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Jocelyne Cerasa, directrice du développement du groupe Mazars : ” L’entreprise s’extravertit “

L’intégration de l’économie en réseau dans les grands groupes va décupler leur potentiel d’affaires. Un bon remède anticrise.

Quelles sont, pour vous, les principales conclusions de l’étude ? La confirmation première concerne la présence et le rôle d’internet au sein des grandes entreprises européennes. Non seulement le réseau est, pour elles, une réalité quotidienne, mais les nouvelles technologies deviennent un axe stratégique : quatre sociétés sur cinq ont un responsable internet qui, le plus souvent, est rattaché à la direction générale. Autre point majeur, les sociétés du Vieux Continent voient internet comme une fenêtre ouverte en permanence sur leurs partenaires, clients et fournisseurs. Les entreprises s’extravertissent. Les places de marché, par exemple, sont visiblement très utilisées, dans les secteurs industriels en particulier. Cela facilite le déploiement de la concurrence, de manière mondiale, et quasiment en temps réel. On assiste par ce biais à un certain retour de l’économie de marché. C’est presque une tentative de renouer avec un modèle de concurrence pure et parfaite.À l’inverse, la crise ne va-t-elle pas induire des comportements de repli ? Je pense que la tentation protectionniste va précisément être déjouée par le développement de l’économie en réseau, par définition ouverte et très peu réglementée. La crise rationnalise et hiérarchise les logiques d’investissement mais ne remet pas en question internet, qui est devenu un enjeu stratégique. Nous sommes de plus en plus sollicités pour des missions d’audit et de conseil, ou des missions d’assistance dans des choix de solutions e-business.Pour vous, quelles sont les principales surprises de cette étude ? Les résultats en provenance de Grande-Bretagne semblent un peu en dessous de ce que l’on attendait. Il faut tenir compte de l’échantillon interrogé. En revanche, l’Italie et l’Espagne progressent remarquablement vite, notamment en matière de développement commercial.L’arlésienne, le fameux retard français, ne semble plus d’actualité…On se rend parfaitement compte au travers des réponses qu’un rattrapage a été effectué. Il y a toujours un décalage sensible par rapport aux entreprises américaines, mais plus sur le Vieux Continent. C’est intéressant, car il y a peu, on pensait encore que cinq bonnes années, voire une dizaine, seraient nécessaires pour combler ce gap, qui tenait à la fois à des paramètres économiques et des critères culturels, comme l’utilisation du Minitel par exemple. Je crois qu’on ne peut désormais plus parler de retard français. On parle bien sûr des très grandes entreprises qui interviennent sur des secteurs de pointe. Au total, les ” champions “, pour nous, sont ceux qui ont su intégrer internet à l’ensemble de la chaîne économique, logistique, achat et relation client.La situation est-elle diamétralement différente dans les PME-PMI ? Les petites et moyennes entreprises abordent désormais le réseau des réseaux en se posant les bonnes questions. Pour l’heure, en simplifiant, je dirai qu’internet est très largement, dans ce terreau, un simple outil de communication. Mais beaucoup de dirigeants commencent à prendre conscience de la nécessité d’en étudier les potentialités commerciales. C’est un enjeu évidemment lié, au premier chef, à des questions d’équipement. On relève des disparités ?” sur le plan géographique, la région parisienne est notamment deux fois plus avancée que la région Ouest ?” mais, d’une manière générale, on constate encore un retard en matière d’accès. L’ADSL [Asymmetric Digital Subscriber Line, internet rapide par le réseau téléphonique classique, NDLR] devrait pouvoir contribuer à la diffusion d’internet. La demande de conseil est forte pour les évaluations dopportunités et de développement commercial. Tout cela est en train de mûrir.

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Jean-Michel Cedro