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Jörg Janke (Compiere Inc)

‘ Un logiciel libre suscite l’intérêt en soi, ce qui suffit à le transformer en vecteur marketing. ‘

Jörg Janke, Allemand émigré aux Etats-Unis et âgé de 50 ans, est le créateur de Compiere, premier PGI à être distribué en open source. Comptable de formation, l’ancien collaborateur d’Oracle décrypte sans
détour l’économie du logiciel libre.Décision informatique : Bien que comptable de formation, vous avez plus de vingt ans d’expérience en développement d’applications. A quoi est dû ce changement de carrière ?


Jörg Janke : J’ai en effet plusieurs diplômes de comptabilité. Mais, c’est grâce à mon frère physicien que je me suis intéressé aux ordinateurs. Puis, j’ai commencé à programmer des cartes perforées. Je me suis aussi
formé aux langages Fortran et Cobol. En 1984, j’ai développé ma première application pour le secteur de la distribution. J’ai ensuite travaillé pour ADV/ Orga, un concurrent de SAP. Puis, pour Unisys et Oracle, toujours en tant que responsable
d’applications. Dans quelles conditions avez-vous développé le PGI Compiere ?


J’ai démarré les développements en 1999 à partir d’une feuille blanche. Compiere a vu le jour pour les environnements Microsoft Windows et SQL Server. Très vite, j’ai choisi le langage Java et un SGBD Oracle, car je souhaitais que le
progiciel soit portable, capable de monter en charge et conçu pour le Web. Mon premier pilote a vu le jour en 2000, grâce à la vente d’actions Oracle. Merci Larry Ellison ! [rires]. Puis Good Year a payé pour sa mise en
 ?”uvre, ce qui m’a permis d’étendre son périmètre fonctionnel. La société Compiere Inc a été fondée en 2002 aux Etats-Unis. Pourquoi avez-vous choisi, dès l’origine, de le distribuer sous la forme de logiciel open source ?


Un logiciel libre suscite l’intérêt en soi, ce qui suffit à le transformer en vecteur marketing. Par ailleurs, je pense que les entreprises ne veulent plus de démarcation entre versions grands comptes et versions PME. Avec
l’open source, tous les modules sont disponibles. De plus, la collaboration entre développeurs facilite le débogage rapide du code. Nous avons choisi la licence Mozilla, car elle permet de se réapproprier le code, ce que nos
clients nous demandent parfois. Quelles règles faut-il respecter pour se développer en tant qu’éditeur libre ?


Il faut démontrer que le logiciel est stable. Puis, constituer un réseau de partenaires solide. Enfin, il faut borner les développements, pour éviter l’existence de versions différentes. Ce qui impose de prendre en charge soi-même la
conception des fonctions centrales. Et de déléguer à la communauté les développements particuliers, tels que le travail de localisation qu’a effectué Audaxis pour la France. Un développement communautaire n’est-il pas incompatible avec la mise au point d’un logiciel unique, qui plus est, critique ?


Pas du tout. Compiere peut être considéré comme une multinationale de dix personnes et qui comporte soixante filiales. Celles-ci sont en fait des intégrateurs partenaires, qui ont intérêt à développer pour Compiere, car cela leur
rapporte de l’argent. Elles facturent l’assistance 3 000 euros par an pour dix utilisateurs. Compiere Inc perçoit la moitié de ces revenus. Quels points restent à améliorer au sein de Compiere ?


Aujourd’hui, Compiere est un PGI J2EE puissant, qui dispose d’un périmètre fonctionnel important [comptabilité, gestion commerciale, maintenance, assistance, NDLR]. Son déploiement a été automatisé avec les serveurs
d’applications JBoss et Tomcat. Mais le PGI est encore dépendant du SGBD d’Oracle. Pour y remédier, nous allons annoncer dans les six mois la prise en charge du SGBD libre Derby d’IBM. Le module de gestion de production doit également être
revu.

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Francisco Villacampa