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Jim Goodnight (SAS Institute): ” Le modèle de fournisseur d’applications “

L’éditeur de systèmes décisionnels doit son succès à un mode de distribution, la location. Aujourd’hui, il cherche un nouveau souffle avec la net économie.

Allez-vous continuer de louer vos logiciels selon un modèle classique ? Oui, car ce modèle est très performant. Depuis notre création, il y a vingt-cinq ans, nous n’avons aucune raison d’en changer. C’est un mode de distribution qu’a créé IBM depuis les années soixante-dix. Il plaît aux analystes financiers, car il donne une bonne visibilité sur les perspectives de notre société. Mais c’est aussi et surtout un modèle qui plaît à nos clients. Ils sont trente-trois mille à louer nos logiciels, et le taux de renouvellement des contrats est de 98 % ! Cela montre leur satisfaction. Je ne vois donc vraiment pas pourquoi nous changerions de modèle économique. De plus, la location nous oblige à améliorer constamment nos produits dans le sens attendu et exprimé par nos clients. Nous ne vendons pas des boîtes une fois pour toutes.En ce qui concerne les produits et les marchés, où en est SAS à présent ? SAS Institute est aujourd’hui une entreprise de sept mille cinq cents personnes, présente dans cent quinze pays, et qui réalise un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars. En 2000, nous avons observé une croissance de l’ordre de 30 % de notre chiffre d’affaires avec Unix ou Windows NT, alors que les environnements grands systèmes stagnent. Les applications de datawarehouse représentent 60 % de nos revenus.Et quels sont vos objectifs de développement de produits ? Incontestablement internet. En effet, l’analyse et les statistiques reprennent de l’importance avec le web. Les sites doivent savoir qui clique sur quoi, et qui reste combien de temps sur telle ou telle page. Pour cela, des outils logiciels d’analyse sont nécessaires. Ce marché est nouveau, mais les techniques d’analyse sont les mêmes qu’auparavant. Nous avons donc fait évoluer nos logiciels pour les adapter à ce type d’utilisation. Les contrats liés à l’internet augmentent de 100 % par an. Ces logiciels devraient représenter la moitié de notre chiffre d’affaires d’ici à trois ans – soit 1 milliard de dollars sur les 2 milliards attendus.C’est pour cela que tous vos produits ont une coloration ” électronique ” ? Internet et toutes les ” e-technologies ” qui gravitent autour sont un nouveau canal. Pour aider les gens à prendre les bonnes décisions dans les entreprises, nos logiciels doivent être à même de gérer les énormes volumes de données de la nouvelle économie et de répondre aux nouvelles applications, comme la gestion de la relation client dans le commerce électronique ou l’e-procurement. Nous gagnons environ 30 % de nouveaux clients par an, et il s’agit essentiellement de start up ou d’entreprises traditionnelles qui mettent en ?”uvre de nouvelles applications, comme la fidélisation des abonnés en télécoms ou le suivi des connexions sur des sites marchands. Amazon est un exemple tout à fait représentatif de ces nouveaux clients qui cherchent à connaître le comportement des internautes, et qui, pour ce faire, analysent d’importants volumes de données.Mais, concrètement, en quoi vos outils se différencient-ils ? L’enjeu, pour les entreprises, est d’avoir une vision complète et intégrée de chacun de leurs clients. C’est ce à quoi répond notre architecture – Information Delivery Architecture -, autour de laquelle s’organisent notre soixantaine de produits. De plus, tout le monde investit des millions de dollars dans l’ensemble des ” e-technologies ” sans bien mesurer leur impact ni savoir si les stratégies énoncées sont réellement appliquées. En effet, en général, il n’existe pas d’outils de gestion statistique des mesures réalisées. Nos solutions – et notamment celle de Balanced Scorecard – permettent de suivre, de mesurer et d’analyser les effets de ces investissements.Vous avez cédé à la mode des portails. Céderez-vous aussi à celle des applications hébergées sur internet? Non, je ne crois absolument pas à ce modèle. C’est juste une nouvelle façon de faire.Vous avez annoncé votre introduction en Bourse. Pourquoi et surtout pourquoi maintenant ? Nous avons décidé de mettre 15 % du capital de SAS en Bourse dans les dix-huit prochains mois. Goldman Sachs estime qu’il s’agirait de la plus grosse introduction dans l’édition de logiciels de la décennie ! Normalement, les sociétés qui lèvent des capitaux sur les marchés boursiers s’en servent uniquement pour payer leurs dettes. Ce n’est pas notre cas. En revanche, nous souhaitons enrichir notre portefeuille de technologies, notamment dans les métadonnées, dans les modèles analytiques, dans le workflow ou la gestion des règles, ou pour élargir notre distribution. Et pour réaliser ces acquisitions aujourd’hui, la monnaie d’échange n’est pas tant le dollar que les actions.Cette introduction ne sert-t-elle pas aussi d’autres objectifs ? Il est grand temps de partager avec les employés la réussite de SAS. A ce titre, les stock options sont un moyen d’attirer et de retenir les talents, surtout dans le contexte actuel qui touche l’ensemble des acteurs du du marché.C’est donc que vous avez du mal à retenir vos employés ! Non, pas du tout. Nous pouvons même nous vanter d’avoir un turnover très faible par rapport au marché : 4 % pour l’ensemble de la société, avec une pointe à 7 % pour les commerciaux ! Le magazine Fortune nous a classé sixième parmi les sociétés dans lesquelles il fait bon travailler, et neuf employés sur dix recommandent SAS comme un bon employeur !

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Propos recueillis par Sophy Caulier