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Jean-Michel Yolin (ministère des Finances) : ” Vers des organisations centrées sur les projets “

Jean-Michel Yolin travaille depuis 1996 sur les mutations engendrées par Internet dans l’économie, notamment au sein des entreprises. Il a pu observer comment les grands groupes américains s’approprient les technologies Internet en modifiant radicalement leur fonctionnement.

Lors de récentes missions dans les plus importants groupes industriels américains (Boeing, General Electric, Procter & Gamble, Daimler-Chrysler, etc.), Jean-Michel Yolin a pu constater avec quelle facilité les grandes entreprises traditionnelles sont capables de transformer radicalement leur fonctionnement pour mieux s’approprier les technologies Internet.
01net. : Quels sont les nouveaux enjeux liés à la mise en réseau des outils et des compétences dans les entreprises industrielles ?
Jean-Michel Yolin : Aujourd’hui, l’enjeu est surtout financier. Par exemple, les places de marché fonctionnent très bien et permettent de réaliser au niveau mondial des milliards d’économie. L’étape suivante sera le ” collaborative design “, à savoir l’ingénierie simultanée. C’est-à-dire, la capacité pour les entreprises à concevoir collectivement un produit, en faisant appel à l’intelligence et à la compétence de l’ensemble des partenaires de la chaîne technologique. Cela concerne donc des centaines de sociétés.Avez-vous pu constater cette mutation au sein des grands groupes industriels américains ? Effectivement. Outre-Atlantique, la mutation principale liée aux technologies Internet concerne le passage d’une organisation autour de l’entreprise à une autre, centrée sur les projets. Comme l’explique le CEO de Boeing, “aujourd’hui, entre deux projets, la compétition ne se situe pas au niveau de chacun des industriels participant au projet mais au niveau de l’ensemble du projet et de la chaîne d’approvisionnement”. Dans le cadre d’un projet, il n’existe plus de frontières entre les différentes entreprises qui y participent. Et les limites entre les projets peuvent aussi disparaître, si on retrouve les mêmes entreprises sur des projets concurrents.Précisément, quelles en sont les conséquences sur l’organisation ? L’enjeu principal réside dans le fait que l’on passe d’un système hiérarchique, où la fidélité du collaborateur vis-à-vis de son employeur compte plus que ses compétences, à un système en réseau qui nécessite une grande transparence de la part de tous les acteurs impliqués dans le projet. Ce qui bouleverse l’organisation technique et humaine des entreprises.Dans ce cadre là, quel est le poids des technologies, notamment de l’informatique distribuée (comme les projets de ” grille “) ?La dimension technologique intervient lors de la réalisation, pour déterminer la façon dont on met en commun, non seulement notre intelligence conceptuelle, mais aussi nos moyens techniques. C’est là que l’on retrouve les notions de grille de calcul, qui sont un sous-ensemble d’une notion plus vaste qui est l’intelligence collective d’une communauté. On met en grappe l’ensemble des moyens de calcul mais aussi l’ensemble des moyens de stockage, ainsi que l’ensemble de l’intelligence (c’est la partie dont on parle le moins, mais qui est la plus sensible et la plus importante). Elle permet, en mobilisant ce qui existe déjà, d’ouvrir des potentialités que l’on ne pouvait même pas imaginer avant. Mais j’insiste : la technologie ne fonctionne que dans la mesure où elle est en phase avec le management et lorganisation.

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Yannick Arrieux