Passer au contenu

Jérôme Roger (SPPF)

‘ Chacun doit comprendre que la musique et ceux qui la produisent doivent être rémunérés. ‘

Bonjour et bienvenue à toutes et à tous, aujourd’hui nous recevons Jérôme Roger, directeur général de la SPPF (Société civile des producteurs de phonogrammes en France).


Bonjour à tousrogelio : Bonjour, vous parlez de rendre la musique gratuite, cela ne devrait-il pas être fait pour la vidéo, pour les livres, etc. ? N’est-ce pas la mort de la culture ?


Excellente question. Les producteurs indépendants ne sont pas favorables à ce que l’accès gratuit à la musique se généralise. Leur préoccupation est de reconstituer sur Internet des modèles économiques viables. Il est clair que sur
Internet accès gratuit et payant vont coexister. Le tout est qu’ils perçoivent des rémunérations qui leur permettront de continuer à développer la carrière des artistes.jpi066 : Pourquoi doit-on payer la musique ? Puisqu’il suffit d’enregistrer les webradios, de qualité FM ou CD, avec un logiciel qui les trie ensuite par titre, interprète, etc.


Dans le monde traditionnel, l’accès à la musique gratuite n’a jamais fait de concurrence à l’achat de CD. Sur Internet, le contexte est différent car les internautes ont simultanément accès à toutes les possibilités d’écoute de la musique.
C’est un redoutable problème pour les producteurs. Indépendamment du problème de piratage, chacun doit comprendre que la musique et ceux qui la produisent doivent être rémunérés.


Si tout devient gratuit, il n’y aura plus de créations, et les outils auxquels vous faites référence ne serviront plus à rien. Cela étant, notre objectif et celui des opérateurs de nouveaux services est de multiplier les modes d’accès à
la musique pour satisfaire le consommateur. Jamais il n’y a eu autant de nouveaux services qu’aujourd’hui. C’ est une période très difficile pour les producteurs, mais aussi très excitante.L M B Paris : Je pense comme vous qu’il faut adopter de nouveaux modes de distribution pour la musique, seulement, la mission Olivennes le prouve une fois de plus, l’Etat qui est censé jouer un rôle de régulateur semble avoir
déjà pris parti.



Miky : Que pensez-vous de la mission Olivennes ? Avez-vous été auditionnés ?


Oui, nous avons été auditionnés dans le cadre de la mission Olivennes. Le discours que nous avons développé tourne autour de deux axes. Premièrement, il est urgent de régler le problème de la piraterie en ligne. Deuxièmement, il est
nécessaire d’améliorer l’offre légale. Non pas au niveau du nombre de titres présents sur les différentes plates-formes, car ils se comptent en millions. L’interopérabilité est au c?”ur de nos préoccupations. Vous savez que la plupart des
labels indépendants ont renoncé à utiliser les DRM pour la vente en téléchargement de leurs catalogues.


Notre souci est d’offrir la meilleure expérience possible au consommateur. Le deal que nous proposons aux internautes est le suivant : renoncez à télécharger illégalement la musique, en échange de quoi nous sommes prêts à
faciliter l’acte d’achat de musique en ligne et son usage (transfert sur les baladeurs, nombre de copies…). Attention, je ne suis pas mandaté pour faire des propositions officielles en ce sens. C’est aux producteurs de se déterminer sur ces
questions. Mais je sais qu’ils sont très ouverts sur toutes ces questions.John : Que pensez-vous de l’initiative de Deezer, qui permet actuellement d’écouter un très large répertoire de musiques gratuitement et de façon illimitée ?


Miky : La lutte contre la piraterie en premier ? Pourquoi ne pas développer d’abord l’offre légale ?


Xavier: Egalement, au regard des conditions que la SPPF a négociées avec Deezer, pensez-vous pouvoir rémunérer durablement et suffisamment les artistes que vous représentez ?


