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John Perry Barlow (EFF) : ‘ Le peer-to-peer n’est pas responsable de la crise du marché du disque ‘

Le cofondateur de l’EFF (Electronic Frontier Foundation) et parolier du groupe mythique Grateful Dead se pose en défenseur de la liberté d’expression, et combat sans relâche les tentatives de l’industrie du disque de contrôler la
diffusion de musique sur Internet.

01net. : Que vous inspire le débat actuel sur le droit à la copie privée et pour le respect des droits d’auteur, aux Etats-Unis et en Europe ?John Perry Barlow : C’est un faux débat. Il ne faut pas tout confondre. Quand j’étais avec le groupe Grateful Dead, nous avions une politique assez simple : tout le monde pouvait enregistrer nos concerts, mais
nous poursuivions sans pitié tous les auteurs de contrefaçons de nos CD. Aujourd’hui, en s’attaquant aux systèmes de peer-to-peer, les majors se trompent de cibles. Leur seul objectif est de verrouiller le système à leur profit,
au détriment des consommateurs, de la créativité artistique et des petits labels indépendants. En fait, des services comme Kazaa, Morpheus ou GNutella sont une chance pour la musique. Cela permet aux internautes de découvrir de nouveaux artistes, de
nouvelles musiques et d’aller acheter par la suite des CD en magasin.Mais les majors affirment que le succès grandissant des systèmes d’échange de fichiers musicaux (peer-to-peer) sur Internet est un danger pour le marché du disque.Oui, c’est leur discours, mais on ne peut pas croire ces gens-là ! Si le marché du disque est en crise, ce n’est pas à cause du peer-to-peer, ou de la piraterie, mais tout simplement parce qu’il est touché
par la récession économique de l’après 11 septembre. En réalité, le consommateur se soucie peu des marges des maisons de disques. Ce qui l’intéresse, c’est d’écouter de la musique. Or, les CD restent chers. Et si l’on prend l’exemple des
Etats-Unis, des magasins comme Tower Records, qui vendent au prix fort, souffrent du retournement du marché. A contrario, une chaîne comme WalMart, qui fait du discount y compris sur les CD, n’a pas trop à se plaindre.Comment la justice américaine réagit-elle aux injonctions et aux procès intentés par l’industrie du disque ?Actuellement, on peut dire que la Cour Suprême est du mauvais côté de la barrière [NDLR : du côté des maisons de disque]. Si tout cela continue, ce sont des pans entiers d’Internet qui pourraient être remis
en cause. Dans cette affaire, c’est la liberté d’expression qui est en danger. Ce serait quand même une honte de parvenir à transformer Internet en un outil d’oppression.Et quels sont vos moyens de pressions ?Ils sont modestes en comparaison. Nous organisons des conférences, nous publions des éditoriaux dans les journaux, ou nous profitons de quelques interviews à la télévision. Les armes paraissent inégales ; cela prendra du temps,
mais, au final, une chose est sûre : nous gagnerons la partie.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq