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Jérôme Bourreau (Voyages-SNCF.com) : ‘ Le client obtient sur le Web les mêmes services qu’à un guichet de la gare ‘

La nouvelle version du site leader en commerce électronique se veut plus accessible aux internautes. Jérôme Bourreau, son chef d’orchestre, explique comment il s’y est pris pour répondre à la demande.

Près de quarante-cinq personnes travaillent à la DSI de
Voyages-SNCF.com. Billet imprimé, voyages sur mesure. Depuis l’ouverture du site, en avril 2000, le leader du commerce électronique en France a multiplié les innovations. Nommé en septembre
2003, Jérôme Bourreau nous livre les recettes qui ont fait ce succès.01 Informatique : Comment faites-vous pour mettre en ligne deux nouvelles versions majeures du site tous les ans ?Jérôme Bourreau : Notre organisation est très bien huilée. Pour qu’elle soit opérationnelle et efficace, nous en avons industrialisé le fonctionnement. Ainsi, nous disposons de trois niveaux de compétences :
le fonctionnel, le développement, et le test.Comment fonctionnez-vous ?Pendant que l’équipe fonctionnelle planche sur la version n, le développement travaille sur la version n-1, et les testeurs vérifient la n-2. Cela signifie que, venant de mettre en ligne la V8, nos testeurs commencent le contrôle de
la V8.1, nos développeurs écrivent la V8.2, alors que les fonctionnels esquissent ce que sera la prochaine version majeure.Avec, à chaque fois, des évolutions majeures ?Une nouvelle version se distingue par le fait qu’elle nécessite de toucher au moteur de réservation. Les deux précédentes datent de mars 2003 pour la sixième, qui intégrait le billet imprimé, et de fin août 2003 pour la septième,
qui concernait le lancement de Séjour sur mesure. La V8, mise en ligne le 10 janvier dernier, représente 3 000 jours/ homme et a été développée sous Weblogic 6.1, de BEA. Nous étions obligés d’y passer, car son éditeur n’allait plus
maintenir la 5.1, utilisée depuis le lancement du site.Sur quelles fonctionnalités avez-vous planché ?La version 8 se caractérise par une refonte totale du site. Elle s’appuie sur l’expérience acquise. Le code a été réécrit à plus de 60 %. Pour définir son contenu, nous avons écouté les avis et les commentaires de nos clients.
Nous nous sommes aussi inspirés des questions qu’ils posent aux vendeurs lorsqu’ils réservent en gare ou par téléphone. Notre but consistait à rendre le site plus accessible, plus intuitif, plus rapide, tout en apportant du service, et même du
conseil. Nous avons, par exemple, introduit une ‘ télécommande ‘ afin que l’internaute puisse, à tout moment, modifier ses souhaits.Vous orientez-vous vers une ‘ humanisation ‘ de Voyages-SNCF.com ?Nous sommes un site de vente de billets. Il nous faut donc assurer ce service au mieux, comme si notre client était en contact avec un vendeur en chair et en os. Cela veut d’abord dire que le système recherche en permanence le
meilleur tarif, et que, le client n’étant pas un spécialiste tarifaire, il présente les prix en indiquant les avantages et les inconvénients. Il faut ensuite tenir un rôle de conseiller ?” par exemple, en proposant un surclassement à un
prix moindre ou avec un surcoût modique, voire un voyage moins cher avec un départ plus tard ou plus tôt. Enfin, il faut segmenter la procédure d’achat par étapes pour lui permettre d’en suivre l’avancement. C’est ce qui a été réalisé dans la
V8.Cela rassure-t-il vraiment l’internaute ?Notre but consiste à faire en sorte que le consommateur n’ait plus peur de réserver sur internet. Le site web fournit le même conseil qu’en gare ou au téléphone. Voilà pourquoi nous avons intégré d’autres fonctions. Par exemple, un
tri des résultats par heure d’aller ou de retour, par prix, par temps de parcours, ou l’acquisition d’autres produits, comme un hôtel ou une voiture de location. Le plus important est d’être certain que le site sera plus simple à utiliser.Comment avez-vous procédé pour la conception technique ?Nous avons entièrement réorganisé l’application en abandonnant la représentation ‘ tout objet ‘ au profit d’une architecture orientée services, ou SOA. Auparavant, nous utilisions des objets Java
‘ souhaits ‘ et des objets ‘ propositions ‘. Pour aller de l’un à l’autre, il fallait passer par une machinerie complexe. Aujourd’hui, l’opération transite par un seul service agrégé,
Disponibilités et Devis. Ce qui a permis de standardiser les interfaces. Après avoir ainsi segmenté chaque service, nous avons créé une norme d’échange d’information. L’architecture de type SOA offre aussi le gros avantage de préparer le terrain
pour les services Web ?” dorénavant, ceux-ci sont proposés au sein de notre système Ravel, destiné aux agences de voyages en ligne.Et en matière de programmation ?C’est là une autre évolution technique : nous avons réécrit le moteur de réservation avec un métalangage de type BPM [Business Process Modeling, NDLR]. Et nous avons développé nous-mêmes des briques
réutilisables, service métier, que nous enchaînons les unes aux autres, comme on séquence les processus dans les EAI [Enterprise Application Integration, NDLR]. Ainsi, s’il faut changer ou créer une nouvelle classe tarifaire ou
un type de produits, nous savons aussitôt quel service métier ou brique doit être modifié, voire remplacé. Cela améliore grandement la maintenance et le paramétrage de l’application.N’avez-vous jamais envisagé de sous-traiter la réalisation du site à l’étranger ?A priori, je ne suis pas favorable à l’offshore. Je n’y crois pas beaucoup. Lorsque l’on crée une application, on a besoin de pouvoir corriger le tir à tout moment. Or, la sous-traitance à distance nous oblige à
bâtir un cahier des charges parfait et à le figer. Cela donne peu de flexibilité face à l’imprévu. Du coup ?” mais il s’agit peut-être d’un préjugé ?”, l’offshore ne me semble pas être encore un moyen assez
mature.

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Hubert d'Erceville