C’est une nouvelle forme d’accès à la musique, et il faut saluer les initiatives innovantes. Une major a conclu un accord avec ce service. La SPPF a également passé un accord avec Deezer qui porte uniquement sur le service intitulé
Smartplaylist, car nous ne sommes mandatés que pour ce service. Sur le fond, les services gratuits posent un redoutable défi aux auteurs et aux producteurs. Y aura-t-il un modèle économique viable autour de ces nouveaux services ? Ne vont-ils
pas concurrencer les services payants basés sur le stream également ?


Nous sommes confrontés à un défi. Les ventes de disques se sont effondrées de 50 % en cinq ans. Comment reconstituer ces revenus qui sont partis en fumée avec le Net et la téléphonie mobile ? A trop multiplier les services
gratuits, il est clair que nous prenons un risque. Vous avez donc compris que le modèle dominant pour nous reste l’accès payant à la musique. Mais j’insiste sur le fait que le consommateur qui fait l’effort de se tourner vers les offres légales ne
doit pas être frustré. A nous et aux plates-formes de lui fournir la meilleure prestation.Gui : Est-il possible de rémunérer les artistes avec la licence global ?


xavier : Donc, vous considérez que le seul revenu publicitaire ne pourra pas financer l’intégralité de l’industrie musicale… Pour vous, un bon prix d’abonnement mensuel pour un accès illimité serait de combien ?



Vous ne serez pas surpris de m’entendre critiquer la licence globale. Ce n’était pas pour nous un modèle innovant. Cela aurait consisté à ouvrir un gros tuyau pour permettre l’accès gratuit à tous les contenus musicaux moyennant une très
faible rémunération. Cela aurait signifié la disparition de tous les services légaux et empêché les services innovants de se développer. De plus, il n’était pas concevable de légaliser ainsi le téléchargement illégal.L M B Paris : Le piratage n’est-il pas lié à la multiplication des titres qui sortent de ‘ machine à tubes ‘ plutôt que la promotion de vrais idées ? Prenons par exemple Grandir Ensemble avec la
participation des rugbymen du XV français parallèlement à la Coupe du monde de rugby.



Bip : Oui et quels sont concrètement les risques pour les pirates ?


Soyons clairs. Seuls les titres issus du top 50 sont téléchargés, ce qui signifie que le peer to peer crée un effet d’aubaine pour les internautes. On peut très bien regretter le caractère envahissant des
disques hypermarketés, ce qui est le cas de la plupart de labels indépendants. Pour autant, je n’y vois pas un motif d’excuse pour pirater les contenus.


Comme cela a déjà été dit précédemment, je pense qu’il faut développer des services légaux avant de sanctionner le piratage. Légaliser l’illégal n’est pas le but, j’ajouterai à cela que la répartition du poids des taxes numériques
n’est clair pour personne. 40 % de taxes sur un CD, 20 % de TVA, est-ce qu’on ne plombe pas le marché du disque pour des maisons comme Verbatim, Sony ?Freddy : Quelles sont les règles à suivre pour diffuser de la musique sur une webradio ?


Je rappelle que le webcasting est un mode de diffusion qui est géré collectivement par les deux sociétés de producteurs de musique. Ce qui signifie qu’au lieu d’avoir à négocier les droits avec des centaines de labels, il suffit de
conclure un accord avec la SCPP et la SPPF pour avoir accès à nos répertoires. Je ne veux pas rentrer ici dans les détails, mais sachez qu’il existe deux formules : l’une est réservée aux webradios associatives.Merci, le mot de la fin ?


Je voudrai insister sur les dangers de la gratuité. C’est évidemment tentant d’avoir un accès gratuit à n’importe quel bien ou service. Mais vous savez bien qu’au fond la gratuité totale n’existe pas. L’ambition des producteurs de musique
c’est de construire l’avenir de la musique enregistrée et nous savons tous que celle-ci sera dématérialisée à terme. J’espère que nous allons bientôt assister à une sorte de réconciliation entre les internautes et les professionnels de la musique.
Notre souci est de favoriser toutes les offres qui sauront séduire les consommateurs à condition qu’elles s’inscrivent dans un modèle économique viable pour tous.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


La rédaction