Passer au contenu

John Chambers (CEO de Cisco) : l’évangélisateur

Dans le rôle du grand gourou e-business : John Chambers, que tous les patrons veulent rencontrer pour parler boutique.

Henri Lachmann, président de Schneider Electric, Jean Peyrelevade, à la tête du Crédit lyonnias, Daniel Bernard, PDG de Carrefour… Ils se sont tous pressés pour le rencontrer : à Paris, lors de sa visite éclair en septembre 2000, à San José, (Californie) toute l’année dernière. Et le gourou n’a pas joué les stars inaccessibles, même si le patron du Crédit lyonnais a dû faire les cent pas dans le couloir d’un grand hôtel parisien en attendant Chambers, dont l’emploi du temps est réglé à la minute, mais que sa volubilité quasi-messianique met parfois à mal.A la tête de Cisco Systems depuis janvier 1995, John Chambers consacre une partie non négligeable de son temps à rencontrer les grands patrons de la planète, et exige de sa garde rapprochée, comme de tous les directeurs de filiales, qu’ils suivent son exemple.Mieux : le big boss du premier fournisseur mondial de solutions réseaux pour internet a mis en place l’IBSG (Internet Business Solutions Group), une cellule dédiée à l’évangélisation du top management à l’e-business, créée en 1998 aux États-Unis, déclinée en France fin 2000. “C’est une structure d’accompagnement des dirigeants de grandes entreprises dans la définition de leur stratégie internet, explique Thierry Drilhon, directeur général pour la France de Cisco Systems. Trois consultants aident nos plus gros clients à définir leurs priorités en matière d’e-business et à mettre en place concrètement des projets. Le tout en s’appuyant sur l’expérience menée par Cisco pour son propre compte depuis 1994.”Car c’est d’abord les alléchants retours sur investissement de l’“internétisation” de Cisco Systems ?”commencée il y a huit ans avec la mise en place d’un système de gestion des ressources humaines online, aujourd’hui fort sophistiqué?” qui séduisent l’intelligentsia française.En 2001, la société de services annonçait 1,7 milliard de dollars (1,97 milliard d’euros) d’économies réalisées grâce à son modèle d’“e-company” (sur un chiffre d’affaires global de 22,2 milliards de dollars) : 675 millions via la gestion électronique de la relation-client, 551 millions de gains avec le B to E (services aux employés en ligne), 284 millions grâce à la chaîne d’approvisionnement, 151 millions par l’e-commerce, et 42 millions dus à l’e-learning. Des chiffres évidemment invérifiables, mais qui frappent les esprits. “Ils permettent de montrer que dans le monde de l’internet aussi il y a des “quick wins” [gains rapides, ndlr], tels les annuaires online, ou la gestion des notes de frais en réseau, souligne Marc Girardot, l’un des trois consultants d’IBSG. Ce sont des arguments qui portent auprès des patrons, à qui nous préférons parler business que technologie.”Généreux (IBSG ne facture pas ses prestations), mais pas philanthrope (l’idée reste in fine de vendre de la technologie maison), Cisco trie sur le volet ceux qui auront accès à son coaching cousu main : seul le top management du CAC 40 a droit de cité. “L’idée c’est que tout part d’en haut, que rien ne s’accomplit si le grand patron ne fait pas un acte de foi en matière d’e-business, souligne Marc Girardot. En terme d’impulsion comme de retour sur investissement. Car ce ne sont pas les solutions mises en place qui font gagner en productivité, mais bien les changements qu’ils induisent sur la façon de travailler. En la matière, la direction générale doit donner lexemple et créer une dynamique.” Comment dit-on déjà ? À bon entendeur…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Sophie Janvier-Godat