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Jordi Portella (CIMdata): ” Le cPDM fait sortir la gestion des données techniques du bureau d’études “

CIMdata a lancé l’an dernier la démarche cPDM ou “collaborative PDM”. Jordi Portella prévoit une forte poussée de cette nouvelle approche.

Qu’est-ce qui a déclenché le mouvement cPDM ? Le cPDM (Collaborative Product Data Management) est apparu à la fin des années quatre-vingt-dix, en même temps que la notion d’e-business. Il s’agit d’une approche industrielle de ce concept et d’une extension du PDM (Product Data Management), ou système de gestion des données techniques (SGDT). Le PDM a pris ses racines dans les bureaux d’études. Ses implémentations étaient en fait surtout centrées sur la gestion de modèles de CAO mécanique, de plans et de fichiers propres aux départements d’ingénierie. Or, diverses populations, en dehors des bureaux d’études, pouvaient avoir intérêt à accéder facilement aux données techniques des produits. Et ce tout au long de leur cycle de vie, pour répondre à trois exigences: la globalisation, la réduction des prix et l’amélioration de la qualité.Qu’est-ce qui distingue concrètement le cPDM du PDM ? Une autre approche, des technologies différentes ? Le PDM regroupe des technologies qui permettent de gérer les données relatives aux produits et à leur définition. Le cPDM, quant à lui, va beaucoup plus loin. Outre la technologie, on y trouve les meilleures pratiques“, des méthodes, des processus, ainsi que des applications spécifiques, comme la gestion de documents, la visualisation, la gestion des composants et des fournisseurs, etc. Le cPDM vise à créer des processus de contrôle et de validation. L’approche collaborative couvre le cycle de vie sous trois aspects: les connaissances liées à la définition des produits (“intellectual asset“), la production, c’est-à-dire l’ensemble des activités associées à la fabrication et à la distribution du produit (“deliverable assets“), et la gestion des ressources intellectuelles, humaines, financières et autres (“resource assets“). Quelle infrastructure faut-il pour mettre en place le cPDM ? Il se base sur des infrastructures ouvertes, flexibles, de type internet ou intranet. Le web suffit pour consulter un plan, faire des commentaires, approuver, mais pas pour modifier directement des documents. Ces utilisations concernent 80% de la population. Pour les 20% restants, une infrastructure e-business classique ne suffit pas: pour échanger des fichiers CAO, il faut des lignes dédiées point à point à haut débit nécessitant des investissements importants.Qui sont les acteurs impliqués ? Y a-t-il de nouveaux entrants ? Le cPDM intéresse une population beaucoup plus large que le PDM. Il concerne l’ entreprise étendue “. Côté utilisateurs, les acteurs concernés sont les bureaux d’études, les personnes qui ont en charge la conception, la spécification, la définition initiale des produits, ainsi que leur industrialisation et leur support. Les industries automobile et électronique sont les deux domaines où l’approche collaborative est la plus développée. Suivent l’espace, l’aéronautique civile et militaire, puis des gros équipementiers (industrie de process, énergie et fournisseurs de services publics). Côté fournisseurs, on trouve quatre grandes familles d’acteurs : les spécialistes du PDM ayant évolué vers le cPDM – PTC, SDRC, MatrixOne, UGS, Intergraph et IBM (Enovia), par exemple -, les éditeurs de progiciels de gestion intégrés – en particulier SAP -, les acteurs fournissant des solutions intégrées transversales, et les éditeurs d’applications verticales de gestion des composants ou de gestion de documents. D’autres arrivent sur ce marché – I2, Ariba, Commerce One et Oracle, notamment – via des acquisitions ou des partenariats. Ariba a racheté Agile, Commerce One s’est associé à SAP, Oracle a noué des partenariats. I2 peut apporter des briques technologiques – en particulier depuis le rachat d’Aspect – pour la gestion de composants. SAP se place en tête des fournisseurs de systèmes de cPDM complets.Comment voyez-vous évoluer ce marché ? De 1 milliard de dollars en 1996 pour le logiciel et les services, le marché mondial du cPDM a atteint près de 3 milliards de dollars en 2000. Nous prévoyons une croissance de ce marché à un rythme annuel de 43% jusqu’en 2005. Il représentera alors plus de 13 milliards de dollars. Ces chiffres intègrent une part de plus en plus importante de services – en particulier ceux qui touchent aux “meilleures pratiques métieret aux processus. Cette croissance extrêmement forte est attribuée à une généralisation de l’adoption du cPDM en tant que moyen pour les entreprises d’accroître leur efficacité sur des marchés globaux de plus en plus concurrentiels. L’un des éléments moteurs a été l’adoption et l’implémentation de stratégies e-business par les entreprises manufacturières. Les grands éditeurs vont s’y intéresser. Des rachats auront encore lieu. Ce marché est aussi caractérisé par la généralisation de solutions commerciales accessibles aux PME-PMI, jusque-là plus ou moins tenues à l’écart de ces technologies du fait de leurs ressources limitées. Certains fournisseurs, qui ont identifié d’énormes opportunités commerciales, abordent cette portion du marché avec des solutions web ciblées, pouvant être mises en ?”uvre rapidement et à moindre coût, comparativement aux anciens systèmes.

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ropos recueillis par Claire Rémy