs droits. Le fait que vous ne puissiez pas écouter le titre acheté sur une plate-forme légale ayant choisi cette DRM sur votre baladeur MP3 n’est
pas lié aux producteurs de contenus mais aux fabricants de ces baladeurs qui n’intègrent pas la compatibilité avec ces DRM.theyack : Quelles sont les différences d’approche entre Sony et Warner ?


Depuis l’arrivée d’Edgar Bronfman il ya trois ans, Warner Music n’est plus une maison de disques mais une maison de musique, avec une politique dynamique et innovante.KIKA : Les catalogues de musique électronique semblent encore bien minces comparativement à la profusion, à la qualité de la scène française et à sa reconnaissance internationale. Avez-vous des projets dans ce domaine ?



Musique ‘ électronique3 ou musique ‘ sous sa forme numérique ‘ ?Merci Julie Demarigny, le mot de la fin ?


Les nouveaux médias, l’offre numérique en général et les nouveaux modèles qui apparaissent sont un formidable moteur de créativité pour les artistes, les consommateurs et pour nous. Les comprendre et les intégrer sont notre priorité
aujourd’hui. Merci à tous !

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La rédaction